Homélie 8 décembre 2016

Solennité de l'Immaculée conception de la Vierge Marie

Eglise St Jean-Baptiste (Bourgoin-Jallieu), paroisse St François d'Assise

Gn 3,9-15.20 / Ps 97 (98) / Ep 1,3-6.11-12 / Lc 1,26-38

La 1ère lecture qu'on a entendue a commencé par un appel ; dans nos bibles c'est même un des tout 1er appels que Dieu adresse à l’homme, le 1er après le récit du péché des origines : « Où es-tu ? » La Bible c’est cette grande histoire de Dieu qui veut nous rejoindre, Dieu qui veut se révéler aux hommes et aux femmes que nous sommes. Et ce soir, au cœur de ce temps de l’Avent qui nous conduit à Noël, au cœur aussi de cette fête du 8 décembre, en vous regardant je me dis que c'est à chacun de nous Dieu repose cette question : « Où es-tu donc ? » C’est-à-dire : « Où en es-tu de ta vie, où en es-tu de ta recherche de bonheur, où en es-tu de ton chemin avec moi ? »

« Où es-tu donc ? »… Souvent c’est nous qui posons cette question à Dieu, notamment quand nous traversons une épreuve. Et peut-être est-ce la question de certains d’entre vous, ce soir. Et quand Dieu nous paraît un peu loin, il arrive bien souvent que beaucoup d’entre nous se tournent vers Marie. Son cœur de mère peut nous comprendre, parce que son cœur de mère a vécu l’épreuve du non sens de la souffrance et de la mort de son Fils.

Alors ce soir, dans cette église, qu’est-ce qui nous presse, chacun, à venir prier Marie, qu’est-ce que nous attendons d’elle et en fait de Dieu ?

Le texte d’évangile qu’on vient d’entendre nous invite à contempler Marie dans son « oui » à l’ange, Marie qui a bien voulu croire à l’incroyable, Marie qui permet que s’accomplisse l’œuvre de Dieu pour nous aujourd’hui !

Marie était une toute jeune fille. Mais en bonne juive de son époque elle connaissait sans doute les attentes de son peuple et donc la promesse de la venue d’un Sauveur. Comme beaucoup sans doute on lui avait appris à écouter la Parole et à faire confiance en ce Dieu qui a choisi de se révéler à ce tout petit peuple en lui confiant cette mission étonnante et grandiose de n’exister que pour une chose : être témoin qu’il y a un Dieu qui est là, qu’il est le Dieu unique, le Dieu créateur, et que ce Dieu a un projet fou, celui de nous aimer et de se révéler à l’humanité.

Marie est cette jeune fille, dans ce petit peuple déjà bien malmené par l’histoire, qui accepte de faire confiance et d’accueillir en elle Celui qui vient pour nous sauver. L’accueillir en elle ! Elle va devenir la demeure de Dieu lui-même !

Je ne sais pas si nous nous rendons compte de l’incroyable nouvelle qu’elle a reçue ! Par elle, si jeune et finalement si fragile, Dieu se donne à nous, Dieu se donne au monde. La voilà invitée à porter le Christ pour le faire naître en ce monde. Elle est comme un nouveau Temple, le Temple qui est tellement important pour les juifs parce qu’il est pour eux le lieu qui rappelle la présence de Dieu au milieu de son peuple. Marie est celle qui reçoit cette mission de faire grandir ce petit enfant et de le faire advenir à son identité et sa mission qui est d’être et de devenir le Sauveur du monde, lui qui est le Fils de Dieu, Celui que Dieu avait promis.

Je ne sais pas si nous nous en rendons bien compte, mais tout à l’heure quand nous allons nous approcher pour communier, comme à chaque fois que nous recevons le sacrement de la présence de Jésus dans le Pain et le Vin de l’eucharistie, nous voilà appelés à être et devenir à notre tour une demeure pour le Fils de Dieu ; nous devenons comme Marie, ensemble et dans la foi, comme un tabernacle de la présence de Jésus, comme un tabernacle de la présence de Dieu, appelés à le porter en nous et autour de nous pour qu’il advienne aujourd’hui encore à notre monde, qu’il advienne à ce monde marqué par la violence et la souffrance.

Le recevoir tout à l’heure, comme Marie à l’Annonciation, c’est répondre à cet appel inouï d’un Dieu qui choisit de se révéler dans notre condition humaine qui est fragile, blessée et marquée par le péché, par le mal et par la mort ; un Dieu qui en Jésus va ainsi nous faire passer de la mort à la vie et nous dire que le mal comme la mort, le mal subi comme le mal que nous faisons – le péché –, n’ont pas le dernier mot de notre existence, mais que la vie elle-même et le don de soi par amour sont et seront victorieux, quoi qu’il arrive, avec Jésus, si nous le rendons partenaires de ce que la vie nous fait traverser.

Marie n’avait sans doute pas conscience de tout cela quand elle a dit oui à l’ange. Elle va advenir elle aussi à sa mission, grâce à ce « oui » qu’elle a osé, grâce à sa confiance, c’est-à-dire grâce à la foi. Et Marie devient ainsi, par son oui, la nouvelle Eve, la mère des Vivants en Christ ; c’est ce que Jésus nous dira finalement au terme de son passage sur cette terre, quand il sera sur la croix, quand il va confier sa mère à Jean son disciple et quand il va le confier lui aussi à cette mère qui devient ainsi notre Mère. Marie devient alors celle qui peut nous soutenir, celle qui porte avec nous nos prières vers le Christ et vers le Père, celle qui intercède pour nous.

Alors, ce soir, j’aimerais simplement qu’on se demande, chacun : que voulons-nous lui partager de nos vies ? Que voulons-nous déposer dans son cœur de mère pour qu’elle le porte avec nous, dans cette confiance que nous devons renouveler avec elle en Jésus que « rien n’est impossible à Dieu » ?

Nous allons prendre quelques instants de silence pour lui confier tout ce qui nous habite maintenant, tout ce que ces mots éveillent en nous ; pour qu’avec Marie, et avec le Christ, avec Jésus, nos prières montent jusque dans le cœur de Dieu ; nous le faisons dans la confiance que l’Esprit Saint va nous envelopper nous aussi de sa présence, qu’il est cette force que Jésus nous donne pour avancer et qu’il peut souffler en nous des chemins de réponses à ce qui nous préoccupe ou ce qui nous questionne…

Ensemble, maintenant, nous prenons quelques instants de silence et de prière…

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L'illustration de cette publication : peinture sur bois de Tony Castro (Communauté catholique Reine de la Paix), décembre 2014.

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