Le lent sourire

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C'est d'un roman dont il s'agit. Un roman qui me laisse un sentiment étrange, une drôle d'impression. Est-ce le sentiment de l'étrangeté de cette maladie à laquelle nous sommes finalement tous confrontés, de l'intérieur ou par un proche, cette maladie qu'est le cancer qui laisse notamment démuni ceux qui sont là aux côtés de la personne malade... ?

Nous ne sommes pas, dans ces pages, du côté médical des fins de vie, mais bien du côté de la vie, de ce qu'il en reste à vivre, et de ceux qui tentent de trouver comment vivre avec celui ou celle qu'ils accompagnent.

Ce roman nous laisse, il me semble, démunis. Un roman qui transcrit bien ce sentiment des accompagnants d'être impuissants et qui nous y fait participer. Et autant que l'histoire de Lisa et d'Anna - qui ne se connaissent pas mais qui meurent, ou vivent ce qu'il reste à vivre, de la même maladie - c'est l'histoire de Clara et de Ben et de tous ces autres qui sont là, comme eux, dans l'attente quotidienne de ce qui doit arriver et surtout dans leur propre vie qui s'interroge, se cherche, et doit trouver des équilibres nouveaux. Nous voilà entraînés avec eux tous dans une sorte de lenteur qui nous prend, pénible parfois, reposante aussi, loin des courses effrennées de notre vie de chaque jour. Il faut ce temps là, même s'il est parfois plombant. Il faut ce temps là pour que de lents sourires puissent s'échanger, signes d'une complicité qui est encore là, maladroite, balbutiante, pleine de questions ou de tristesses, mais signe de moments d'apaisement et même de joie. Il faut ce temps là pour que le sourire revienne, dans l'épreuve ultime de la maladie qu'est celle du départ et de l'absence...

Cette lenteur à laquelle nous participons est celle des pages, celle du combat, celle de la fin de vie, celle de tout ce que cela réveille de l'histoire de chacun, Clara et Ben comme nous, lecteurs. Car l'accompagnement de l'autre et la violence des sentiments que cela fait partager ouvre à la relecture de sa propre histoire à soi. L'écoute de l'autre invite - et même oblige - à une écoute en soi. Ce roman, finalement, le raconte. Et c'est réussi.

Catherina Bonvicini, Le lent sourire, Gallimard, juin 2011, 273 pages.

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