Jour de silence à Tanger

Jour de silence à Tanger

Dans ce récit (qui n'est en tout cas pas qualifié de roman) qu'il dédie à son père (est-ce de lui dont il s'agit en ces pages ?) Tahar Ben Jelloun nous emmène à Tanger, au Maroc, dans une vieille maison qui se délabre, aux côtés d'un vieillard de plus de 80 ans qui ne supporte pas de vieillir. Plus exactement, pourrait-on dire, nous sommes dans sa tête, dans ses pensées et ses souvenirs. Et nous y côtoyons ce qui fut une partie de sa vie, des amis à lui et des proches, des fantasmes aussi, ses aigreurs et rancoeur, son refus d'accepter la maladie et la mort qui vient.

Le récit – une centaine de pages (format poche) – est celui d'une journée au cours de laquelle se relit et s'interprète une vie. Est-ce d'ailleurs son dernier jour ? En tout cas une journée de quasi silence, comme le dit le titre. Une journée où nous entrevoyons non seulement la vie de cet homme mais aussi les évolutions de la société marocaine. Une journée, également, qui s'apparente à une méditation sur la vieillesse, difficile à accepter, et la mort qui se profile.

On chemine dans ces pages au fil des souvenirs, des amis et des proches évoqués, on chemine au gré de la mauvaise humeur et de l'incapacité à envisager positivement ce qui est traversé. Un récit qui pourrait paraître pessimiste mais qui n'en est pas inintéressant pourtant. Car c'est bien écrit et bien mené ; c'est du Tahar Ben Jelloun.

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Tahar Ben Jelloun, Jour de silence à Tanger, Points, octobre 1995 (Éditions du Seuil, 1990), 123 pages (format poche), 5€20.

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