Homélie lundi 13 nov. 2017

Lundi de la 32ème semaine du Temps Ordinaire

Sg 17,1-7 / Ps 138 (139) / Luc 17,1-6

Jésus commence fort dans cet évangile qu’on vient d’entendre… Ils sont même durs ses propos, terribles… Et la première chose à laquelle j’ai pensé, excusez-moi, c’est toutes ces histoires, ces scandales, qui traversent l’Eglise depuis plusieurs années. J’ai pensé à ces quelques prêtres qui, pardon l'expression, me donnent la nausée, qui sont malades en fait et qui pourtant restent des frères, pour qui il faut prier, et j’ai pensé bien évidemment aux victimes et à leurs familles, pour qui il faut prier également...

Je relis notre début d’évangile : « Il est inévitable, disait Jésus à ses disciples, que surviennent des scandales, des occasions de chute ; mais malheureux celui par qui cela arrive ! Il vaut mieux qu’on lui attache au cou une meule en pierre et qu’on le précipite à la mer, plutôt qu’il soit une occasion de chute pour un seul de ces petits »

Évidemment que Jésus ne parlait pas et ne pensait pas encore aux scandales de pédophilie qui traversent notre Eglise ou autres scandales d’ailleurs ; mais quand même, c’est dur ce qu’il dit, c’est terrible ! Elle est où, là-dedans, la miséricorde du Père ?

En posant cette question, je n'évacue pas le problème ni les scandales. Mais c’est la question qui m’est venue. Ces paroles de Jésus sont terribles je trouve, et elle est où la miséricorde du Père là-dedans ? Et ça veut dire quoi, concrètement ?

Ouf, c’est justement la suite du texte. Ouf, d’autant plus que ces propos qui semblent fermes et sans appel nous concernent tous, en fait, dans notre vivre ensemble… Jésus nous invite à nous reprendre les uns les autres, et à entrer en chemin de pardon. Ça n’est pas si facile, nous le savons bien, c’est long parfois, c’est dur. Vous irez relire le chemin qu’il nous propose en Mt 18…

Pardonner et toujours pardonner. Il insiste. Et c’est là qu’est la Bonne nouvelle du jour. Parce qu’il ne s’agit pas d’un impératif catégorique, une règle, une loi morale. Pardonner et apprendre à pardonner juste parce que c’est le seul chemin de salut possible, de salut c’est-à-dire de libération, de bonheur, et de paix.

Et il nous appelle Jésus, à y croire, lui faire confiance, qu’avec lui c’est possible ou ça le deviendra. Y croire, lui faire confiance, ne serait-ce qu’un peu, aussi petite qu’une graine de moutarde serait notre foi...

Car Dieu peut tout. Pour moi. Et pour mon frère ou ma soeur. Si j’accepte de décider d’y aller et, là, de me laisser faire, d’écouter ce qui sera soufflé en moi comme chemins possibles.

Lui faire confiance. Lui demander la foi, la confiance, comme un don qu’il offre et promet… Lui faire confiance plutôt que de se laisser aller – c’est souvent notre penchant naturel – à ce que le Livre de la Sagesse, dans la 1ère lecture, appelle « les pensées tortueuses ».

Oui, c’est vrai, c’est compliqué en nous. Oui, c’est compliqué de croire parfois que des pardons et des réconciliations sont possibles, dans certaines situations. Et c’est même parfois compliqué de les vouloir…

Oui, c’est vrai, ça nous est difficile d’oser croire que nous sommes appelés à pardonner ; non pas à oublier ou faire comme si ça n’avait pas été ou comme si ce n’était pas grave, mais appelés à oser croire pourtant que l’autre, comme moi d’ailleurs, nous ne sommes pas seulement nos actes, que nous ne sommes pas réductibles au mal que nous faisons ; croire que l’autre, comme moi, certes est pécheur, mais que quoi qu’il arrive, quoi qu’il ait fait, a droit à la vie, qu’un chemin est possible pour lui, que Dieu l'aime et veut se laisser aimer par lui, et même qu’il y a quoi qu’il arrive et quoi qu’il ait fait du bon et du beau en lui, parfois très enfoui, mais qui ne demande qu’à éclore et à germer, à grandir, pour qu’un chemin de vie soit possible.

« Augmente en nous la foi, Seigneur »…

Oui, demandons-lui toujours cette confiance en lui et demandons-lui sa force de vie qu’est l’Esprit Saint, qui va travailler nos cœurs à chacun mais qui est pour cela à demander et à accueillir, dans la prière… Et demandons à Jésus d’entrer petit à petit, jour après jour, pas à pas, dans ce regard du Père qui est miséricorde, ce regard d’un amour qui console, qui pardonne et qui donne l’espérance.

Le Seigneur connaît nos cœurs, à chacun ; la 1er lecture comme le psaume nous l’ont rappelé. Il connaît nos pensées tortueuses et nos manques de foi, de confiance. Mais il connaît aussi nos désirs de vie et même les chemins de réconciliations sur lesquels nous devons continuer ou commencer à avancer.

Dans cette eucharistie, ce matin, que Jésus qui se rend mystérieusement mais réellement présent, Jésus qui veut demeurer en nous, que Jésus soit notre force, encore, toujours et encore. Dans cette confiance, cette certitude de foi, qu’il est là, puisqu’il l’a promis, et que son Souffle de vie, l’Esprit Saint, va travailler nos cœurs. Parce que nous allons prendre le temps, maintenant, de le demander, de le lui demander avec foi.

Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :