11 Novembre 2017
Samedi de la 31ème semaine du Temps Ordinaire
Rm 16,3-9.16.22-27 / Ps 144 (145) / Luc 16,9-15
Bon, l’évangile d’aujourd’hui c’est dans la suite de celui d’hier, si vous voyez ce que j’ai pu me dire en le lisant une première fois ce matin... Et n’allez pas croire que je veuille me défiler mais en faisant lectio tout à l’heure, j’ai finalement pris plus de temps sur la 1ère lecture et j'aimerais m'arrêter un peu avec vous et pour vous sur celle-ci…
Ce qui m’impressionne dans cette lecture c’est cette liste de noms que fait Paul mais plus encore cette litanie d’action de grâce que c’est en fait, action de grâce au travers de tous ceux qu’il veut saluer, ces croyants au Christ qui ont dû marquer son chemin de foi et de mission, ces amis et frères en Christ qu’il n’oublie pas, à qui il pense, pour qui il prie.
Et ce qui est marquant aussi, pour moi en tout cas, c’est cette invitation qu’il ajoute à se saluer les uns les autres par ce baiser de paix dont il parle et dont nous avons gardé trace comme rite possible dans nos propres liturgies.
En faisant jouer les mots, j’entends dans ce que dit Paul, dans son invitation à saluer untel et untel, j’entends une invitation à la salutation. Là vous vous dites : Qu’est-ce qu’il veut dire ? La salutation certes comme action de se saluer, mais aussi comme le salut en action, pas seulement se dire bonjour, mais le salut au sens fort, au sens de notre foi, celui que Jésus est venu annoncer et révéler et que Paul ne cesse de vouloir faire connaître.
Je m’explique parce que vous avez le droit d’être encore un peu perplexes ! Si le salut est libération et promesse de vie, si le salut est déjà à l’oeuvre par la mort et la résurrection de Jésus que nous célébrons à chaque eucharistie, et si le salut est aussi un appel à vivre pour nous que Jésus envoie en mission après sa résurrection, voilà, me laisse penser Paul par cette litanie de prénoms et de personnes à saluer de sa part, voilà que le salut, le salut-sauveur, est déjà à vivre comme salutation, c’est-à-dire comme action de reconnaissance de l’autre. Et notamment de reconnaissance de l’autre pour qui il est.
Dieu seul connaît vraiment qui nous sommes chacun, Dieu seul connaît le fond de nos cœurs, nous rappelait à sa façon la fin de l'évangile de ce jour, mais dans notre connaissance mutuelle, quand nous apprenons à nous aimer au delà des jugements spontanés ou au delà des agacements de la vie commune ou au cœur des pardons à vivre car au delà des blessures et du mal que nous nous faisons, dans notre connaissance mutuelle, donc, apprenons à entrer, à vivre, dans la reconnaissance. La reconnaissance dans tous les sens du terme.
Je te reconnais pour ce que tu es, ce que tu es pour la communauté, ce que tu apportes, ce qui manquerait sans toi. Et je suis du coup dans la reconnaissance, le merci et même l’action de grâce, l’acte de reconnaissance envers toi mais aussi la louange envers Celui-là seul qui connaît nos cœurs, le tien et le mien, et qui a permis que nos chemins et nos vies se croisent.
Et cela, permettre ainsi à l’autre d’exister en regard de reconnaissance, c’est déjà acte de salut, c’est apprendre à le voir comme Dieu le voit, comme Dieu le connait, et pas seulement avec mon seul et pauvre regard dont on sait par d’autres paroles de Jésus qu’en plus il y a parfois pour ne pas dire souvent une poutre dans mes yeux qui m’aveugle sur l’autre…
Le salut, c’est une promesse de vie et de libération, nous le savons. C’est promesse pour demain mais à vivre déjà. Alors Tout à l’heure, au moment du baiser de paix que nous ferons ce matin parce que St Paul vient de nous y inviter, au baiser de paix que je vais vous proposer de vivre juste avec la soeur de droite et la soeur de gauche, nous prendrons juste le temps de nous regarder en nous donnant ce geste de paix, et avant de nous tourner vite de l'autre côté, dans le silence de nos cœurs nous nous attarderons intérieurement pour dire au Seigneur : Je Te suis reconnaissant pour ma soeur pour telle chose qu’elle est ou qu’elle me fait découvrir ou qui manquerait à la communauté si elle n'était pas là aujourd’hui. Ainsi ce geste de paix qui risque parfois d’être un peu machinal sera aussi, aujourd’hui prière.
Pour l’heure, maintenant, dans les quelques minutes de silence que nous allons prendre, faisons comme Paul notre propre litanie de prénoms de celles et ceux pour qui nous voulons rendre grâce dans cette eucharistie pour ce qu’ils ont été sur notre chemin de vie et de foi.