14 Juin 2017
Refermant ce roman que j'ai dévoré ces derniers jours, je reste comme sans voix... C'est magnifique... Je n'avais jamais rien lu de Julien Green, un ami m'avait parlé de cet auteur, j'avais entendu par hasard il y a un an une émission à la radio (RCF)... Il me semblait que je ne me tromperais pas... J'ai maintenant envie de lire d'autres choses de lui et de mieux découvrir l'homme et son oeuvre...
Dans la préface à la réédition de 1973, Julien Green nous partage qu'en ces pages écrites en 1960 il faut entendre une part certaine d'autobiographie. Dans le héros, sans doute, Wilfried, mais aussi dans d'autres personnages, comme son cousin Angus ou cet homme qu'il rencontrera par hasard dans une église, Max. Tous sont hantés, du moins habités et traversés, par la question de la foi et par celle de l'amour, celle encore de la quête de soi, de Dieu et du sens de la vie, et enfin par celles de la culpabilité et du doute. Car Wilfried, comme d'autres qu'il croise et rencontre, sont tiraillés entre plaisirs de la chair qu'ils recherchent et aiment, et désir de Dieu et de sainteté, tout cela les amenant à une forme de culpabilité au regard de ce qu'ils vivent et de ce qu'en dit leur éducation, au regard aussi de ce que les autres voient ou croient savoir d'eux...
Et c'est magnifique. Car, en plus, c'est très bien écrit, avec une certaine puissance littéraire. Le titre, déjà, nous en donne un aperçu, que l'on comprend bien, petit à petit, au fil des pages et de ce que les uns et les autres traversent et racontent, au fil aussi de ce qu'ils n'osent dire de leur vie et qui pourtant les travaille profondément de l'intérieur.
La question de Dieu, partout est présente en ce roman. Celle de l'amour et du sens de la vie également. Au coeur de cette Amérique puritaine de la première moitié du XXè siècle à laquelle appartient notre auteur. Lui fut marqué et hanté par la question de l'homosexualité, qui n'est pas celle de son héros, Wilfriefd, dont l'histoire et la quête amoureuse semblent pourtant la sienne ; peut-être car toute histoire d'amour et tous “tiraillements” de la chair se ressemblent ?
Un roman puissant (qui sait rester pudique) et par certains côtés bouleversant, que j'ose recommander à qui aime la littérature en ce qu'elle nous donne de découvrir ou d'entendre de notre commune humanité traversée par la question du sens de la vie...
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Julien Green, Chaque homme dans sa nuit, Fayard, 1997 (Plon 1960), 418 pages.