Father Stu

Father Stu

Ce film américain sorti en salles en 2022 raconte l’histoire étonnante de Stuart Long, un jeune boxeur en colère contre la vie et l’injustice d’un Dieu qui nous laisserait nous débattre là, qui va peu à peu découvrir la foi et même vouloir devenir prêtre. Atteint d’une maladie musculaire rare il est décédé en 2014 à l’âge de 50 ans.

J’ai été plutôt touché par ce film, malgré le sous-titre français que je trouve agaçant – un héros pas comme les autres – et malgré les quelques détails de scénario ou quelques raccourcis pas très justes sur la vie ecclésiale. Malgré aussi le côté très américain de ce qui est montré de la foi et de l’Eglise, notamment une théologie de la souffrance plus que « doloriste » voire presque « rétributive » par moments.

Car l’histoire du Frather Stu est intimement liée à la question de la souffrance – et du mal qui semble parfois s’acharner – : enfant il a perdu son plus jeune frère, sa famille ne s’en est pas remis et il a été quasi détesté de son père ; ensuite ça va être des années de galère, il va devoir arrêter la boxe, pour des raisons de santé, et retrouvant finalement et peu à peu goût à la vie par la rencontre de Carmen dont il est amoureux il va alors frôler la mort dans un terrible accident de la route... Et il y aura enfin cette épreuve de la maladie, une maladie dégénérative rare ; il est alors au séminaire, il a trouvé la foi grâce à Carmen d’abord – il demande le baptême pour se rapprocher d’elle qui est très croyante et pour qui c’est important – et surtout il vit une expérience spirituelle forte de conversion à son réveil de cet accident terrible dans lequel il a failli perdre la vie.

Il va petit à petit se sentir appelé à devenir prêtre, il va devoir se battre pour qu’on l’accepte au séminaire – il n’a pas le profil : il a un casier judiciaire, et on veut des prêtres qui soient une belle « vitrine » pour l’Église !? – ; finalement, alors qu’il a su convaincre et s’adapter aussi aux études, c’est cette maladie qui risque de tout balayer de cette vie à laquelle il aspire et qu’il pressent être un appel de Dieu. Il y a là une scène assez bouleversante où va crier vers Dieu et pleurer, jusqu’à poser cet acte de foi : « Je serai là, Seigneur. Pour toi. »

C’est également l’histoire avec sa famille : une sorte de réconciliation qui petit à petit va se vivre avec les siens et avec sa propre histoire.

C’est un beau témoignage. Un belle mise en scène d’une histoire vocationnelle qui ne laisse pas indifférent. Alors certes, je le redis, la théologie de la souffrance ici mise en mots, qui est  celle de Stuart ou qui est liée aux représentations de Dieu qu’on a autour de lui, m'a laissé plutôt mal à l’aise ; mais je dois avouer qu’il y a en même temps l’une ou l’autre très belles phrases sur cette même question, et notamment dans sa première homélie – par exemple sur l’expérience de la souffrance de Dieu qui peut-être un « lieu » de rapprochement de Dieu. En tout cas cet homme a été saisi par l’amour de Dieu, au coeur même de ces épreuves et de son histoire chaotique et douloureuse. Et il semble que sa courte vie comme prêtre ait eu une belle fécondité. 

Stuart Long est ici interprété par Mark Wahlberg ; à ses côtés on trouve notamment Mel Gibson dans le rôle de Bill Long, son père.

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