12 Décembre 2015
Rappelons-nous... 4 syllabes, un nom, un drame : Lam-pe-du-sa... Lampedusa, le 3 octobre 2013.
Une petite ville portuaire, un petite île qui devient alors comme un signe ou un rappel de la tragédie humaine, de la difficulté et de la complexité à accueillir, de l'inhospitalité aussi face à l'afflux massif de migrants, et la mort, la noyade qui les guette ou les submerge. Certes ils sont hors-la-loi et on ne peut accueillir toute la misère du monde, disent certains, certes, mais ils sont humains...
"A ce stade de la nuit", quand cette femme qui parle entend le drame à la radio, dans sa cuisine, au coeur de la nuit, quand elle rentre chez elle, tout se bouscule dans sa tête. L'horreur de ce qu'elle apprend mais aussi les souvenirs. Car Lampedusa c'était aussi une petite île de la littérature et du cinéma...
Remontent en elle des images, des récits, des impressions, des voyages, des lectures, des réflexions aussi...
Des pages à la fois émues, telles une méditation nocturne, presque poétiques, mais également un appel, une façon de nous redire ce lieu, cette date, ce drame, et donc de nous redire qu'il ne faut pas oublier, même quand les médias se taisent car ils sont passés à autre chose. Car c'est toujours là, à nos portes, à Lampedusa comme dans ces autres lieux et ces autres situations dont l'actualité nous parle ou plutôt nous parlait...
Un récit assez bref, le temps d'une nuit et de quelques souvenirs...
Ce jour là, "ce matin, matin du 3 octobre 2013, [ce nom de légende, ce nom de cinéma] s'est retourné comme un gant, Lampedusa concentrant en lui seul la honte et la révolte, le chagrin, désignant désormais un autre état du monde, un tout autre récit" (p.74, en finale du livre).
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Maylis de Kerangal, A ce stade de la nuit, Editions Verticales, novembre 2015 (Gallimard, octobre 2015), 74 pages (petit format), 7€50.