Homélie dimanche 5 octobre 2025

27ème dimanche du Temps Ordinaire - Année C

Ha 1,2-3 ; 2,2-4 / Ps 94 / 2Tim 1,6-8.13-14 / Lc 17,5-10

 

Parfois la Parole vient nous prendre ou nous cueillir alors qu’on ne s’y attendrait pas. Je dis que c’est « parfois » mais en vérité c’est plus souvent qu’on ne veut bien le croire. Et ça dépend pas mal de comment on l’écoute vraiment et comment on se laisse d’avance toucher par la Parole qu’on va lire ou écouter, comment on se dispose à la recevoir.

Mais parfois, ça nous surprend, parce qu’on n’était pas forcément dans les meilleures dispositions pour recevoir une Parole qui nous soit adressée à nous, au cœur de ce qu’on est en train de vivre.

Alors me voilà ce matin, ouvrant mon p’tit Magnificat du mois et prenant un temps de prière pour demander au Seigneur qu’est-ce qu’il faut que je vous dise de ces lectures qu’on vient d’entendre. Et j’ouvre mon p’tit Magnificat sans grande conviction parce que depuis hier soir je n’étais pas au top de ma forme morale – ce qui arrive même aux prêtres, on est comme vous tous. Vous savez, une espèce de ras-le-bol ou de découragement, parce qu’on ne voit pas trop comment les choses avancent ou se profilent pour nous, une impression que ce qu’on est en train de vivre ou de traverser est parfois un peu vain.

Pour certains c’est la perspective d’un boulot qui fait finalement peu sens, ou c’est des combats affectifs ou autres où Dieu semble ne pas répondre. Pour d’autres comme moi c’est la fatigue de la maladie qui peine à se stabiliser après des mois de traitements, c’est les rechutes dans le combat et l’impression que ça va être bien long et qu’au final est-ce qu’on veut vraiment se battre.

Enfin bon, pas la meilleure forme du moment, et là je tombe sur ces textes. D’abord ce cri de la 1ère lecture, ce cri adressé au Seigneur, cette espèce de « Qu’est-ce que tu fous ? ça va durer combien de temps tout ça ? il est où ton salut au cœur de ce que moi je traverse ? »

Et puis là j’entends la réponse du Seigneur, ce qu’il dit en tout cas dans ce texte, cette 1ère lecture : l’appel à la fidélité. Et là j’entends deux choses : l’appel à la confiance – la confiance malgré tout – et l’appel à la persévérance. Parce que Dieu est fidèle. Malgré tout, malgré ce que j’en perçois immédiatement. Et il est là notre problème : le serpent tentateur nous fait douter de cela, que Dieu est là, qu’il marche avec nous, et que quoi qu’il arrive il est fidèle.

Et là me revient cette définition de l’espérance qui me parle et même qui m’aide. C’est le P. de Kerimel, notre ancien évêque, qui avait dit dans une catéchèse d’un des derniers pèlerinages diocésains à Lourdes qu’il a présidé pour notre diocèse, il avait dit : « L’espérance c’est la certitude de foi que Dieu tient et tiendra ses promesses. »

On est encore dans l’année jubilaire, alors entendons et retenons ces mots – vous avez même le droit de sortir votre téléphone pour le noter – : « L’espérance c’est la certitude de foi que Dieu tient et tiendra ses promesses. »

Qu’est-ce qu’il nous promet ? La vie, et même la vie ressuscitée/re-suscitée au cœur de tout mal et de toute épreuve. C’est ce qu’on célèbre à chaque eucharistie en faisant mémoire du Christ qui s’est donnée par amour et qui meurt sur la croix par amour, pour nous sauver, c’est-à-dire pour nous indiquer que, quoi qu’il arrive, un chemin de vie est promis, pour toujours et donc pour tout-jours, pour chaque jour ; que le mal et la mort, le péché aussi, n’ont pas le dernier mot de notre vie, malgré les apparences premières et immédiates. Et que Dieu est là, même dans ce silence apparent qui parfois nous fait douter de sa présence, de son amour et de son salut…

C’est ce que nous célébrons à chaque eucharistie. Et c’est ce que la révélation biblique ne cesse de nous donner à entendre. Mais encore faut-il écouter, ouvrir nos cœurs, et croire que Dieu veut nous parler aujourd’hui encore.

Et ça, ça va appeler notre fidélité, comme disait la 1ère lecture. Notre confiance, malgré tout, et la persévérance.

Et pour y arriver, pour tenir, pour avancer malgré tout, eh bien la 2ème lecture nous a dit comment faire : il va s’agir de demander à Dieu la force de son Esprit Saint, son Esprit Saint qui est force pour ce qu’il y a à vivre et pour vivre-là les appels de Dieu, l’Esprit Saint qui va être aussi lumière sur le chemin, l’Esprit Saint qui peut nous donner de voir mieux où tout ça nous mène et comment Dieu, là, veut se révéler à nous, au cœur de ce que nous vivons et de ce que nous traversons peut-être de difficile ou de parfois décourageant.

