16 Février 2018
Ce livre m'a impressionné. Ce qui est raconté des conditions de vie des palestiniens, notamment à Bethléem, ce que Vera Baboun raconte de sa propre histoire, des différents combats et des traversées auxquels elle a été contrainte. Et de ce qui lui donna force pour avancer, croire malgré tout, garder espoir...
Vera Baboun est l'actuelle maire de Bethléem, sa soif de vivre et de promouvoir la paix, sa foi aussi, sont sa force. Impressionnante.
Elle se bat pour que la ville qui a vu naître celui que sa foi reconnaît comme le Prince de la Paix n'en soit pas privée — pas plus. Elle raconte le mur, l'emmurement et l'étranglement de cette ville qui rend ses habitants exilés de l'intérieur. Comment garder espoir, comment rester ou vouloir continuer à être artisans de paix, quand vous êtes ainsi opprimés ?!
Son itinéraire — son combat comme femme, en plus — est impressionnant. Ces pages sont bouleversantes. Et questionnantes...
J'aimerais citer cette phrase qui fut pour elle un levier quand son mari fut emprisonné, alors résistant à l'oppression israélienne (elle ne le savait pas), cette phrase qu'elle avait entendue à 16 ans dans une homélie, dont elle se rappela, qui lui redonna courage et qu'elle cite à plusieurs reprises car ce sera régulièrement pour elle une force pour rester debout ou se relever : “Les bénédictions et les grâce se cachent au coeur des souffrances. Apprenez à leur donner naissance”... A méditer...
Je recommande vraiment ce livre pour comprendre ce qui se vit à Bethéem, au coeur de l'histoire des dernières décennies en Israël ; pour comprendre un peu, aussi, les liens et les combats qui unissent chrétiens et musulmans, pour prendre conscience de cet étranglement, cet emmurement auquel ils sont condamnés, avec toutes les humiliations qui vont avec. Mais comment certains, comme Vera Baboun, ont décidé de vivre et veulent, au coeur de tout cela, se battre (pacifiquement) pour clamer la paix et la promouvoir. Y entendre également combien sa foi (chrétienne) est pour elle appels et force dans ce combat et dans son engagement.
Je recommande, même si on n'a parfois un peu de mal à suivre l'enchaînement des chapitres, en grande partie d'ordre chronologique mais avec parfois des retours en arrière un peu étonnants, dont je n'ai pas toujours compris la logique, sans doute celle des entretiens qui ont permis ce livre ? C'est un détail. Ce qui compte c'est vraiment la force de ce témoignage. A lire et à faire connaître. On ne peut pas rester indifférent.
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Vera Baboun (avec Philippe Demenet), Pour l'amour de Bethléem. Ma ville emmurée, Bayard éditions, novembre 2016, 190 pages, 15€90.