Homélie dimanche 12 juillet 2020

15ème dimanche du Temps Ordinaire - Année A

Is 55,10-11 / Ps 64 / Rm 8,18-23 / Mt 13,1-23

 

Normalement, là, je pourrais vous épargner mon homélie puisque Jésus vient d’en faire une. Sauf qu’il y a un problème ! D’abord pas si sûr qu’on ait vraiment compris ce qu’il veut nous dire, mais surtout il va un peu vite en besogne : ça ne marche pas bien son histoire !

C’est quoi ce semeur qui semble semer n’importe comment !? Je n’y connais pas grand-chose en jardinage ou en aménagement d’espaces verts – et c’est peu de le dire – mais un semeur qui connaît son boulot je ne crois pas qu’il sème n’importe où sans se poser de questions !

Et cette histoire de terre qui soit bonne ou pas, ok je vois bien ce qu’il veut dire mais moi je me demande quand même si une terre est bonne en soi !? Il me semble que toute terre est d’abord et avant tout une terre à travailler. Il va falloir désherber, enlever les ronces, retirer les pierres, et alors, oui, on pourra ensemencer ou planter ; alors, oui, on pourra se dire que la terre est bonne et que ça va marcher !

Je crois que la pointe de ce que Jésus veut nous dire elle est là, justement. Le semeur c’est Dieu qui veut se révéler à tous, qui veut se faire connaître et qui veut s’adresser à nous. Il y va, il y va abondamment, il y va carrément. Comment ? Par sa Parole qu’il veut ensemencer en nous. Or sa Parole c’est quelqu’un, c’est le Christ Jésus, annoncé par les prophètes et dont la venue est préparée par toute l’histoire d’Israël que nous pouvons lire dans nos bibles, cette histoire de ce peuple qui apprend à découvrir qu’il y a un Dieu qui est là, un Dieu qui l’aime, un Dieu qui veut le sauver du mal, un Dieu qui lui pardonne ses infidélités, un Dieu qui aime tellement ce monde qu’il a donné et envoyé son propre Fils pour se révéler pleinement, pour se dire pleinement, pour se donner à connaître pleinement, et nous donner à comprendre combien il nous aime, et combien il a besoin de nous pour que son œuvre de salut soit effective dans ce monde tel qu’il est et qui est laissé à sa liberté.

Et la question pour nous sera de savoir si nous voulons bien y croire et si nous voulons bien en faire notre force de vie. La question sera toujours de savoir si nous osons mettre notre confiance en Dieu et en son projet de salut. Même si nous ne comprenons pas tout. En acceptant justement qu’il faille travailler la terre que nous sommes et que petit à petit, année après année, au fil des rencontres et des évènements, nous allons comprendre mieux et grandir en amitié avec ce Dieu qui nous aime.

Et la Bonne nouvelle qu’il nous faut entendre ce soir c’est celle que le prophète Isaïe nous a donnée dans la 1ère lecture, une bonne nouvelle en apparence toute simple et qui sonnerait presque comme une évidence : comme la pluie qui abreuve la terre et fait grandir les semences, la Parole de Dieu – sa Parole qu’est le Christ Jésus – fera quoi qu’il arrive son œuvre en nous, l’œuvre du Père. Et c’est lui seul, le Christ, et mon écoute de cette Parole, qui vont rendre ma vie féconde, féconde de foi et d’Évangile, au coeur de ce que la vie m’amènera à traverser.

Ce que l’Évangile de ce soir dit lui aussi : si la terre est bonne il y aura des fruits en abondance…

Concrètement pour nous, ça veut dire quoi ? Eh bien ça veut dire que je suis appelé à me donner les moyens d’accueillir cette Parole et de me laisser travailler par elle, me laisser travailler intérieurement par le Christ Jésus qui veut se rendre présent à ma vie, et me laisser travailler intérieurement par l’Esprit Saint que Jésus a promis à ses disciples.

Me laisser travailler, oui. C’est un vrai enjeu pour nous. Notamment parce que ça veut dire que ça ne va pas être à la seule force de nos bras ou de notre volonté, il y a à demander à Dieu lui-même de faire le travail en nous et pour cela à nous mettre en disposition de le laisser faire.

