Mon Père | Grégoire Delacourt

Non sans liens avec l'actualité ecclésiale de ces dernières semaines et ces derniers mois... le dernier roman de Grégoire Delacourt... dont j'avais notamment été tellement fasciné, bouleversé, par son Danser au bord de l'abîme dont la puissance de l'écriture m'avait marqué qui racontait si bien la fragilité de nos existences et la puissance du désir qui la traverse...

Là encore, à sa façon...

Tout simplement les mots qui me sont venus à la lecture de ces pages...

Mon Père | Grégoire Delacourt

Une puissance de l'écriture... Il faut le dire dès le début de ces lignes, c'est important, c'est ce qui me permet de mettre en mots la suite car c'est ce qui permet de lire...

Une puissance de l'écriture, donc, mais... c'est terrible... C'est même l'horreur cette histoire de pédophilie, d'Eglise et de prêtres, et du silence des victimes. L'horreur, oui... Et la douleur d'un père qui n'a su protéger son fils, une douleur qui se transforme en soif et désir de vengeance, comme seule réparation possible, apparemment, spontanément, ou plutôt comme seul cri pour briser le silence, celui de la victime et celui de l'Eglise.

En écho, en résonance, comme un interlocuteur à qui s'adresse Edouard notre narrateur, Isaac, l'Isaac de la Bible, l'Isaac du sacrifice de son père Abraham, Isaac qui lui aussi se tait, s'emmure dans la sidération et la peur. Et c'est une question pour ce père, Edouard, c'est la question de qui est ce Dieu qui laisse souffrir l'innocent...

C'est l'horreur... du silence et de la douleur... Mais aussi, en contraste, la douceur de ce prêtre qui écoute... impuissant, mais qui écoute... Une douceur que le père de l'enfant n'a jamais connue de son propre père... Une douceur, une écoute, qui dans un premier temps lui permettent de dire son histoire, celle de son fils mais également la sienne, celle de son père malade, ce qui le conduit au pensionnat, et plus encore celle de l'horreur de sa douleur à lui aussi, celle de la souillure dont il fut déjà victime et témoin. Et la violence. Et c'est l'horreur... encore... Et le silence, tel un mur qui protège. Car dire c'est faire exister...

Mais si avouer soulageait ? Comme une confession... Et... si ce prêtre qui écoute avait lui aussi des choses à dire, à révéler ?

C'est l'horreur, oui, c'est même l'impensable, l'inimaginable. Jusqu'au bout. Celle du silence qui devient violence meurtrière. Celle aussi des rebondissements du drame ici raconté... C'est l'horreur, la douleur, mais qu'il faut entendre... pour qu'un chemin s'ouvre... De vie ?

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Grégoire Delacourt, Mon Père, JCLattès, février 2019, 221 pages, 18€.

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Bonus : sur le site de l'auteur...

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