21 Janvier 2018
J'ai été très impressionné par ce film. Très. Non seulement par la qualité cinématographique, les prises de vue, le jeu des acteurs, notamment Gary Odlman qui joue le rôle de Winston Churchill, mais tout autant si ce n'est plus encore par l'évènement ici raconté. 25 jours qui furent un tournant historique.
Quand Churchill arrive au pouvoir en mai 1940, Chamberlain qui doit laisser sa place veut négocier des accords de paix, pour épargner au pays la défaite. Il est très affaibli politiquement, il est malade aussi. Il démissionne, alors que son parti a toujours la majorité, en vue que puisse se former un gouvernement d'union, avec l'opposition ; mais à qui laisser la place pour cela ? Le seul pressenti, son fidèle Lord Halifax, proche du roi, ne veut pas le poste. Le sort tombe sur Churchill qui était alors ministre de la guerre et à qui on reprochait pourtant et on reprochera encore quelques défaites écrasantes. Nous sommes le 10 mai 1940, il dit oui et prononce son premier discours-programme.
Quand Churchill dit ce oui, il n'a pas la confiance du roi qui n'a d'autre choix pourtant que de lui demander de former ce gouvernement d'union, et il ne croit pas en des pourparlers de paix. Son discours du 13 mai 1940 fait même peur au Parlement et à son propre camp politique. De plus, il met du temps à comprendre vraiment le naufrage militaire qui est en train de se jouer sur le front français où les troupes anglaises sont rassemblées. Il est prêt à sacrifier une partie de son armée pour en sauver une autre et la ramener sur le territoire anglais pour le défendre de l'invasion nazie qui est une machine de guerre d'une puissance et d'une rapidité folles. Son Conseil de guerre qu'il a voulu très large, avec ses opposants, y compris de son propre parti, ne le suit pas. On veut lui faire entamer des pourparler de paix, par l'intermédiaire de l'Italie. Une capitulation, en fait.
Sa force sera celle de ses doutes, mais aussi sa détermination à vouloir sauver sa nation, sa colère également, et le soutien de son épouse (interprétée par Kristin Scott Thomas) qui sait trouver les mots qui lui redonnent confiance. Dans le film, sa secrétaire aussi, Miss Layton (Lily James) qui a perdu son frère sur le front de Calais. Et ces deux rencontres surprenantes dont je ne sais si elles sont historiques en tant que telles : celle du roi qui le visite une nuit pour lui donner son soutien alors que lui-même refuse d'envisager l'exil au Canada de la famille royale et que Churchill est sur le point de suivre finalement l'avis de son Conseil de guerre ; et celle, dans le métro, avec des citoyens qui ne veulent envisager cette capitulation à laquelle on l'accule, qui lui disent être prêts à se battre jusqu'au bout pour que le Royaume-Uni reste debout, jusqu'au bout voire jusqu'à l'anéantissement s'il le fallait.
Ce film nous plonge dans ces heures sombres de l'histoire, celle de cette décision géniale et tellement folle et risquée de sauver les flottes encerclées à Dunkerque en affrétant des bateaux civils, l'opération Dynamo (ce que raconte cet autre film d'il y a quelques mois que je n'ai pas encore vu), et celle de décider de ne pas envisager de pourparlers de paix qui mèneraient à la capitulation. Les heures sombres aussi d'un homme seul contre tous qui sut pourtant mobiliser son Parlement et sa nation. Les combats furent rudes ensuite, mais l'on sait que cette décision permis à des gouvernements de pays européens annexés par l'Allemagne nazie de trouver asile à Londres et que s'envisage et se construise ce qui permettra la fin de la guerre, cinq ans plus tard.
25 jours et trois discours historiques qui ont sans doute changé le cours de l'histoire. En des heures bien sombres. Un très beau film de Joe Wright qui, je le redis, m'a impressionné.