5 Mai 2019
Julian Schnabel nous offre là un film tout autant sublime que déroutant. Et contemplatif par certains côtés, méditatif et spirituel, car il est tout autant le récit de qui fut Vincent van Gogh qu'une entrée dans sa quête de sens, pour ne pas dire sa foi.
Un film sublime, donc, mais déroutant. C'était le premier mot qui me venait. Déroutant dans la façon de filmer, tout en caméra portée, très vif, qui donnerait presque le tournis parfois. Comme une illustration de ce que Gauguin dira à son ami de sa peinture : “Tu vas trop vite”. Déroutant aussi car nous entrons dans l'univers de folie du peintre et avec lui un peu dans celui de la psychiatrie de l'époque. Déroutant encore car nous sommes souvent mis dans ce que van Gogh voit lui-même, avec sa vue mauvaise, abîmée, brouillardeuse.
Mais c'est sublime. Le voir peindre, de si près – car la caméra s'approche et nous fait entrer dans les détails. Le voir peindre, si vite certes, si précisément, entrer ainsi dans son regard sur le monde et la nature. Magnifique. Et contemplatif, souvent. Avec la voix off de ce qui traverse son esprit, les résonances que cela prend, comment cela s'inscrit en lui.
Un film qui nous plonge également dans la relation complexe d'amitié qui le liait à Paul Gauguin, celle encore avec ce médecin qui l'accompagna ses derniers mois de vie, et l'histoire de la présence aimante et protectrice de son frère Théo. Mais leurs distances aussi, à tous, car vivre avec Vincent van Gogh n'était visiblement pas de tout repos.
La photographie est très belle, même s'il faut s'habituer à cette façon de filmer. Et la bande son est intéressante, déroutante elle aussi mais tellement bien au service de ce qui se trame et se joue pour nous tous. Sublime, bien que déroutant. Et contemplatif, oui.
Willem Dafoe est assez génial dans ce rôle, déroutant (lui aussi) de vérité dans son jeu et ce qu'il fait passer. Pour moi, au final, du grand cinéma.