Homélie dimanche 17 janvier 2016

2ème dimanche du Temps Ordinaire / Année C

Domarin / Maternités catholiques BJ (dim. soir)

Is 62,1-5 / Ps 95 (96) / 1Co 12,4-11 / Jn 2,1-11

Homélie dimanche 17 janvier 2016

Vous l’avez entendu, nous sommes ce matin/soir à Cana, en Galilée. Nous sommes au tout début du ministère public de Jésus, ces trois années où il va révéler progressivement qui il est et pourquoi il est venu, et nous sommes invités à une noce, une fête de mariage. La fête bat son plein, on manque de vin, Marie dit aux serviteurs que Jésus peut faire quelque chose pour eux ; comme c’est le Fils de Dieu il peut faire un miracle et tout le monde est content. Fin de l’histoire. Sauf que moi ça me met mal à l’aise ce récit, il y a quelque chose d’étrange… Que ferait un bon détective tel Sherlock Holmes ou l’inspecteur Colombo ? Il irait voir de plus près ce qu’on lui a raconté et assez vite il verrait qu’il y a un certain nombre de bizarreries qui méritent toute son attention…

1ère bizarrerie… Essayez de penser à un mariage où vous avez été invités récemment ou à un mariage dans votre famille qu’on vient de vous annoncer. Qu’est-ce qui vous vient spontanément, à quoi vous pensez ? Il me semble que moi je pense d’abord à qui se mariait. Or, chose étonnante dans ce récit, on ne sait pas qui sont les mariés. On parle tout juste du marié et pas du tout de la mariée ; et on ne nous dit pas comment ils s’appellent ni qui ils sont pour Jésus et sa mère. Moi ça m’étonne… Et ça m’étonne d’autant plus que les personnages qui prennent toute la place ce sont justement Jésus et sa mère, et les serviteurs qui obéissent à Jésus qui lui même a obéi à sa mère après l’avoir un peu rabrouée. Drôle de récit de noce, non ?

2ème bizarrerie… On nous dit que nous sommes le troisième jour. Le troisième jour après quoi ? Là aussi c’est étonnant, parce que si on va voir les récits qui précèdent ça ne colle pas ; dans le chapitre précédent où Jésus appelle et accueille ses premiers disciples il s’est passé 4 jours ; ici à Cana on serait plutôt le 5ème jour du début de la vie publique de Jésus ou alors, s’il fait le troisième après les 4 précédents, nous sommes le 7ème ou le 8ème, ça dépend comment on compte… Vous allez me dire, c’est du détail… Mais dans une enquête, les détails ont toute leur importance ! Faites marcher votre mémoire biblique ! Le troisième jour, à quoi ça vous fait penser ? On va le dire d’ailleurs dans quelques instants, dans le Credo, à propos de Jésus ! Le troisième jour c’est celui de la résurrection de Jésus ! D’ailleurs quand Jésus dit que son heure n’est pas encore venue, n’est-ce pas là aussi une annonce de la résurrection ?

Je continue mon enquête… 3ème bizarrerie, l’auteur de l’évangile a oublié de nous dire que la mère de Jésus s’appelle Marie. Nous on le sait, mais on ne nous le dit pas ici. Et pire encore, elle n’est mentionnée que deux fois dans l’évangile de Jean et la deuxième fois non plus on ne dira pas son prénom. Elle est la mère. La mère de Jésus, mais aussi, nous dira-t-on la seconde fois, la mère de chacun de ceux qui sont disciples de Jésus. Ce sera au pied de la croix, avec Marie et Jean, ou plutôt, si je respecte le texte : la mère de Jésus et le disciple que Jésus aimait. Et ce jour là, sur la croix, il y aura aussi une histoire d’eau qui va couler du côté blessé de Jésus, de l’eau avec autre chose, non plus du vin mais le sang. Je vous rappelle qu’au dernier repas Jésus a prié sur le vin en parlant de son sang versé, on va le réentendre tout à l’heure dans la prière eucharistique…

J’en viens à ma 4ème et dernière bizarrerie… Cette histoire d’eau changée en vin… Pourquoi pas, puisque nous savons, nous, que Jésus est le Fils de Dieu et qu’il en fera d’autres des miracles. Mais ce qui m’étonne c’est pourquoi l’eau est-elle mise dans des jarres qui ne sont pas les cruches pour un repas mais dans des jarres rituelles et en plus des jarres pour la purification ? C’est comme si tout à coup on ne trouvait plus les bouteilles vides du vin qui avait été servi en premier et qu’on allait vite à l’église chercher la cuve baptismale, là où on met l’eau qui lave du péché et qui ouvre à une vie nouvelle. C’est bizarre, non ?

Vous aurez compris je pense que tous ces détails un peu étonnants veulent nous montrer qu’en fait ce n’est pas juste l’histoire d’un mariage, un beau et bon souvenir qu’on voulait nous raconter. Cette histoire est une annonce du pourquoi de la venue de Jésus et donc de qui il est. Jésus est celui qui vient accomplir les promesses d’Isaïe qui avait annoncé au peuple d’Israël que Dieu ne l’a pas abandonné, que Dieu va venir, que Dieu veut vivre en alliance avec nous, en partenariat et que c’est Bonne Nouvelle, ça concerne notre bonheur et le sens même de notre vie. Jésus est l’époux et nous sommes son peuple qui est l’épousée – pour reprendre les mots de la 1ère lecture. Dieu a tenu promesse, il n’est pas resté là-haut je ne sais où à nous regarder nous débattre avec la vie, il vient, il est là.

Mais la question c’est celle de savoir si nous accepterons de vivre avec lui, de le faire partenaire de notre vie et – c’est lié – si nous oserons lui faire confiance. Dans un couple on en crève de ne pas se dire les choses ou de ne plus se partager nos joies ou nos difficultés. Comment dirons-nous à Dieu ce que nous vivons, ce que nous traversons ? Vous le savez, ça s’appelle la prière… Comment aussi l’écouterons-nous qui nous souffle des choses pour notre vie, qui nous adresse des appels par sa Parole ? « Faites tout ce qu’il vous dira » a-t-on justement entendu dans ce récit d’évangile Qu’est-ce qu’il nous dit ? De nous aimer les uns les autres, de vivre avec son aide et sa force des chemins de pardon, de lui faire confiance, de lui demander sa force qui s’appelle l’Esprit Saint, de croire qu’il est là même quand nous sommes dans la tempête et que nous avons l’impression qu’il dort, de l’appeler aussi, et d’apprendre à voir autrement qu’il est là, qu’il passe, qu’il ne nous abandonne pas. Parce que notre espérance qui est plus qu’une promesse c’est que quoi qu’il arrive, avec lui Jésus, malgré les apparences parfois, la vie est et sera plus forte que tout mal et que toute mort. C’est notre foi, c’est ce que nous sommes invités à croire parce que ça peut changer notre vie. Mais faisons confiance, arrêtons de nous poser 50 000 questions. Comme les serviteurs qui n’ont rien dû comprendre à la demande complètement irrationnelle de Jésus faisons confiance et mettons en pratique ses appels d’évangile. Notre vie en sera changée et elle va trouver du sens. Vraiment. Voilà ce qu’il nous faut entendre ce matin/soir avec cette histoire de noces, à Cana en Galilée.

Pour l’heure nous prenons quelques instants de silence, nous laissons résonner en nous tout ce que nous venons d’entendre et nous confions tout cela au Seigneur…

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Illustration de Geneviève H., paroissienne de BJ (un des dessin d'une série autour de Marie).

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