Demandons l’Esprit Saint. L’Esprit Saint, a dit St Paul, qui est « un esprit de force, d’amour et de pondération ». C’est-à-dire qui va nous aider à avancer « tranquilou », pas à pas, un jour après l’autre – pour avancer, justement…

Nous, on voudrait des miracles quotidiens pour croire, mais non, le peu de foi que nous avons suffit. Et Dieu va nous aider à avancer pas à pas, un jour après l’autre ; et comme je dis souvent : un jour après l’autre et on ira plus loin. Parce que l’avenir peut faire peur ou nous décourager par avance quand on est dans le brouillard et qu’on se décourage. Non, un jour après l’autre et on ira plus loin. Et en demandant l’Esprit Saint, en demandant sa force et sa lumière.

Et puis – 2ème chose que nous dit St Paul dans cette même 2ème lecture – à l’écoute de la Parole de Dieu et de ce qui nous est transmis de cette Parole et de la foi de l’Église. Appuyons-nous sur les promesses de vie qui là nous sont racontées. Ces promesses de vie que Dieu vient révéler et nous annoncer. Tout particulièrement avec le Christ Jésus. Écoutons pas à pas cette Parole, écoutons-la jour après jour, semaine après semaine.

Et quand nous ouvrons nos Bibles ou les lectures du jour, demandons-nous bien simplement :

  1. Qu’est-ce que ça raconte et donc qu’est-ce qui là m’est dit de Dieu, de Jésus, de ce qu’il fait au peuple ou à la foule ou aux disciples. Regardons ce qui se raconte.
  2. Et puis du coup arrêtons-nous alors à ce qui nous touche plus personnellement, ou ce qui nous questionne ou ce qui résiste, et demandons au Seigneur qu’est-ce qu’il veut nous donner à entendre là, personnellement ; c’est quoi sa Parole qu’il veut nous adresser, qu’il veut t’adresser à toi, qu’il veut m’adresser à moi…
  3. Et enfin, quelle prière ou quelle intention de prière jaillit de cela. Tout simplement.

Et ça, ces trois étapes, on peut le vivre chacun personnellement, dans notre temps de prière plus ou moins quotidien, mais on peut aussi le vivre à plusieurs, en petite Frat’, pour apprendre ensemble à écouter Dieu qui veut nous parler, Dieu qui veut nous parler à chacun.

Si je reviens à St Paul et si je reviens à cette question, et même cet enjeu, de tenir dans la fidélité, on a donc ces deux « ingrédients » – si j’ose ce mot – que sont l’Esprit Saint qu’il nous faut demander et cette Parole de Dieu qu’on est invités à écouter, à écouter vraiment, et donc à recevoir comme une Parole que Dieu veut aujourd’hui m’adresser.

Alors on va raviver en nous l’espérance, on va raviver en nous, peu à peu, la confiance dans les promesses de Dieu. Et alors on va peu à peu pouvoir continuer notre route des jours et notre chemin à la suite de Jésus. Jésus qui vient nous révéler le chemin de bonheur que Dieu nous promet.

Et c’est bien ça l’enjeu : le bonheur. Mais pas le bonheur clinquant à la manière du monde, non, le bonheur véritable, celui d’un cœur confiant et en paix qui apprend patiemment à vivre les appels de l’Évangile, ces appels qui sont chemin de bonheur et de salut pour ce monde qui en a tant besoin.

Et ça, dans l’évangile de ce jour, Jésus nous dit que c’est à vivre au cœur de ce qu’on a à faire chaque jour. Au cœur de ce qu’on appelle le devoir d’état. Il s’agit d’apprendre à aimer et à pardonner celles et ceux avec qui je suis, en famille, en coloc, aux études ou au boulot, ou dans tel ou tel engagement. Servir l’autre qui est là, servir les appels de l’Évangile dans ce réel-là, et comme je suis, avec ce que je suis, sans rêver d’avoir plus la foi ou je ne sais quoi, non, mais humblement avec ce que je suis et là où je suis. Y compris avec ce cri qui m’habite peut-être ou ce découragement qui me freine certains jours. Mais c’est là que Dieu nous attend, et comme on est, là où on en est.

Et même fatigué ou un peu découragé par la vie ou par les autres ou pas nous-mêmes – pour ne pas dire par le silence de Dieu, parfois –, eh bien on peut essayer d’aimer l’autre qui est là, en tout cas on y est appelé : faire attention à lui, l’écouter, entendre ce qu’il vit ou ses besoins de salut, son cri à lui ou son découragement, mais aussi sa joie de vivre et de se donner, ce qui est beau et bon et qui va nous peut-être même nous redynamiser.

Et on va devenir les uns pour les autres des témoins de ce salut de Dieu qui est déjà à l’œuvre, la vie qui est là et qui se fraie un passage.

Et le soir on pourra se coucher en rendant grâce de ce qui aura été bon, en demandant pardon aussi de ce qui aura été plus difficile et parfois même raté, et puis en confiant tel ou tel au Seigneur. Et on pourra se dire qu’on a été d’humbles serviteurs de l’Évangile, ces simples serviteurs dont Dieu a besoin pour être là et agir dans le réel concret de nos vies…

Voilà le programme ! Un jour après l’autre. Et surtout à l’écoute de la Parole de Dieu et en demandant patiemment la force de l’Esprit Saint et sa lumière. Amen !

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