Le Christ recrucifié

Le titre de ce roman n’est sans doute pas des plus vendeurs de nos jours. Et pourtant c’est de la belle littérature ! Je suis très heureux d’avoir lu ces pages et j’en remercie l’ami qui me l’a conseillé. 

C’est un roman grec de la première moitié du XXème siècle. Le contexte est clairement religieux et même spirituel par bien des aspects. Et en plus c’est très bien écrit, très agréable à lire, sans même parler de l’histoire qui est intéressante et bien vue.

Nous sommes dans un village grec, c’est (encore) l’époque de la domination turque. Dans ce village de Lycovrissi il n’y a quasi que des grecs, donc des chrétiens. On y croise le prêtre, mais aussi les autres notables, qui sont tous prêts à certaines compromissions avec l’agha turc pour garder une paix sociale et leurs avantages acquis. On y croise aussi une bande d’amis qui sont les véritables protagonistes de l’histoire. Et l’on croise encore des réfugiés chrétiens d’un autre village qui a été détruit et qui  vont  être rejetés par les notables de Lycovrissi…

La particularité de cette bourgade – et ce qui va être le point de départ mais aussi la toile de fond de toute l’histoire – c’est cette tradition qu’ils ont, tous les 7 ans, de rejouer la Passion du Christ et de choisir à la Pâques précédente qui, parmi les villageois, jouera quel personnage. C’est là que l’on suit notamment la bande des 4 ci-dessus mentionnés et comment, avec d’autres, ils vont s’imprégner de leur personnage, jusqu’à le vivre ; et combien certains vont, de ce fait-là, vivre une véritable conversion et découverte du Christ comme de l’Évangile qu’ils vont se mettre à lire. Leur charité va se faire peu à peu active ce qui pourrait troubler la tranquillité acquise du village… sans même parler de cette espèce de folie qui pourrait s’emparer là-bas de certains…

J’ai trouvé très réussi et agréable à lire. De la belle littérature – certes culturellement datée, mais bien intéressante. Je recommande tant pour la question religieuse – et vocationnelle – que pour le côté littéraire et romanesque – avec son intrigue et même sont lot de rebondissements qui relancent le récit et tiennent en haleine le lecteur.

C’est au même auteur que l’on doit cet autre roman qui inspira Martin Scorsese pour son film [quasi du même titre] : La Dernière tentation [du Christ].

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Nikos Kazantzaki, Le Christ recrucifié, Pocket, 1977 (réédité en 1995), 467 pages (format poche).