25 Mai 2017
Jeudi 25 mai 2017 (Année A)
Bourgoin-Jallieu, église St Jean-Baptiste (messe pour toute la paroisse)
Ac 1,1-11 / Ps 46 (47) / Ep 1,17-23 / Mt 28,16-20
J’aimerais que nous laissions résonner en nous ces mots que nous venons tout juste d’entendre…« Moi, dit Jésus, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde »... J’aimerais que nous les laissions nous habiter, nous façonner, car c’est Bonne nouvelle…
« Moi, dit Jésus, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde »...
Je ne sais pas comment vous les recevez, mais quelle promesse ! Jésus nous assure de sa présence pour toujours, et donc pour chaque jour ; il nous dit qu’il sera là et qu’il est là avec nous… Qu’est-ce que ça change pour nous de savoir cela ?
Moi je suis toujours ému à l’écoute de cette Parole. Jésus est là. C’est vrai qu’il y a une sorte de paradoxe car nos yeux ne le voient pas, on aimerait être sûr que c’est vrai cette promesse. Sauf que c’est à recevoir avec le cœur, comme l’ont découvert nos amis les pèlerins d’Emmaüs. Il y a comme un paradoxe car la réalité visible semble contredire le réel de ces mots que j’entends pourtant et vraiment comme une promesse de vie ! Jésus est là, de le croire ça change tout, je peux lui confier tout ce qui fait ma vie, dans la prière ; je peux lui demander aussi qu’il m’éclaire pour trouver comment répondre aux appels du monde que je vais entendre autour de moi si je veux bien écouter et ceux de l’évangile, et je peux même lui demander qu’il soit à mes côtés dans ce qu’il me faudra vivre, qu’il porte avec moi ce qui est à porter…
« Et moi, dit Jésus, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde »…
Le seul problème, avec cette promesse, c’est que nous ne le voyons pas, Jésus. Pourquoi ? Et du coup, comment peut-il être présent, comment est-il présent ?
Cette fête de l’Ascension qui nous rassemble ce matin vient justement répondre à ces questions. Et les textes qu’on vient d’entendre nous permettent de comprendre ce mystère de la présence de Jésus au cœur même de son absence apparente. Parce qu’alors même qu’il promet sa présence, Jésus remonte pourtant vers le Père. Voilà ce que nous célébrons aujourd’hui. Jésus va au Père et c’est là qu’est notre destination à nous aussi. Jésus est bien ressuscité, il s’est d’ailleurs donné à reconnaître à plusieurs reprises, pour que nous entrions dans cette promesse de vie, dans cette dynamique d’une vie autre, en Dieu. Et une fois que ses proches ont compris que la vie a été plus forte que le mal et que la mort et donc que la vie pour nous aussi sera vainqueur, alors Jésus peut les laisser ici-bas pour nous attendre en Dieu. Mais il ne les laisse pas seuls, il sera désormais présent autrement. Il l’a promis.
Désormais, c’était l’évangile de dimanche dernier, Jésus est présent par l’Esprit Saint, celui là-même que nous fêterons et accueillerons à la Pentecôte, ce Souffle de vie et d’amour de Dieu qui est promis et donné à qui le demande ; ce feu intérieur, cette lumière intérieure, qui peut nous guider et nous ouvrir à la connaissance de la vérité – rappelez-vous, Jésus est le Chemin, la Vérité et la Vie.
L’Esprit Saint… C’est lui que nous invoquons, au cours de l’eucharistie, pour que le pain et le vin deviennent le Corps et le Sang du Christ, le sacrement de sa présence. Et nous l’invoquons sur nous-mêmes pour que nous le devenions nous aussi, que nous devenions ce que nous recevons, le Corps du Christ, que nous le devenions ensembles et par notre communion à ce mystère. Voilà encore comment Jésus est désormais présent, non seulement par le pain et le vin consacrés de l’eucharistie mais également par ses disciples que nous sommes, et même par ces disciples-missionnaires que nous devons devenir.
C’est bien ce qu’on a entendu dans l’évangile de ce matin, juste avant cette promesse dont je parlais au tout début de cette homélie. « Allez, dit Jésus, de toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et apprenez-les à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Jésus a besoin de nous. Dieu a besoin de chacun de nous, ensemble, en Eglise, pour être présent à ce monde. Il a besoin de nous tous pour être annoncé, il a besoin de nous tous pour prendre soin de celles et ceux qui souffrent. Rappelez-vous cet appel de l’évangile de Matthieu que le pape François nous a rappelé pour l’Année de la miséricorde, l’année dernière : « Devenez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux » ! Oui, le Père a besoin de disciples qui deviennent des témoins en paroles et en actes de son amour sauveur, son amour qui console, son amour qui pardonne, son amour qui veut redonner espérance au cœur de ce monde marqué par le mal et par la mort.
Jésus a besoin de nous ! Et pour cela il a besoin que nous lui fassions confiance, oui il est là, présent autrement, présent dans son eucharistie et grâce à notre présence dans ce monde. Oui il est là, il est avec nous, et il nous donne pour cela son Esprit Saint. Mais encore faut-il que nous y croyions et encore faut-il que nous nous ouvrions à cette force de vie qu’il nous promet.
C’est bien ce qui nous était dit dans la 1ère lecture quand Jésus fait cette autre promesse à ses disciples : « Vous allez recevoir une force, quand l’Esprit Saint viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins (…) jusqu’aux extrémités de la terre ».
Cette force de l’Esprit Saint il nous faut la demander avec insistance. Dans la confiance que Jésus est là, comme il l’a promis, alors même qu’il est auprès du Père. Dans la confiance que cette force viendra sur nous, c’est ce que nous allons célébrer dans quelques jours, à la Pentecôte, et c’est ce que nous célèbrerons tout particulièrement avec les 55 confirmands de notre doyenné, le 18 juin prochain – je vous invite à prier pour eux !
« Vous allez recevoir une force, quand l’Esprit Saint viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins (…) jusqu’aux extrémités de la terre »… C’est un appel pour nous, et c’est promesse à réentendre toujours et encore : oui l’Esprit Saint nous est donné, l’Esprit Saint rend Jésus présent dans le mystère de l’eucharistie et il nous appelle à devenir présence de Dieu. C’est l’Esprit Saint qui fait et qui fera notre communion ensemble, c’est en lui que nous pourrons devenir toujours plus une communauté joyeuse et fraternelle de disciples et de témoins.
Alors prions tout spécialement ce matin pour cela… Demandons à Jésus et au Père ce Souffle de vie, et surtout laissons-nous façonner ensemble par lui. Demandons-lui notamment qu’il nous donne toujours plus et qu’il nous donne le goût d’une vie paroissiale plus communautaire où il fasse bon se retrouver et refaire nos forces ensemble… Demandons-lui aussi le goût de la mission, et les mots pour apprendre à dire un peu, beaucoup, passionnément, en quoi le Christ nous fait vivre… Et écoutons ce qu’il nous souffle à chacun, dans le silence de nos cœurs…
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Illustration : tableau de Rembrandt.