Homélie lundi 28 janvier 2019

Lundi 28 janvier 2019 (3ème semaine du T. O. – St Thomas d’Aquin)

Maison Ste Thérèse (Bruxelles)

He 9,15.24-28 / Ps 97 (98) / Mc 3,22-30

 

Je ne sais pas vous mais moi je ne peux pas rester insensible à ce qu’on vient d’entendre, ou alors c’est qu’on n’entend pas vraiment ce que Jésus vient de nous dire : « si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours. »

Je trouve qu’il y a quelque chose de terrible dans ces mots de Jésus, et même d’angoissant... Et ça résiste en moi…

Quelque chose de terrible et d’angoissant parce que c’est quoi ce blasphème contre l’Esprit Saint qui soit tellement grave qu’on ne puisse pas en être pardonné ? Moi j’ai peur, spontanément, que ça me tombe dessus ou plutôt j’ai peur de tomber dedans !

Et en plus je trouve ça terrible et angoissant car ça vient contredire, ou ça semble contredire, l’appel au salut quand Jésus nous révèle que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés. Certes je sais bien que je peux librement refuser ce salut, mais c’est de mon côté, alors que dans ces mots de Jésus de ce matin c’est comme si j’entendais spontanément que c’est du côté de Dieu, comme si c’est Lui qui refuse.

En fait ça n’est évidemment pas si séparé que cela. Car le blasphème contre l’Esprit Saint c’est le blasphème contre la source même de la grâce et du salut, c’est le refus radical de la source même du pardon. Comment, alors, en être pardonné ?

St Thomas – il faut bien que je le cite, c’est le jour – écrit dans la Somme théologique que le blasphème contre l’Esprit Saint est un péché « irrémissible de par sa nature, parce qu’il exclut les éléments grâce auxquels est accordée la rémission des péchés ». Il dit bien : « de par sa nature »... Et St Thomas n’exclut pas que la miséricorde et la toute-puissance de Dieu puissent guérir quand même d’un tel péché, « comme par miracle » dit-il. [*]

En tout cas il me semble que la finale de notre péricope nous donnait déjà une clé pour comprendre : ce que Jésus nous dit est en réponse à ce qu’on disait de lui : « Il est possédé par un esprit impur ». Le voilà en fait le blasphème, c’est mettre Jésus du côté de Satan, et c’est refuser de reconnaître et du coup d’accueillir l’Esprit Saint qui habite Jésus, l’Esprit Saint par qui le Père va le ressusciter d’entre les morts et par lequel il va donc le sauver et nous sauver, l’Esprit Saint qui est la Vie même de Dieu qui nous est donnée et promise.

Puissions-nous être gardés de commettre un tel péché, puissions-nous toujours vouloir accueillir et reconnaître la Source de la Vie qui a été insufflée en nous et ne jamais la refuser radicalement… Alors nous serons sauvés par celui-là même qui est le salut… Amen.

 

[*] Thomas d’Aquin, Somme théologique, IIa-IIae, q.14, a.3.

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