Homélie dim. 29 janvier 2017

4ème dimanche du Temps Ordinaire / Année A

Petites sœurs des Maternités catholiques – BJ (dim. soir)

So 2,3 ;3,12-13 / Ps 145 (146) / 1Co 1,26-31 / Mt 5,1-12a

Cette page d’évangile nous la connaissons bien, je crois. En la méditant ces jours je repensais à cette question du psalmiste, au Ps 4 : « Qui nous fera voir le bonheur ? » et la réponse : « Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage ! »

Le bonheur que le Christ nous propose à nous qui voulons être ses disciples, c’est celui-là, c’est cette liste de bénédictions que nous avons entendues. J’utilise exprès ce mot de bénédictions car Jésus n’est pas juste en train de nous dire « Heureux êtes vous si… il se passe ceci ou cela dans votre vie », pas seulement un « Heureux êtes vous » au sens du bonheur qui serait promis, pour demain, mais c’est bien plutôt une série de « Bienheureux, bénis êtes-vous »… « Bienheureux, bénis serez-vous »… Ce sont des bénédictions qu’il nous adresse.

D’ailleurs notre bonheur n’est pas dans ce que nous sommes ou dans ce qui nous serait promis, notre bonheur c’est quelqu’un, notre bonheur c’est le visage de Dieu, c’est le Christ. Notre bonheur sera dans notre attachement à lui, bienheureux sommes-nous, bénis serons-nous, au cœur de ce que nous traversons, au cœur de notre agir d’évangile, au cœur de ce qui nous sera donné par la vie et par nos choix, bienheureux, bénis serons-nous car nous vivrons tout cela avec le Christ.

J’insiste car Jésus, dans cette page d’évangile, nous pas en train de nous donner ou de nous proposer une consolation gentille, dans l’attente de la vie éternelle qui serait un retour au paradis perdu. Par contre il nous donne comme une feuille de route, pour un chemin de bonheur avec lui qui n’est pas un idéal promis, je le répète, mais une série de bénédictions ; c’est de l’ordre de la source de vie à accueillir et à se laisser déployer.

Alors, oui, nous trouverons en lui et avec lui notre bonheur, c’est-à-dire une plénitude de vie, si nous acceptons d’être des pauvres de cœur, si nous devenons des artisans de paix et des assoiffés de justice, si nous entrons dans la dynamique de miséricorde à laquelle le Père nous appelle. Rappelez-vous ce que le pape François nous a permis de redécouvrir de la miséricorde : c'est l’amour de Dieu qui console, qui pardonne et qui donne l’espérance, cet amour que nous sommes appelés à vivre concrètement les uns pour les autres. Quand je console et que je me laisse consoler, bienheureux sommes-nous car là Dieu est présent. Quand je pardonne et que j’accepte de vivre des chemins de pardon et de me laisser pardonner, bienheureux sommes-nous car là Dieu est présent. C’est bénédiction, pas un bonheur statique auquel on peut arriver ou un idéal lointain, mais un bonheur source de vie, je le redis, car une bénédiction c’est toujours une promesse de vie, une promesse de la présence de Dieu avec nous qui portera du fruit.

Nous sommes invités par Jésus à entrer résolument et toujours plus dans cette confiance là. Dieu est là avec nous. Dieu compte sur nous pour que ce chemin de vie qu’il propose soit offert au plus grand nombre par notre humble agir quotidien, quand nous prenons soin les uns des autres comme le Christ et le Père veulent prendre soin de chacun, quand nous consolons ou pardonnons comme le Christ et le Père veulent consoler chacun, quand nous sommes artisans de paix ou de justice comme le Christ et le Père veulent que la paix et la justice grandissent concrètement dans notre vie et dans ce monde.

Jésus veut que nous entendions qu’il nous propose une chemin de vie, au cœur même des difficultés que nous rencontrerons, mais que nous traverserons avec lui qui est le visage du Père.

« Qui nous fera voir le bonheur », a dit le psalmiste ?… « Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage ! »…

L’appel premier, vous le savez mes soeurs mais il est toujours bon de le réentendre, il est à vivre avec le Christ, le contempler, l’écouter, le prier. L’appel, pour reprendre les mots de la 1ère lecture, il est à chercher Dieu et à trouver en lui notre repos, notre paix. L’appel il est à croire en sa force à lui, sa présence, et qu'il y a des choses que nous pourrons vivre bien au-delà de ce que nous nous croyons capables de faire ou de traverser. C’est ça être « pauvre de cœur » ; ça veut dire ne pas être plein de nous mêmes ou de nos richesses apparentes. C’est le grand drame, je crois, de notre société occidentale en Europe, c’est le grand drame notamment de notre société française. Les gens s’auto-suffisent ou croient qu’ils pourraient s’auto-suffirent, ils n’ont pas besoin de Dieu. Et ça nous guette nous aussi ; nous comptons bien souvent plus sur nous-mêmes que sur Dieu, nous avons perdu le sens de ce qu’on appelait la Providence. Non pas qu’il ne faille pas prendre notre destin en main, non pas qu’il ne faille pas agir et vivre concrètement l’évangile pour transformer ce monde et faire advenir le Royaume. Mais avec Dieu, en Christ, à l’écoute des appels de l’Esprit Saint et de la Parole… Rappelez-vous les paroles de Jésus à Gethsémani : « Père, non pas ce que je veux mais ce que tu veux »

Être pauvres de cœur, dépendants de Dieu... Bienheureux sommes-nous, bienheureux serons-nous ! C’est source de vie, voilà ce que ça veut dire !

Voià qui rejoint l’appel de la 2ème lecture, ce verset magnifique de Paul qui peut nous gêner parfois : « Ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi… Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi »… Pas les puissants, ceux qui ont les moyens de façonner le monde selon leur bon vouloir. D’ailleurs Marie dira dans le chant du Magnificat que Dieu est celui qui « renverse les puissants de leurs trônes » et qui « élève les humbles »

Nous nous sentons bien petits pour porter et transformer ce monde selon l’évangile ? Bonne nouvelle, bienheureux sommes-nous ! Nous allons devoir compter sur Dieu plus que sur nous-mêmes ! C’est un appel à prier, à discerner dans la prière ce qu’il attend de moi, dans cette situation, avec ce que je suis, à l’écoute des appels du monde, des appels de la Parole et des appels de la vie en moi. Alors avec le Christ présent je pourrai œuvrer pour plus de paix, plus de justice, selon la volonté du Père.

Ça me fait penser à cette histoire que l’on prête à Mère Térésa. Avec ses sœurs elles avaient beaucoup de travail, beaucoup, et un jour l’une d’elle vient voir Mère Térésa. Leur journée commençait, je crois, par une heure d’adoration silencieuse avant de partir travailler. Cette sœur vient voir Mère Térésa et lui dit : « Nous n’en pouvons plus, il y a trop de travail, nous n’arrivons pas à nous occuper de tout le monde, il faut diminuer le temps d’adoration que nous puissions en consacrer un peu plus à ce que Dieu attend de nous pour tout ce monde. » Réponse de Mère Térésa : « Nous n’arrivons pas à tout faire ? … Alors nous allons prendre plus de temps pour l’adoration… » Pourquoi cette réponse ? Pour que Dieu soit leur force, pour qu’elles entendent où il les attendait vraiment, et qu’en lui seul soit leur repos… Je vous laisse méditer…

« Qui nous fera voir le bonheur », nous dit le psalmiste ?… « Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage ! »…

 

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