Homélie dimanche 30 décembre 2018 | Sainte Famille

Philippe de Champaigne, L’Enfant Jésus retrouvé au Temple.

Philippe de Champaigne, L’Enfant Jésus retrouvé au Temple.

Dimanche de la Sainte Famille (Année C)

1S 1,20-22.24-28 / Ps 83 (84) / 1Jn 3,1-2.21-24 / Lc 2,41-52

En méditant ces textes et notamment cette page d’évangile, je me suis demandé ce que la liturgie voulait nous faire comprendre en cette fête de la Sainte Famille, qu’est-ce que ça nous donne à comprendre mieux de ce que l’Eglise nous propose de contempler aujourd’hui.

Dans ce récit, en quoi ce qui nous est dit de la famille de Jésus revêt par exemple pour nous un caractère d’exemplarité puisque c’est comme cela que nous comprenons spontanément et bien souvent la sainteté (ce que nous a d’ailleurs dit la prière d’ouverture, tout à l’heure) ? Il me semble que leur histoire est à bien des égards assez ordinaire… même si elle est peu banale... ce qui nous donne d’ailleurs et déjà un élément à retenir de ce qu’est la sainteté : ça se joue dans l’ordinaire apparemment commun des jours, y compris dans ce qui semble ne pas être l’idéal de ce qu’on souhaiterait vivre spontanément.

Pourquoi est-ce que je dis cela ? Nous avons un fils qui fait ce qu’on pourrait appeler une grosse bêtise (une sorte de fugue, on pourrait dire, ce qui n’est pas rien) et qui ne semble pas comprendre où est le problème alors que franchement ses parents ont vraiment de quoi s’inquiéter ; et nous avons des parents, justement, qui sont inquiets, mais qui ont quand même mis plusieurs jours à se rendre compte de la disparition de leur fils, et qui semblent ne pas comprendre leur enfant.

Mais alors, en quoi est-ce pour nous un modèle de sainteté ? Il me semble que la réponse tient à une chose, elle tient dans le fait que leur vie est référée à Dieu, ordonnée à Lui, orientée vers Lui.

Je m’explique : Jésus, nous le savons depuis les annonces de sa venue, est le Fils de Dieu, de Dieu son Père. Et Marie, comme Joseph, le sait bien. Mais il faut qu’elle l’accepte, qu’elle l’intègre vraiment, que ça prenne place en elle, petit à petit. Et sans doute qu’elle pressent la mission à venir de son petit qui grandit, et les difficultés qui viendront, que la prophétesse Anne lui avait annoncées d’ailleurs lors de la Présentation au Temple (c’est le récit que nous entendrons pour la fête du 2 février). Elle pressent, Marie, elle veut le protéger encore, Jésus, le laisser vivre sa jeunesse, l’innocence de l’enfance. Et puis quand même, elle a eu peur, elle s’est inquiétée. Normal en fait ! Jésus est son enfant, et un enfant reste toujours ou longtemps le petit de sa mère. Et ce n’est pas rien ce qu’ils ont à vivre : le laisser être et devenir Fils de Dieu !

Et nous alors, me direz-vous ?! C’est bien pareil je crois. Il s’agit pour nous aussi d’être et de devenir ce que nous sommes depuis notre baptême : des fils et filles de Dieu ! Vivre vraiment en enfants de Dieu, en enfants du Père, Lui laisser place dans notre famille et dans notre vie.

Avec cette question qu’il faut qu’on se pose : concrètement, comment faisons-nous ? Comment référer, ordonner, orienter notre vie en Lui, vers Lui, avec Lui ?

Un moyen c’est par exemple de prendre le temps de lui raconter ce qui fait notre vie de tous les jours, tout simplement. Ça s’appelle la prière. Ou encore : apprendre à le connaître et à le comprendre, grâce à ce qu’on appelle la Parole de Dieu, à lire et à prier, mais aussi que nous pouvons apprendre à entendre comme une Parole qui nous est adressée, soit de dimanche en dimanche, à la messe, mais aussi en faisant cette expérience en nous retrouvant de temps en temps en Fraternité locale (je ne sais pas où vous en êtes des Fraternités locales, ici dans cette paroisse).

Un autre moyen concret pour faire place à Dieu c’est de nous reconnaître frères et sœurs, d’apprendre, et de vivre du coup le pardon, entre nous et donc, aussi, avec Lui, Dieu, qui forcément est un Père attristé du manque d’amour fraternel, parfois (pour ne pas dire plus) entre nous, entre ses enfants…

C’est dans le concret des jours que se joue la sainteté de notre vie à tous, l’apprentissage d’une vie d’évangile concrète, qui est le seul chemin de bonheur véritable, celui que Dieu notre Père veut pour nous. Et ce chemin concret de fils et filles de Dieu le Père, l’évangile de ce jour nous dit qu’il s’agit pour en vivre de se mettre comme Jésus au Temple à l’écoute des commandements et des appels de Dieu, donc à l’écoute de sa Parole ; qu’il s’agit aussi, comme Marie et Joseph, d’être inquiets et à la recherche de l’autre qui se perd ou que l’on perd de vue (je crois que dans nos vies paroissiales ça peut être très concret cet appel) ; il s’agit encore, comme Marie, de méditer tout cela et donc de l’offrir au Père, par exemple chaque soir en prenant le temps de ce petit moyen que le pape François a proposé en diverses occasions : prendre le temps d’un « merci », d’un « pardon » et d’un « s’il te plaît ».

Un « merci » pour une belle et bonne chose du jour, de l’ordre de la vie qui est là et qui nous traverse ; un « pardon » pour ce qui a été moins génial, moins bon, ce qui a été de l’ordre du mal que nous faisons ou de nos difficultés ou notre non volonté à aimer notre prochain quel qu’il soit et comme il est ; et un « s’il te plaît », une demande pour quelqu’un rencontré ou pour quelque chose que nous avons à vivre…

Et comme Marie qui méditait tout ces événements dans son cœur, nous pouvons, si nous sommes parents, confier nos enfants au Seigneur, chaque soir aussi par exemple. En nous rappelant que nous pouvons faire tous les projets que nous voulons pour eux, nous pouvons vouloir tout le meilleur pour eux, cette phrase que Jésus adressera à son Père s’applique là aussi, pour nous comme pour Joseph et Marie : « Non pas ce que je veux, Père, mais ce que tu veux »… « Non pas seulement ma volonté, mais Ta volonté »… Rappelez-vous d’ailleurs, pour ceux qui connaissent, cette phrase de Khalil Gibran dans son livre Le Prophète : « Vos enfants ne sont pas vos enfants, ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à la Vie »… Vous irez relire…

Je vous propose que nous prenions maintenant quelques instants pour nous confier les uns les autres au Seigneur et pour laisser remonter en nous ce que ces mots ont pu éveiller. Et je vous propose que nous le fassions très concrètement en adressant au Seigneur un « merci », un « pardon » et un « s’il te plaît ». On peut tout simplement fermer les yeux et lui confier ce « merci », ce « pardon » et ce « s’il te plaît », par exemple pour notre famille, notre conjoint, nos enfants, nos parents ou nos frères et sœurs…

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