12 Janvier 2019
Samedi de la semaine après l’Epiphanie
Maison Ste Thérèse (Bruxelles)
1Jn 5,14-21 / Ps 149 / Jn 3,22-30
En lisant et en méditant ces textes pour préparer un peu ce que je pourrais vous en dire maintenant, je vous avoue que je suis d’abord resté un peu perplexe. L’évangile, à la rigueur, ça va. On connaît la figure de Jean-Baptiste, on connaît son « il faut qu’il grandisse ; et moi que je diminue ». Et personnellement j’aime, ça me parle, quand il nous dit : « l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux. Telle est ma joie : elle est parfaite ».
C’est l’appel qui nous est fait, un des appels : devenir amis de l’époux. Là sera notre joie. Cette joie dont Jésus reparlera dans son grand discours d’adieux dans le même évangile de Jean (ch. 15). Et ce sera encore une histoire d’amitié : « Je ne vous appelle plus serviteur je vous appelle amis »... « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande »… « Je vous dis tout cela pour que ma joie soit en vous et que vous soyez comblés de joie »...
Le problème, si je puis parler ainsi, c’est que notre joie est entachée. Elle est entachée par ce dont il est question dans la 1ère lecture. Par le péché. Et c’est là, dans ce que nous en dit l’auteur de cette lettre, que spontanément je suis resté un peu perplexe. Nous le savons, oui, nous sommes pécheurs. La liturgie ne manque pas de nous le rappeler, les appels de l’Evangile aussi, notamment les appels incessants à la conversion. Ce qui m’a laissé un peu perplexe c’est quand St Jean nous dit : « Nous le savons : ceux qui sont nés de Dieu ne commettent pas le péché ; le Fils engendré par Dieu les protège et le Mauvais ne peut pas les atteindre »…
Il y a une tension… Nous faisons l’expérience – assez souvent si nous regardons bien et en vérité ce qui fait notre vie – nous faisons l’expérience que nous manquons la cible de l’appel à aimer, que c’est difficile, et même que parfois nous ne voulons pas ; nous faisons l’expérience de notre participation au mal, nous faisons mal et nous nous faisons mal. En un mot : nous sommes pécheurs. Et pourtant, ne sommes-nous pas quand même enfants de Dieu de par notre baptême ? Ne sommes-nous pas enfants de Dieu par notre désir de vivre pour de vrai à sa suite et avec lui ?
« Nous le savons : ceux qui sont nés de Dieu ne commettent pas le péché ; le Fils engendré par Dieu les protège et le Mauvais ne peut pas les atteindre »…
Il nous faut devenir ce que nous sommes. Nous le sommes en puissance. Mais c’est toujours à accueillir et à faire advenir. Il nous faut pour cela prier, dans la confiance qu’il écoute, disait aussi notre lecture, et dans la confiance que nous obtiendrons ce que nous demandons, si c’est selon la volonté du Père.
Prier, donc. Demander au Seigneur de nous laisser éclairer et transformer par sa Parole, lui demander de nous laisser renouveler par son Esprit Saint et par ses sacrements, lui demander qu’il nous soit donné de vouloir mettre en application la finale de ce que nous avons entendu en 1ère lecture : nous garder des idoles. Et donc, pour cela, les débusquer, les regarder en face, en vérité. Et même nous y aider les uns les autres par la correction fraternelle.
L’enjeu il est dans l’appel d’amitié que nous avons réentendu avec Jean le Baptiste : être et devenir les amis de l’époux. Être et devenir amis de l’époux, malgré notre péché, alors que nous voulons vivre en enfants de Dieu. Et trouver là notre joie, la joie parfaite, celle qui va nous remplir de paix.
C’est ce que nous demandons tout particulièrement au cœur de cette eucharistie. Amen.