Homélie 2 novembre 2017 - messe des défunts

Jeudi 2 novembre 2017 / Commémoration de tous les fidèles défunts

Sg 3,1-9 / Ps 26 (27) / Luc 12,35-40

Nous le savons bien, et nous l’entendons autour de nous, la mort est un mystère qui fait mal, qui angoisse, qui fait souffrir. Pour beaucoup elle ne signe pas ce que l’auteur du livre de la Sagesse présente comme un sentiment de châtiment de la part de Dieu, mais quand même, on bute sur elle, la mort. Peut-être que vous aussi ça vous angoisse, d’une certaine façon, ou du moins que ça vous questionne ou que ça vous préoccupe parfois...

Moi, je ne devrais peut-être pas le dire ainsi, ça m’attire. Pas la mort en soi, pas mourir maintenant, mais de découvrir ce qui nous est promis dans ce passage de la mort, de voir Dieu et de pouvoir alors comprendre toute chose dans son regard… Je ne suis pas pressé, rassurez-vous, mais curieux, vraiment, et tendu vers cette destinée là…

Ceci dit, beaucoup autour de nous se demandent pourquoi vivre s’il faut mourir ? Et s’il faut mourir, pourquoi assez souvent quand même, au terme d’une forme de souffrance, qu’elle soit de l’ordre de la maladie ou d’une vieillesse qui semble parfois s'éterniser on ne sait pas trop pourquoi ? La mort, comme la vie, est un mystère. Et nous croyons que Dieu, là aussi est présent, au cœur de ce mystère. Et même, en Christ, qu’il fait de cet horizon, qui peut sembler un mur, un passage… Quel mystère…

Il est le Dieu des vivants. Y compris – excusez-moi par avance pour cette expression un peu osée ou décalée qui va sonner un peu « Halloween », mais je vais m’en expliquer – il est le Dieu des morts-vivants, c’est-à-dire le Dieu qui promet la vie et qui veut la vie y compris pour les morts. Que les morts soient vivants, qu’ils ressuscitent.

Jésus est mort, Jésus est descendu aux enfers, c’est-à-dire qu’il est vraiment mort, il n’a pas fait semblant, il s’est abaissé jusqu'à rejoindre tous ceux qui étaient déjà dans la mort avant lui, pour les retirer du gouffre du néant, et pour les entraîner dans la vie même de Dieu, dans son amour sauveur…

Oui, c'est vrai, la tradition juive disait, et les disciples de Jésus avec elle, que Dieu est le Dieu non pas des morts mais des vivants, mais nous savons depuis la promesse de résurrection accomplie en Jésus qu’il est le Dieu certes des vivants, mais aussi des morts, des morts appelés à la vie. Et, qu’elle me pardonne, merci à la prophétesse Anne de nous l’avoir rappelé, pas celle de l'évangile, mais la vôtre mes soeurs, si j’ose ce clin d’oeil à notre fou-rire liturgique matinal.

Ceci étant, revenons à nos lectures. Le livre de la Sagesse nous offre, face à ce mystère de la mort, une espérance que je trouve tellement apaisante ! Nos âmes – puisque nous pouvons, je crois, oser dire que nous apprenons à être de ces justes que Dieu aime et accueille – nos âmes, notre vie, sont dans la main de Dieu. Et sont appelées à rejoindre tant d’autres qui sont, nous disait encore le livre de la Sagesse, dans la paix.

Oui, il y a eu des épreuves, et nous en traversons. Oui, il y a l’épreuve terrible de la mort et de la persécution pour tant de nos frères et soeurs chrétiens aujourd’hui encore dans le monde. Oui, il y a le non sens du mal qui défigure nos vies et ce mystère de la mort qui devrait réveiller nos soifs de vivre chaque jour et chaque rencontre. Oui… Mais Dieu nous promet son accueil et sa lumière. Et c’est apaisant je trouve, c’est une parole de vie qui devrait nous sortir de l’angoisse de la mort, qui quoi qu’il arrive adviendra, nous le savons et nous n’y pouvons rien, nous rappelant que nous ne sommes pas Dieu, que nous sommes finis, mortels, mais que nous sommes destinés à vivre avec lui, si nous le voulons bien.

Et que cette vie ici-bas est ce lieu, ce temps, où nous pouvons apprendre à le connaître et à l’aimer, apprendre aussi à aimer notre prochain ; découvrir ce que veut dire « Vivre d’amour », et le faire découvrir à d’autres, le vivre avec d’autres, et que cet amour en actes soit un feu rayonnant qui se propage sur cette terre qui en a tant besoin…

Dieu veut sauver tous les hommes, dira Jésus ; Dieu veut pour nous, pour nous tous, et pour tous, la vie. Mais il nous faut l’accepter, l’entendre, le vouloir, et donc en témoigner à d’autres. Être de ces serviteurs dont parlait l’évangile qui veillent et qui veulent se rendre prêts à la rencontre ; être de ces serviteurs dont la vie et la veille vont être signe pour d’autres…

Déjà il nous visite, mystérieusement mais réellement, et déjà nous pouvons apprendre à rester près de lui dans l’amour, comme disait le livre de la Sagesse. Mais c’est aussi promesse pour toujours, jusque dans ce passage de la mort qui est passage dans la vie.

Et c’est bonne nouvelle ; et c’est pour cela que nous voulons prier en ce jour pour tous nos défunts. Rendre grâce pour celles et ceux qui ont fait de cette bonne nouvelle leur moteur de vie. Et prier pour celles et ceux qui n’ont pas su ou pas pu y croire ou l’entendre. Car eux aussi Dieu veut les sauver, les accueillir en son amour miséricordieux. S’ils veulent bien.

Et voilà pourquoi nous prions pour eux, pour que dans le passage qu’ils ont vécu ils se laissent aimer et accueillir, pour qu’ils se laissent transfigurer par l’amour miséricordieux du Père. Or vous le savez mes soeurs, car je l’ai déjà évoqué je ne sais combien de fois, la miséricorde, nous dit le pape François, c’est l’amour qui console, qui pardonne et qui donne l’espérance.

Alors dans cette eucharistie nous demandons pour nous-mêmes et pour tous nos défunts cette consolation. Nous demandons aussi pour nous-mêmes et pour tous nos défunts le pardon. Et nous demandons encore, pour nous-mêmes mais également pour chacun de celles et ceux qui nous ont quitté qu’ils entrent dans l'espérance, l'espérance du salut, l'espérance qui est la vie en Dieu...

Et nous demandons enfin que de là où il sont, ils participent de cette miséricorde du Père dont nous avons à vivre. On appelle ça, vous le savez, la communion des saints.

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