Diaconesses. Les femmes dans l'Eglise syriaque

Je viens de terminer de lire cette étude du fr. Ameer Jajé, dominicain, alors que nous sommes au coeur de la semaine annuelle de prière pour l'unité des chrétiens. Il aborde la question de la place et d'un ministère des femmes tel qu'il a pu se vivre au cours des siècles dans les Eglises orientales de tradition syriaque.

Or, rappelons-nous, non seulement que cette question de la place des femmes est récurrente dans nos Eglises aujourd'hui et que le pape François, pour l'eglise catholique, a mandaté une commission théologique à travailler la question des femmes diacres dans l'histoire, pour comprendre ce qu'il en fut réellement et quel fut leur ministère, sous quelle forme, avec quelle ordination ou consécration ; et rappelons-nous aussi que Jean-Paul II nous invitait à vivre la démarche oecuménique comme un “ échange de dons ”. N'avons-nous pas, du coup, à entendre comment d'autres Eglises ont vécu très concrètement cette question de la place des femmes et quels ministère et fonctions leurs furent confiées, liturgiques, pastorales et ecclésiales  ?

L'étude du fr. Ameer Jajé est en deux parties assez différentes (mais complémentaires). La première sur ce ministère de diaconesses tel qu'il put se vivre dans ces Eglises de tradition syriaque. Et une seconde étude sur cet ordre de femmes consacrées (comme il y avait d'ailleurs et aussi des hommes consacrés) qui exerçaient des fonctions liturgiques et caritatives (de type infirmières ou aides-soignantes), ordre qui a finit par disparaître au Xème siècle, ou plutôt à se réduire ou se réorienter vers les femmes des prêtres (appelées “ prêtresses ”) qui avaient alors des fonctions liturgiques et même une forme d'ordination et de consécration.

Certains évêques reposent aujourd'hui la question de réinterroger l'histoire pour répondre aux besoins actuels, dans notre monde, dans leurs Eglises...

Si tous ces offices ou ministères ont aujourd'hui disparut dans ces Eglises, c'est intéressant de s'y pencher quand même un peu, ce qui nous ici proposé. On voit notamment qu'il y avait donc de véritables ministères pur ces femmes, ministères liturgique, pastoral et diaconal ; pour les rites du baptêmes, pour les femmes, sous la présidence du prêtre ; mais aussi pour la prédication et l'enseignement catéchistique des femmes ; et pour s'occuper des femmes malades. L'auteur nous dit que ce ministère s'est estompé jusqu'à disparaître quand il n'y a plus eu de baptêmes d'adultes (en raison, semble-t-il dire, de la domination musulmane).

Cette double étude nous explique tout cela et ajoute aussi la traduction et le commentaire des liturgies d'ordinations de ces types de ministères ci-dessus évoqués. Pour les diaconesses ont voit qu'il y a très peu de différences d'avec l'ordination des hommes diacres. Etonnamment il n'y a pas en soi de prière d'invocation de l'Esprit Saint, même s'il y a bien un rite d'imposition des mains et s'il y a bien aussi des invocations à l'Esprit, ci et là, au fil du déploiement des rites (comme pour l'ordination des hommes).

Une double étude intéressante, donc. Pour nos réflexions et recherches quant aux ministères et la place des femmes dans l'Eglise catholique ; et pour les liens oecuméniques, comme “ échange de dons ”.

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Ameer Jajé, op., Diaconesses. Les femmes dans l'Eglise syriaque, Domuni-press, septembre 2016, 124 pages, 16€.

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