13 Avril 2024
La liturgie de ce jour nous donne à entendre en 1ère lecture ce passage du livre des Actes des apôtres en Ac 6 où se « crée » ce nouveau ministère qui donnera ensuite ce qu’on appelle aujourd’hui le « diaconat » – notez que le mot grec qui donne diacre ou diaconat veut dire « service ».
Quel est le problème qui se pose à la communauté ? Les grecs se plaignent auprès des apôtres que leur veuves semblent délaissées. Visiblement il y a un service de la charité à destination des veuves de la communauté – un « service des tables », comme dit la suite du texte.
Les apôtres n’arrivent pas à tout faire. Ils décident donc de créer un nouveau ministère, un nouveau « service » ; c’est l’institution des 7, ceux que la tradition appellera par la suite « diacres ».
Ce qui est intéressant à noter c’est comment ils choisissent : ce qui est prioritaire pour eux c’est deux choses – deux missions premières pourrait-on dire –, à savoir la prière et la service de la Parole. Et la situation qui là se pose dit une troisième chose les concernant : ils ont le souci du bien de tous – c’est pour cela qu’on vient les voir pour leur exposer le problème – et ils vont s’assurer que tous aient ce à quoi ils ont droit – en l’occurence ici : que les veuves grecques ne soient pas délaissées. Sans doute ce souci du bien des uns et des autres, et le fait qu’il ne soit pas fait mention de qui s’occuperait des veuves juives, indique-t-il qu’ils prennent une part active et concrète à ce service, ils ne le délaissent pas ou ne s’en déchargent pas complètement sur d’autres, de haut ou de loin, mais ils ne peuvent tout faire et s’assurent par contre que tout puisse être fait, d’où ce ministère nouveau pour ce besoin-là nouveau.
J’en retiens que leur mission d’apôtre se situe à ces trois niveaux du souci de l’ensemble, de la prière et du service de la Parole (sans doute l’annonce de celle-ci). Et ensuite le souci de l’ensemble se fait charité active concrète là où ils peuvent – et comme d’autres.
J’en retire deux choses pour nous aujourd’hui.
La première : de quels ministères – services – avons-nous besoin aujourd’hui pour répondre à quelles « urgences » (besoins) de la mission et de la vie des communautés ? Et comment sommes-nous à l’écoute de cela et des gens pour y répondre avec eux au sens de trouver comment y répondre, qui envoyer, et quel « service » institutionnaliser peut-être (c’est-à-dire : quel « ministère » créer) ?
Et puis – deuxième élément que je retiens pour nous et qui a motivé ces quelques lignes – : pour les prêtres, aujourd’hui – pour qui la question de l’identité se pose pas mal je trouve, notamment en raison de la diminution du nombre qui appelle à se ré-interroger sur ce qui relève en propre de notre ministère et ce qui relève de tous, mais aussi en raison des réflexions actuelles sur la synodalité et ce qu’on appelle la « co-responsabilité différenciée » –, pour les prêtres donc, pour qui la question de prioriser les champs de mission revient souvent, il me semble que nous avons là quelques éléments à recevoir, dans la mesure où la Tradition définit les prêtres comme les « collaborateurs de l’évêque » et que les évêques sont ceux ce qu’on appelle « successeurs des apôtres » – c’est l’évêque le « pasteur », au nom du Christ, du peuple de Dieu qui est sur le territoire qui lui est confié, et les prêtres sont comme sa présence, sa voix, ses mains, pour vivre cela au plus près, auprès des communautés locales, dans les paroisses d’abord, mais aussi auprès d’autres réalités ecclésiales – ; il en ressort donc pour notre ministère que nos missions doivent se concentrer ou se prioriser sur ces trois mêmes dimensions :
On retrouve là la fameuse triade « Annoncer / Célébrer / Servir » – un « servir » qui est plus du côté du souci de tous que d’une gouvernance au sens « monarchique » ou descendant d’une autorité de chef de communauté – même si cette dimension de gouvernance existe au sens où l’évêque et donc ses prêtres ont un ministère de communion et de conduite du peuple au nom du Christ Pasteur de son Eglise ; c’est le comment l’exercer – comme un service et non un pouvoir – qui sera sans cesse à ré-interroger et à réajuster, dans une co-responsabilité partagée qui permette de mieux servir la communauté, dans une complémentarité des charismes notamment et pour une meilleure écoute du réel de la vie et des besoins de la communauté.
Voilà quelques réflexions rapides du matin... sans doute un peu trop rapides ou pas toujours formulées au mieux... mais qui viennent rejoindre cette question de l’identité ministérielle des prêtres dans ce contexte actuel de réflexion et de mise en oeuvre d’une Eglise plus synodale...