Le psaume l’a dit : c’est lui, Dieu, qui prépare la terre. C’est son job, c’est son œuvre à lui. Et moi, vous, donnons-nous les moyens de nous laisser faire. Décidons d’écouter vraiment ce que ces textes veulent nous dire jour après jour et dimanche après dimanche. Décidons de croire que c’est une Parole qui nous est adressée, pas juste des belles histoires du passé, mais des récits par lesquels Dieu veut aujourd’hui encore parler à chacun de nous, mystérieusement mais réellement.

Et apprenons à la lire et à l’écouter cette Parole, en faisant silence en nous, notamment en la priant. Apprenons à écouter le bruissement en nous de ces mots que Dieu veut nous adresser, à entendre ce que ça vient susciter et éveiller au cœur de ce que nous vivons et au cœur des appels du monde que nous entendons… Apprenons à entendre ce que ça souffle et murmure en nous.

Car l’Esprit Saint est là, qui veut nous donner à comprendre ce que Dieu veut nous dire. Et comme le disait St Paul dans la 2ème lecture : « Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ; nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint »… Alors laissons-le prendre toute place en nous, notamment par la prière.

Oui, laissons-le prendre toute place en nous pour faire toute place au mystère de la Présence du Christ qui se dit dans sa Parole et qui se donne ce soir encore dans l’eucharistie que nous allons célébrer et recevoir. Et laissons-nous ainsi façonner par ce que Dieu veut nous révéler de lui et nous dire aujourd’hui à la suite du Christ et à son exemple, ce qu’il veut nous révéler et nous dire dans ces appels d’Évangile que le Christ adresse à ses disciples et qui sont notre feuille de route à nous aussi pour vivre et pour trouver le bonheur…

C’est vrai que parfois nous pouvons nous décourager de ne pas toujours comprendre ou de ne pas arriver à prier ou de ne pas savoir que faire concrètement de ce que nous entendons comme appels, c’est vrai… Parfois nous nous décourageons aussi de ne pas savoir vraiment comment le Christ est présent à ce que nous vivons ou ce qui nous questionne en ce monde… Mais s’il vous plaît, entendons la Bonne nouvelle du prophète Isaïe ce soir, entendons que quoi qu’il arrive la Parole de Dieu qu’est le Christ fait et fera son œuvre en nous, notamment son œuvre de salut, son œuvre de vie plus forte que le mal et que toute forme de mort. Entendons et croyons que pour cela cette Parole qu’est le Christ va petit à petit nous façonner et que ça va vraiment devenir Bonne nouvelle et Parole de vie.

Et pour cela, nous, décidons juste de l’écouter cette Parole, de la lire, et pourquoi pas d’apprendre à entendre avec d’autres ce que Dieu peut vouloir nous dire, par exemple dans une frat’ comme on le propose ici à St Jo.

En tout cas entendons cette Bonne nouvelle d’Évangile que si la terre que nous sommes chacun est travaillée et donc est bonne, alors ça va porter du fruit en abondance. Ça va porter son fruit. Lequel ? Je ne sais pas ! Celui que Dieu voudra et permettra.

Un appel en tout cas à faire confiance, faire confiance en la puissance de Vie de la Parole de Dieu et en son actualité pour nous ; faire confiance en la présence de Jésus avec nous et faire confiance en l’Esprit Saint qui peut réellement travailler nos cœurs et tout notre être si nous le lui demandons.

L’appel il est à prendre soin de la terre que nous sommes chacun, et à nous y aider mutuellement, nous soutenir. C’est tout l’enjeu d’une vie paroissiale et c’est ce que nous voudrions que tous vous puissiez goûter ici à St Jo.

Cet appel à prendre soin de la terre que nous sommes je l’entends de façon particulière en ce début d’été à se demander chacun quels moyens très concrets nous allons nous donner, dans les jours et les semaines qui viennent et notamment dans les jours et les semaines de repos que nous prendrons, nous demander chacun comme faire place à Dieu, pour nous laisser faire par lui, et ainsi prendre soin de cette terre que nous sommes.

Pour le dire autrement : comment se donner les moyens et un peu de temps pour la prière et pour ouvrir et lire la Parole de Dieu et nous laisser ainsi renouveler dans notre confiance en Dieu et notre vie avec lui… Amen.

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