Homélie Lourdes 27 juillet 2019

Samedi de la 16ème semaine du Temps Ordinaire

Pèlerinage diocésain à Lourdes

Ex 24,3-8 / Ps 49 (50) / Mt 13,24-30

 

Le bon grain et l’ivraie… Qu’entendre de cette page d’évangile, pour nous, au cœur de ce pèlerinage ?

Nous le savons bien, nos vies sont comme ce champ de blé, elles sont mêlées, à la fois de confiance en Dieu et de belles réponses à ses appels d’Evangile, de fidélité aussi à l’Alliance – dont nous parlait la 1ère lecture –, mais également, malheureusement, de pertes de confiance en Dieu et dans l’autre autour de soi, et de manquements très concrets à l’appel à aimer Dieu et à aimer notre prochain comme nous-mêmes. Mon prochain quel qu’il soit, quelle que soit son histoire, quelle que soit sa foi ou sa façon de la vivre, quel que soit encore le mal qu’il ait pu faire et même me faire...

Peut-être que là il nous faut entendre quelque chose en lien avec ce que nous allons pouvoir vivre aujourd’hui dans notre pèlerinage : je pense au sacrement du pardon et de la réconciliation, cet après-midi.

Entendons bien ce que la 1ère lecture et le psaume nous ont redit : Dieu fait Alliance avec nous. Il nous veut partenaire avec lui et veut se faire le partenaire de notre vie. Et pour entrer dans cette Alliance qui est promesse de vie et d’amour, pour entendre combien Dieu nous aime et combien il nous voit chacun avec un cœur aimant, pardonnant et confiant, bien au-delà de nos fragilités, pour entendre aussi que son amour est sauveur, libérateur, là où parfois notre cœur nous condamne nous-mêmes ou juge l’autre, il nous faut accepter de reconnaître que nous sommes bien petits par rapports aux appels de Dieu... Il nous faut accepter d’être pauvres de cœur, accepter de ne pas nous suffire à nous-mêmes.

Il s’agit de consentir au fait que nous avons besoin les uns des autres et de Dieu pour avancer sur le chemin de la vie.

En théorie nous le savons, mais bien souvent nous voudrions nous débrouiller tout seul, comme des grands, à la mesure de nos seules forces. Sauf qu’en fait nous faisons l’expérience que c’est trop difficile, notamment, par exemple, dans l’épreuve de la maladie. C’est trop difficile à la fois d’y arriver tout seul et en même temps de l’accepter, d’accepter humblement que nous avons besoin de l’autre. Et même de Dieu que pourtant nous implorons de nous guérir. Oui, c’est difficile, même quand nous le voulons pourtant, je l’ai expérimenté comme beaucoup d’entre vous pendant mes longs mois de maladie...

Avec Dieu, en nous tournant vers lui dans la prière et en lui confiant ce qui nous habite, nos cris, nos révoltes, mais aussi les petites joies des jours ou ce qui nous redonnerait confiance malgré tout, avec Dieu, en l’associant pour de vrai à ce que nous vivons, il nous faut apprendre petit à petit à consentir, consentir à la vie telle qu’elle est mais à la vie qui est là, malgré tout, et qui nous traverse, même malgré les apparences immédiates, la vie qui est si imperceptible parfois, un peu comme une faible lueur qui paraît loin dans le noir de la nuit et qui pourtant est bien là quand même…

C’est du même ordre face à notre péché, face à nos difficultés à aimer pour de vrai et concrètement non seulement Dieu mais aussi notre prochain. Il nous faut consentir à ne pas avancer seul. Et consentir à ce que nous ayons besoin de la force même de Dieu mais aussi de l’Eglise qui justement nous propose et nous offre cette force, notamment par le mystère de l’eucharistie qui nous rassemble ce matin mais aussi par la force du sacrement du pardon et de la réconciliation qui nous sera proposé cet après-midi.

Sans oublier, si nous sommes malades, le très beau sacrement des malades, justement, où Dieu nous donne sa force pour avancer sur un chemin de guérison selon ce que lui, Dieu, permettra mais qui toujours est un chemin de libération de confiance en Dieu qui est là et qui porte avec nous le poids des jours et du mal qui nous tombe dessus, et libération de confiance en la Vie qui nous traverse et que Dieu nous offre, quoi qu’il arrive, mais que nous aurons toujours à apprendre à reconnaître et à accueillir.

Car, ne l’oublions jamais, Dieu nous aime. Et aimer c’est prendre soin. Aimer comme Dieu aime – pour reprendre une expression du pape François lors de l’année de la miséricorde – c’est aimer d’un amour « qui console, qui pardonne et qui donne espérance ». Oui, ne l’oublions pas, Dieu nous aime et Dieu nous accompagne. Mais Dieu nous laisse libre et attend que nous lui fassions une place pour le laisser cheminer avec nous et porter avec nous le poids des jours.

Nous le savons, sans doute nous le croyons. Mais pourtant parfois nous doutons. Parfois cette forme d’ivraie prend le dessus en nous et risque d’étouffer le bon gré semé dans cette terre que nous sommes.

Alors profitons de ce pèlerinage et notamment de ce jour pour nous laisser renouveler par l’amour de Dieu pour nous et pour avancer dans une confiance renouvelée en cet amour. Dieu veut nous consoler et il le peut. Dieu veut nous pardonner de ce qui encombre nos cœurs et il le peut. Dieu veut ainsi nous rétablir dans l’espérance. Alors laissons-nous faire. Laissons-nous faire et portons-nous les uns les autres dans la prière comme dans le concret des gestes ou des paroles de tendresse et de consolation que nous pouvons nous offrir. Dieu, là aussi, est présent. Amen.

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Bonus : vidéo-témoignage (le même jour après la messe) sur le sens de la démarche des piscines ; à Lourdes la Vierge Marie a dit à Bernadette : « Venez boire à la fontaine et vous y laver »...

 

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