Homélie mercredi 2 mai 2018

Mardi 2 mai 2018 / 5èmesemaine du Temps Pascal

Maison ND de la Strada + Maison Ste Thérèse (Bruxelles)

Ac 15,1-6 / Ps 121 / Jn 15,1-8

 

Vous connaissez ce chant avec son refrain qui dit : « La gloire de Dieu notre Père c’est que nous demeurions dans l’amour du Christ, la gloire de Dieu notre Père c’est que nous portions beaucoup de fruit ». Ce refrain sonne comme une conclusion ou une synthèse de cette page d’évangile que nous venons d’entendre et que nous avons déjà entendue dimanche, comme s’il fallait que vraiment nous l’entendions, que vraiment nous la laissions descendre en nous, qu’elle vienne nous façonner profondément.

 

Ce refrain, ce chant, il a été pris il y a quelques semaines à une messe du vendredi à l’IET, pendant le temps du carême, à un moment difficile pour moi puisque le médecin venait de m’annoncer quelques jours plus tôt que je ne serais pas guérissable vu l’avancée de la maladie. Et ce jour là, ce refrain m’a été insupportable à entendre. « Porter beaucoup de fruit »… Qu’est-ce que ça veut dire pour moi aujourd’hui ?

 

En fait l’évangile qu’on vient d’entendre conclut en disant deux choses : « Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples ».

 

Derrière cet appel à « porter beaucoup de fruit » c’est toute la question de la fécondité de nos vies et de nos engagements. C’est la question de la fécondité de notre ministère ou de votre ministère à venir. C’est la question aussi de la fécondité du célibat auquel nous nous engageons. S’il n’y a pas de fécondité envisagée, si nous n’y croyons pas que ce sera fécond, alors que faisons-nous, que faire ? 

 

Je pense aussi, même si c’est un peu d’un autre ordre, à tous ces couples en attente et en souffrance d’enfants, qui se demandent, et qui le demandent parfois à Dieu, à quelle fécondité autre ils sont appelés…

 

« Porter beaucoup de fruit »… Cette question de la fécondité c’est ma question depuis que je suis malade… Mais c’est celle qui se posera à vous aussi, dans tel ministère qui vous sera confié dans lequel vous ne vous sentirez pas forcément ou pas spontanément à la bonne place… Et il va falloir faire confiance, y croire, se dire que là, comme nous sommes, avec ce que nous sommes, le Seigneur compte sur nous.

 

Quelle fécondité ? Je ne sais pas. D’ailleurs Jésus répond-il à cette question ? Je ne crois pas. Si ce n’est par cette phrase que nous avons entendue : « en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » ; et par les mots qu'il nous adresse en finale de cet page d’évangile : « que vous soyez pour moi des disciples ».

 

Tout est là. Et tout est plus largement dans ce « demeurer avec lui », lui le Christ, ce « demeurer avec lui » auquel il nous appelle et qui traverse tout l’évangile de Jean. Il est la vigne, nous sommes les sarments. Notre vie, notre ministère, votre ministère à venir, n’aura de sens que si vous êtes reliés toujours et d’abord au Christ, et si nous nous donnons les moyens d’en faire notre mission première, ce qui est, vous le verrez, un vrai défi du quotidien.

 

En tout cas elle est là la réponse. Quoi que nous fassions, quels que soient nos charismes, que nous soyons des bâtisseurs de projets et de supers curés, que nous soyons de bons vicaires ou des prêtres balbutiants avec leurs faiblesses, que nous soyons de ceux sur qui nos évêques comptent pour la transformation missionnaire de nos diocèses ou de nos paroisses ou que nous soyons malades et apparemment sans utilité, l’enjeu pour nous tous c’est de nous enraciner toujours et encore dans l’amour du Christ et dans sa Parole, c’est de « demeurer en lui », c’est de nous mettre à son écoute, c’est-à-dire à l’école de sa Parole et à l’écoute de l’Esprit qui souffle en nous, comme dans l’accueil de sa présence dans la prière et les sacrements.

 

Il s’agit pour chacun de nous de laisser sa sève nous irriguer et nous façonner jour après jour, années après années. Alors, oui, nous porterons du fruit, les fruits d’Evangile que Dieu voudra et comme il le voudra… Et pour le reste, laissons le Christ faire ce qu’il veut par nos vies...

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