24 Décembre 2015
Jeudi soir 24 décembre 2015 / Messe de la nuit
Eglise St JB (Bourgoin-Jallieu) / Nivolas-Vermelle
Is 9,1-6 / Ps 95 (96) / Tt 2,11-14 / Lc 2,1-14
Ce texte qu’on vient d’entendre nous raconte une belle histoire. Ça aurait presque pu commencer par le fameux « Il était une fois... » Et ce soir, si nous nous sommes rassemblés si nombreux dans cette église (qui en est presque trop petite), c’est justement pour entendre cette belle histoire, même si nous la connaissons presque par cœur, c’est pour l'entendre à nouveau et donner peut être un peu de sens à cette fête de Noël, en tout cas ne pas le perdre, ce sens, au milieu de l’effervescence des cadeaux et de la morosité de l’actualité.
Cette histoire qu’on vient d’entendre, ce récit de la naissance de celui qu’on appelle le « petit Jésus », c’est celle de nos crèches, ces crèches de nos maisons ou de nos églises, ces crèches dont l’inventeur est le saint patron de notre paroisse, St François d’Assise ; et tout à l'heure, juste après ces mots, nous allons justement apporter l’enfant Jésus de la crèche jusque devant l’autel… En déposant ce personnage, ou en venant le regarder après la messe, à quoi penserons nous ? Pour le dire autrement, qu’est-ce que ça vient changer dans notre vie qu’il y ait eu cette naissance, il y a plus de 2000 ans ? Pour le dire encore autrement, pourquoi être là ce soir ?
Ce soir, au cœur de cette nuit, au cœur de ce monde qui se déchire avec une paix bien fragile, nous sommes invités à nous rappeler que dans ce monde parfois difficile, dans ce monde où on se demande parfois quel peut être le sens des choses et des événements, il y a quelqu’un qui est là, quelqu’un que nos yeux ne voient pas mais que notre cœur peut pressentir, quelqu’un qui a voulu se faire connaître des hommes et des femmes que nous sommes, tout au long de l’histoire de l’humanité, quelqu’un que nous appelons Dieu. Ce Dieu auquel je crois, il nous arrive de douter parfois de lui quand nous traversons des épreuves, quand nous avons l'impression d’avancer dans le brouillard ou la nuit et quand nous voyons les attentats ou les guerres dans le monde. Nous voudrions des signes un peu miraculeux de sa présence et même de son existence. En cela nous sommes bien comme ce petit peuple d’Israël qui a appris à connaître et comprendre Dieu, petit à petit, mais qui a douté aussi, ce petit peuple à qui Dieu a promis un jour qu’il lui enverrait quelqu’un, que ce quelqu’un serait ce signe qu’il donnerait de sa présence, celui qui va nous révéler pleinement qui est Dieu et quel est son projet de vie pour nous.
Il y en a eu des prophètes avant ce quelqu’un, des prophètes qui ont mis en mot déjà ce que Dieu voulait nous dire et qui ont annoncé la venue de cet homme qui doit venir de la part de Dieu ; et ce soir nous avons notamment entendu quelques paroles du prophète Isaïe. Qu’est-ce qu'il nous a dit de ce que nous sommes en train de fêter ?
Je retiens deux choses de cette 1ère lecture : la 1ère c’est que ce signe que Dieu va donner à son peuple de sa présence, ce sera par un petit enfant ; or ce soir nous fêtons justement la venue d’un petit enfant, l’enfant Jésus. Parce qu’à la lumière de ce qu’il a vécu et annoncé, il y a plus de 2000 ans, nous croyons qu’il est cet envoyé de Dieu, nous croyons qu’il est Dieu lui-même qui est venu visiter et rejoindre notre humanité.
Et Isaïe nous a dit une 2ème chose : au milieu des ténèbres et de la nuit à laquelle le peuple à qui il s’adresse est confronté, au milieu des épreuves qui font douter d’un sens à notre vie et même d'un bonheur possible, au cœur de ces traversées qui nous font croire que Dieu, peut-être, n’existe pas ou qu'il nous aurait abandonné, il y a quelque chose qui arrive, qui est promis, qui va être comme une petite lumière, toute petite, mais qui va éclairer un peu cette nuit. Nous croyons que Jésus est cette lumière, nous croyons que celui qui naît dans cette nuit de Noël va être comme une petite lumière qui peut guider notre chemin, et qu’il peut le faire par le message qu’il nous laisse et qui est gardé dans nos Bibles, ce message qui nous a été transmis de génération en génération, depuis plus de 2000 ans ; nous croyons aussi que Jésus peut nous éclairer également dans la prière, par sa présence mystérieuse et réelle, puisqu'il est ressuscité et qu’il est désormais présent par l’Esprit Saint, ce souffle de vie et d'amour de Dieu qui chuchote en nous comme des chemins de réponses à nos questionnements.
Alors je ne sais pas pourquoi nous sommes venus ce soir, je ne sais pas ce que nous portons en nous les uns les autres de convictions de foi ou de questions, mais ce que je sais, ce que je crois, c’est que Dieu, ce soir, se réjouit sans doute de notre présence et qu’il entend tout ce que nous voulons lui confier. Et quand nous allons apporter dans quelques instants l’enfant Jésus ou quand nous nous approcherons de la crèche, après la messe, pour le contempler, ce que nous portons en nous de joie ou de peine, de confiance en Dieu ou de doute, eh bien nous pouvons le lui déposer ; nous pouvons faire ce pari de confiance que si Dieu existe, ce que je crois, et s’il est présent, même si nos yeux ne le voient pas, alors nous pouvons lui confier tout ce qui nous habite. Et il répondra à nos besoins de vie, nos désirs de vie, il y répondra je ne sais pas comment ni quand, mais c’est sûr qu’un chemin de réponse nous sera donné à entendre en nous ou à découvrir dans les événements et les rencontres à venir.
Et tout à l’heure quand nous nous approcherons pour communier, pour ceux d’entre nous qui croient que dans le Pain et le Vin de l’eucharistie Jésus ressuscité se donne mystérieusement mais réellement à nous, nous pourrons lui demander qu’il soit notre force dans ce que la vie nous donne à traverser et dans ce que nous pouvons apporter pour les uns et les autres autour de nous qui ont besoin de présence ou d'aide concrète…
Pour l’heure, nous allons accueillir l’enfant Jésus de la crèche qui va maintenant être apporté et qui représente celui Isaïe a appelé dans la 1ère lecture le « Prince de la Paix ». Ce « petit Jésus » de la crèche, je vais inviter les enfants à s’approcher derrière lui, avec moi, avec les petites bougies que vous avez reçues en entrant dans cette église – on va les allumer soit avec le briquet que vos parents ont peut-être sur eux ou un voisin de banc, soit avec la lumière qu’on va essayer de se transmettre calmement. Pendant qu’on déposera tout cela et qu’on contemplera le « petit Jésus », je vais tous vous inviter – les adultes aussi – à faire silence pour entendre en vous ce que ces quelques mots ont éveillé, et pour confier tout cela à Dieu ou à Jésus, tout simplement ; lui confier tout ce qui vous habite ce soir – parce que c’est au cœur de ce que nous vivons qu’il veut et qu’il vient nous rejoindre chacun…