4 Octobre 2015
Dimanche 4 octobre 2015 / Fête de la St François / Journée de rentrée
Ga 6,14-18 / Ps 15 (16) / Mt 11, 25-30
Qu’est-ce que ces textes qu’on vient d’entendre peuvent nous dire pour cette fête de rentrée de notre belle paroisse mais aussi pour cette année qui commence, cette année pastorale que l’Equipe paroissiale a pensée et voulue « riche » en évènements – on vous expliquera tout à l’heure à la fin de cette messe – ?
Les textes qu’on vient d’entendre sont ceux de la fête de St François, notre St Patron, St François qui est une figure spirituelle très intéressante, St François qui a plein de choses à nous apprendre pour notre vie d’aujourd’hui, au XXIème siècle. Ce n’est pas par hasard que notre pape actuel a placé son ministère sous ce patronage là ; c’est une figure programme. Et ce sera notre figure programme pour cette année de la Miséricorde à laquelle nous invite le pape François, une année de la Miséricorde que notre évêque nous invite à vivre conjointement au thème de l’Appel, l’appel que le Christ adresse et veut adresser à chacun de nous.
St François c’est ce jeune homme du XIIIème siècle qui voulait suivre le Christ. St François ça n’était pas un illuminé ni un idéaliste utopique. St François c’était un jeune homme bien de son époque et pas si différent de beaucoup de jeunes d’aujourd’hui. Oui, il croyait en Dieu, un peu, mais il avait surtout de grands rêves, des rêves d’une vie réussie, d’une vie qui serve à quelque chose, St François il voulait combattre pour défendre son pays. St François il aimait aussi les plaisirs faciles et s’amuser avec les filles – je vous passe les détails. Mais voilà que St François est touché, saisi par la grâce de Dieu. Il est saisi au cœur d’une épreuve qui est celle que certains nous connaissent bien, celle de la maladie. Comme nous peut-être il a pu se dire : mais si Dieu existe, pourquoi la souffrance, pourquoi frôler la mort, pourquoi être arrêté dans mes élans de vie ? Quel sens à tout cela ?
Que nous a dit l’évangile qu’on vient d’entendre : « Venez à moi vous tous qui peinez, dit Jésus, et moi je vous donnerai le repos ». Et il ajoute, Jésus, qu’avec lui, le joug est plus facile à porter, que le fardeau est plus léger… Jésus ne dit pas : « Tournez-vous vers moi et ça ira, tournez-vous vers moi et vous ne souffrirez pas » ; non : « Au cœur de ce que vous traversez, je suis là, je suis là avec vous, venez à moi. Je suis là et je vous fait une promesse : au cœur de votre souffrance, au cœur de votre épreuve, je vous donnerai la paix ; je porterai avec vous si vous me demandez de porter. » Jésus ne dit pas : « Venez et vous n’aurez plus d’épreuves » ; non : « Venez ; et avec moi, au cœur de votre traversée, vous allez faire l’expérience que la vie est plus forte que le mal, la vie parfois imperceptible, la vie à laquelle on ne croit plus, mais la vie quand même »…
C’est l’expérience qu’a faite St François, celle de la vie qui est là et qui le touche, lui, par la beauté de la nature ; c'est l'expérience qu'il fait, dans une confiance qui devient une confiance renouvelée. Et voilà à quoi nous sommes appelés, voilà l’appel que j’aimerais qu’on entende en ce début d’année : quoi que nous traversions, personnellement ou dans nos familles, quels que soient nos doutes sur l’avenir et même sur la vie de notre paroisse ou de nos clochers qui meurent pour certains, quoi qui nous angoisse peut-être, entendons, réentendons combien Jésus est là. Combien il est là et qu’il n’y a finalement que cela qui compte. Et qu’il est là dans la prière que je lui offre, qu’il est là aussi dans ces frères et ces sœurs qui ont pour moi des paroles de vie et d’espérance ; qu’il est là dans tel événement ou telle rencontre qui redonne courage et force pour avancer ou qui tout simplement fait du bien. Mais que c’est bien le Christ qui doit être le cœur de notre vie, le Christ en croix de la 1ère lecture, le Christ qui est passé de la mort à la vie, de l’abandon des disciples à l’appel à des témoins, certes qui ont des faiblesses mais qui décident de faire confiance aux appels du Seigneur et qui pour cela demandent l’Esprit Saint, la force de vie et d’amour de Dieu, l’Esprit qui donne la paix et la joie.
