15 Janvier 2014
Le livre n'est pas tout jeune puisqu'il date de 1970 et que l'oecuménisme en était à ses premières heures, notamment du côté catholique qui sortait à peine de ses années de concile Vatican II ; et sans doute faudrait-il mettre un point d'interrogation au titre de ces pages (ce que je me suis permis en l'ajoutant au titre de ce post' !). Quoi qu'il en soit ces pages sont passionnantes, fort stimulantes. Elles sont co-signées par trois auteurs qui nous offrent là trois contributions complémentaires qui sont trois éclairages confessionnels à cette question de la communion eucharistique entre membre de diverses Eglises et même à cette autre question de célébrations eucharistiques communes (question datée maintenant... mais intéressante à poser ou plutôt à penser).
Ces pages nous invitent à réfléchir à notre foi eucharistique en la présence du Christ dans/par le pain et le vin consacrés, sous l'action de l'Esprit Saint, présence donnée qui permet à ceux qui communient de devenir ensemble ce qu'ils reçoivent.
Ces pages nous invitent aussi à réfléchir aux "conditions" de foi commune au Christ et aux sacrements, mais aussi à l'incarnation concrète de cette foi dans la vie de nos Eglise et dans une recherche réelle d'unité entre nous. Ce qui pose inévitablement la question de qui est l'Eglise, et pourquoi ; et, par ricochet, celle des ministères (on le voit dans ce livre)...
Pour moi, à quelques jours maintenant de la semaine annuelle de prière pour l'unité des chrétiens, la question cruciale qui me vient et qui m'habite souvent est vraiment celle de notre désir concret d'unité... Voulons-nous réellement avancer ensemble et chacun sur un chemin d'une unité réalisée entre nous, entre nos Eglises et communautés ecclésiales ? Acceptons-nous de ne pas en rester à un statut quo passif et à l'acceptation subie d'autres Eglises, les unes à côté des autres, sans lien réel ou sans désir réel d'être (de) la même Eglise ?
Certes, il faudra s'entendre sur le modèle d'unité et sur la part de diversité légitime, mais voulons-nous être plus que des entités juxtaposées qui éventuellement se tolèrent, et aller réellement vers une communion concrète et engageante ? Quel serait sinon le sens de communier ensemble si cela ne manifeste pas et ne permet pas de réaliser l'unité, pour de vrai ? J'aime le Père Paul Couturier qui disait il y a quelques décennies maintenant qu'il nous faut ressentir la douleur de la désunion et des séparations (pour ne pas nous en contenter). Ne pas pouvoir communier encore à la même table eucharistique nous fait-il toucher du doigt à ce non sens qu'est cette multiplicité des Eglises et communautés ecclésiales qui se sont déchirées et battues avec violence au cours des siècles ?
Certes, nous ne pouvons peut-être pas encore communier ensemble, à la même table eucharistique, et peut-être même n'est-ce pas souhaitable trop vite... Cela ne nous empêche pas, déjà, de nous rencontrer et de vivre une réelle communion de prière autour de la Parole de Dieu et une réelle communion dans un soutien mutuel et fraternel. Cela ne nous empêche pas non plus de vivre une certaine communion dans le travail ensemble pour plus de justice et de paix, et dans la défense des plus petits et de la vie. Et cela ne nous empêche pas non plus de nous donner les moyens de nous connaître réellement, au-delà des caricatures que nous avons dessinées au fil des siècles, chemin de communion indispensable pour vivre de réelles réconciliations et pouvoir ainsi avancer vraiment dans une communion grandissante !
Vous l'aurez compris, ce sujet et tout ce qui en découle ma passionnent... J'essayerai de le partager au mieux demain soir pour la conférence que je donne à Vienne, pour le CTM... Vous l'aurez compris aussi, ces pages, comme bien d'autres, sont stimulantes... Et, moi, m'invitent à creuser ma soif d'unité réelle et, du coup, à prier déjà pour cela...
Max Thurian, Jerzy Klinger et Joseph de Baciocchi, Vers l'intercommunion, Mame, coll. Eglises en dialogue n°13, 1970, 182 pages.