27 Février 2016
Ce roman de l'algérien Boualem Sansal a été élu meilleur livre de l'année par la revue Lire et a reçu le grand prix de l'Académie française 2015. C'est un roman étonnant et même déroutant.
Pour dire vrai, il faut s'accrocher pour les quasi cent premières pages. Car si ça se lit bien et si c'est même intéressant c'est néanmoins déstabilisant. On nous plante le décor de ce monde étrange où la religion est absolutisée et commande tout. Non pas sans ressemblances avec tel système politico-religieux dont nous entendons parler dans l'actualité. Avec cette idée sous-jacente qui guide l'intrigue : si tout n'était que mensonges et manipulations sous couvert de religion pour que l'ordre règne ? Et tout commença en l'an 2084 avec les révélations reçues par le grand Abi. Qu'y avait-il avant ? Existe-t-il autre chose que ce pays qu'est l'Abistan ? Nul ne le sait et nul n'est censé se poser la question ! Il faut croire !
Ati, le héros, va se mettre à douter, au cœur de l'épreuve de la maladie qui est venue le déstabiliser. Et nous voilà entraînés avec lui en ces pages étonnantes mais prenantes ! Pour un roman qu'on pourrait dire passionnant même s'il est un peu complexe car il faut se familiariser avec ce monde nouveau, son système, les noms des institutions et des choses sacrées. Ça ne manque pas d'imagination même si l'on peut se dire ou trouver que le réel n'est finalement ou peut-être pas si loin... Voilà ce qui rend ce roman vraiment déroutant... Mais bon, c'est bien un roman ! Pas de panique !
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Boualem Sansal, 2084. La fin du monde, Nrf-Gallimard, novembre 2015, 274 pages, 19€50.