19 Décembre 2011
Elle est jeune (32 ans) et très belle. Elle, c'est Claire (interprétée de façon magnifique et impressionnante par Marie Gillain). Elle est marié avec Christophe (Yannick Renier) avec qui elle a deux filles. Elle est juge et se retrouve confrontée à une situation qui la lance dans un combat contre les micro-crédits. Vous savez, ces offres de réserve d'argent qui vous prommettent de céder à toutes vos envies mais qui, au bout du compte, vous surrendettent. Car ceux qui souscrivent, ce sont des personnes comme Céline (Amandine Dewasmes), mère de deux enfants en bas âges, au chomâge, qui n'arrive pas à joindre les deux bouts, qui n'attend même plus se savoir où se trouve son ex-mari pour qu'il paye sa pension alimentaire...
Lui, c'est Sébastien (Vincent Lindon, très bon, touchant). Il vit avec Marthe (Pascale Arbillot), il est juge aussi. C'est elle qui vient le chercher. On va la dessaisir de l'affaire, il est spécialiste de ces questions là. Ils vont travailler ensemble. Contrairement à ce que vous pouvez croire ils ne vont pas tomber amoureux - en tout cas si la question peut se poser au spectateur que nous sommes, jamais cela n'est mis en mot ni dévoilé par nos deux personnages. Lui, il est celui qui finit par apprendre, par hasard cet autre combat que mène Claire, cette lutte qu'elle a décidé, en fait, de ne pas mener, et dont elle ne parle même pas à Christophe. Il ne supporterait pas, dit-elle, or il doit rester fort et présent pour leurs filles et pour la suite. Il a pourtant toutes les qualités de la gentillesse et de l'écoute, comme Sébastien, mais il est finalement trop proche ? Claire a besoin de cette distance de Sébastien, discrètement entretnue par ce vouvoiement qu'ils gardent jusqu'au bout ; ils sont avant tout collègues de travail, sur un dossier difficile - une bombe, en fait.
Claire apprend donc qu'elle a une tumeur au cerveau. Le voilà ce non-combat qu'elle doit affronter. Celui de ne pas se soigner car la vie n'en serait que peu allongée mais pourtant gâchée car affaiblie par les traitements. Claire décide de vivre les quelques mois qu'il lui reste. De les vivre debout, jusqu'au bout. Non pas comme une malade en soin qui survit mais comme une femme libre, vivante, qui travaille et s'occupe de ses enfants. C'est son choix. Qui se respecte. Christophe, lui ne comprendra pas qu'elle ne lui ait rien dit. Sébastien, pourtant aura essayé de l'y pousser, mais il aura aussi respecté sa décision, dans le silence. Et jusqu'au bout, l'un comme l'autre, chacun a sa place est là. Le mari qui prend soin, patiemment. Le collègue-ami qui permettra à Claire, finalement hospitalisée, de céder à quelques envies pas bien méchantes même si elles ne sont pas permises : une petite sortie nocture pour se promener, un petit peu de travail pour gagner une manche dans la bataille contre les agences de micro-crédits. Des choses du côté de la vie. Pas de la maladie.
Tout est dit de ce film de Philippe Lioret (Je vais bien, ne t'en fais pas ou encore Welcome...). Tout, sauf à rajouter qu'il est librement inspiré d'une partie du très beau livre-récit d'Emmanuel Carrère, D'autres vies que la mienne, chez P.O.L. qui s'insiprait lui-même d'une histoire vraie. Tout est dit, donc de ce film qui est dur, ou plutôt bouleverdant, et pourtant magnifique. A voir si vous le trouvez encore dans une salle.