2 Mars 2024
Samedi de la 2ème semaine de Carême
[Quelques lignes d’homélie-méditation initialement prévue pour la messe chez les dominicaines de Chalais]
Mi 7,14-15.18-20 / Ps 102 (103) / Lc 15,1-3.11-32
L’enjeu de ce qu’on vient d’entendre c’est la miséricorde – la miséricorde et le pardon. Il en est question dans la 1ère lecture, notamment quand le prophète Michée dit à Dieu dans sa prière : « De nouveau tu nous montreras ta miséricorde ». Mais c’est aussi de cela dont il s’agit avec cette parabole qu’on vient d’entendre et qu’on connaît bien.
Dieu nous aime de cette miséricorde du Père qui pardonne mais qui déjà, avant même ce pardon, nous laisse libres, cette miséricorde du Père, cet amour, qui laisse ses enfants libres de vivre leur vie, de faire leurs choix, leurs expériences, même au risque de se tromper ; mais libres, et libres aussi de revenir.
Dieu nous aime aussi de cette miséricorde qui sait attendre avec patience. Je repensais à ce verset de St Paul dans son Hymne à la charité qui nous dit bien que l’amour prend patience (cf. 1Co 13).
Et Dieu nous aime de cette miséricorde qui voit en l’autre le fils bien aimé avant de le juger ou de le condamner.
La question sera : nous, que faisons-nous de cette miséricorde, cette miséricorde qui veut consoler et pardonner, cette miséricorde qui veut relever et rendre à la joie – « la joie d’être sauvé », comme dit le Ps 50 –, cette miséricorde à laquelle nous sommes appelés nous aussi, entre nous, les uns avec les autres, appel à nous reconnaitre et nous recevoir comme frères – frères et sœurs.
Nous sommes parfois comme le fils de l’évangile qui dilapide ce qu’il a reçu, qui veut vivre sa vie, qui veut « voler de ses propres ailes », sans l’autre et sans Dieu. Nous sommes parfois comme le fils aîné qui refuse d’entrer dans la joie du Père et d’avancer sur un chemin de réconciliation, qui refuse de reconnaître l’autre comme son frère. Mais nous sommes pourtant appelés à être et à devenir tout-jours mieux des miséricordieux – « miséricordieux comme le Père est miséricordieux » (cf. Lc 6,36).
Alors que ce temps de carême contribue à nous renouveler et à nous refonder sur ce chemin-là, celui d’une miséricorde en actes, reçue de Dieu. Si nous le voulons bien, évidemment, et si nous acceptons pour cela et nous aussi de faire retours : retour en nous-mêmes, retour vers Dieu et retour vers le frère – le frère ou la sœur qui me sont donnés comme tels, c’est-à-dire l’autre qu’est ce prochain qui est là ou qui va croiser ma route...
Nous en demandons la force et la grâce au Seigneur. Amen.