Inigo - de François Sureau

Ce récit qui se lit comme un roman est un portrait - c'est le sous-titre - de st Ignace de Loyola. Et c'est en fait l'histoire de sa conversion.

Outre le fait que c'est très bien écrit et bon à lire, outre le fait aussi que c'est intéressant pour mieux connaître ce saint, fondateur des jésuites (qu'est lui aussi, par exemple, le pape François), ce qui m'a frappé en ces pages c'est combien ce récit de François Sureau est empreint de la spiritualité ignatienne et de ce qui nous en est partagé par Ignace lui-même dans ses Exercices spirituels. On retrouve par la mise en mots de l'expérience d'Ignace lui-même ce qu'on appelle un peu techniquement les motions de l'âme ; ce qu'on appelle aussi consolations et désolations ; son invitation également à s'imaginer la scène des textes bibliques médités et la mise en écho de notre propre histoire pour relire ce qui a été vécu et entendre au coeur de cela les appels du Christ ou de l'Esprit saint ; ce qui est de l'ordre aussi du bon esprit (ce qui vient de Dieu) ou des mauvais esprit ; etc. Et les larmes...

C'est très intéressant, j'ai trouvé, de voir en ces pages et de comprendre ce qu'Ignace a expérimenté lui-même dans ses mois de conversion et qu'il mettra ensuite en mots et en forme, pour ses disciples et qui veut suivre le Christ, comme une pédagogie spirituelle du discernement - ces fameux Exercices spirituels qui sont donnés sous forme de retraite dans des centres de spiritualité jésuites ou des communautés de spiritualité ignatienne.

Qui était Ignace ? C'était un jeune homme qui rêvait de grandes choses, de devenir chevalier. Il était remarqué... Mais voilà qu'il comprend que la plus grande chose qui l'attend c'est de s'offrir à Dieu, que l'homme est fait pour louer et servir Dieu, que c'est là son chemin de bonheur.

Certes le côté radical d'Ignace et sa conscience étonnamment forte de la condition pécheresse de l'homme (qui me fait penser à Luther mais qui signe plus largement cette époque) prend beaucoup de place en ces pages (notamment j'ai trouvé en finale du livre), mais cela nous fait comprendre d'autant plus le retournement qu'il a vécu !

Par ce récit de sa conversion, par ce portrait, mais surtout par sa vie et sa spiritualité, Ignace nous entraîne avec lui ! Merci François Sureau pour ces pages que je recommande vraiment et qui se lisent comme un roman !

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François Sureau, Inigo, Nrf-Gallimard, 2010, 154 pages, 12€50.

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