La 1ère lecture, vous l’avez entendue, invite justement à nous centrer sur le Christ en croix. Lui seul doit nous guider, pas nos bâtiments ou nos rêves du passé. L’Eglise toujours sera appelée à bouger, à dépasser ses fonctionnements structurels qui sont plus des habitudes, des conforts, que la vie elle-même. Pensez à cet épisode de la conversion du jeune François d’Assise. Il veut suivre Dieu, il quitte ses habitudes, il arrive à la petite église de San Damiano, une église vide et délabrée, il y entend l’appel de Jésus à reconstruire son église ; et comme nous ils se trompe, il croit que Dieu veut qu’il s’occupe des pierres, que cette petite église qui a dû être belle et rassembler un jour une belle communauté soit rénovée. Mais il se trompait. Il découvre que Dieu l’invite à aider l’Eglise à se recentrer sur l’essentiel, Jésus seul et les exclus. Et à permettre que nous le vivions dans une vie fraternelle renouvelée, en petites communautés dont le but premier n’est pas leur petite église-clocher ou je en sais quelle idéologie, mais le Christ qui se donne à découvrir dans sa Parole. Au XXIème siècle dans le diocèse de Grenoble et dans notre paroisse ça s’appelle les Fraternités locales, un véritable enjeu d’avenir qu’il nous faut saisir – je me permets de le redire avec force aujourd’hui…
St François c’est ce jeune homme qui nous aide aussi à comprendre que la vie avec le Christ, avec Jésus, nous invite à la louange et à l’émerveillement. Apprendre à rendre grâce de ce que les frères et sœurs qui nous sont données peuvent m’apporter ; rendre grâce de ce que notre vie ensemble permet. Voilà aussi un enjeu pour nos communautés chrétiennes où en bons français et dauphinois que nous sommes nous commençons toujours par voir et dire ce qui ne va pas ou plutôt ce qui ne nous va pas selon notre point de vue personnel. Apprenons et demandons à l’Esprit Saint de nous apprendre la gratitude, l’émerveillement et la louange de ce que la vie nous donne. Apprenons à vivre cette louange dans un regard émerveillé sur cette création qui nous donnée et qu’il nous faut protéger, tout comme la vie – pour ceux qui ont lu l’encyclique du pape François sur l’écologie, vous avez compris ou vous découvrirez combien la sauvegarde de la création appelle à s’occuper des plus pauvres et combien elle appelle aussi, car tout est lié, à défendre toute vie humaine, de sa conception à son ultime soupir… Pour moi l’esprit de gratitude de François d’Assise est appel à recevoir chaque jour la vie qui est là et à en rendre grâce, aussi imperceptible serait-elle parfois, aussi fragile serait-elle. En demandant au Seigneur qui nous promet sa présence et sa paix qu’il porte avec nous ce que les jours nous obligeront à traverser.
Cette année qui s’ouvre, cette année pastorale que l’Equipe paroissiale vous invite à vivre en compagnonnage avec St François dans toutes les dimensions prophétiques de sa vie que nous allons pouvoir redécouvrir au fil des mois, cette année pastorale j’aimerais vraiment que chacun de nous décide de la vivre comme une chance, comme un cadeau, comme une année de grâce. Vraiment. Telle est en tout cas ma prière aujourd’hui pour vous et avec vous.
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[Les deux illustrations de cette pages sont de Tony Castro, de la Communauté brésilienne Rainha da Paz. La 1ère a été faite en juillet 2015 en vue de l'année St François de la paroisse de BJ et alentours ; la 2de est un détail de la fresque qu'il a réalisé en mars 2015 pour l'oratoire de la cure St Jean-Baptiste à BJ, devenu oratoire St François d'Assise.]