Homélie dimanche des vocations

Dimanche 12 mai 2019 / 4ème dimanche de Pâques / Année C

Eglise de la Sainte-Croix, Ixelles (Bruxelles)

Ac 13,14.43-52 / Ps 99 (100) / Ap 7,9.14b-17 / Jn 10,27-30

Qu’est-ce que ces textes peuvent bien nous dire en lien avec cette journée de prière des vocations à laquelle nous sommes invités ?

Peut-être qu’on pourrait commencer par se demander quelle est notre vocation, notre commune vocation. A quoi sommes-nous appelés, appelés par Dieu ? Qu’est-ce que Dieu veut pour nous ? C’est ça la question de la vocation.

1er élément de réponse que nous avons entendu dans la prière d’ouverture de cette messe : nous sommes appelés au bonheur. La question ce sera alors : mais qu’est-ce que le bonheur ? Tout à l’heure, dans la prière qui suit le Notre Père, juste avant le « Car c’est à toi qu’appartiennent… », vous allez m’entendre dire : « en cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets dans l’avènement de Jésus Christ notre Sauveur ». Le voilà le bonheur qui nous est promis : le Christ lui-même. Et plus largement la vie du Christ, sa promesse de vie éternelle, ce salut qui nous est promis et accordé et que nous fêtons depuis Pâques et à chaque eucharistie.

Sauf que : est-ce que le Christ ressuscité et sa promesse de vie sont pour nous ce bonheur que nous recherchons ?

Dans la 2ème lecture c’est bien de cela dont il s’agissait, avec cet extrait du livre de l’Apocalypse que nous entendons aussi, chaque année, pour la fête de la Toussaint. Dans ce texte, ceux qui acclament le Christ et qui visiblement sont arrivés au terme de l’histoire, ce sont ceux qui ont traversé la grande épreuve, c’est-à-dire ceux que le mal et la mort n’ont pas anéantis, ceux qui sont sortis victorieux, grâce au Christ avec qui ils ont traversé l’épreuve qui était la leur, en l’occurrence, ici, la persécution si je regarde le contexte de ce livre.

Est-ce que nous voulons bien y croire à cette promesse de bonheur que si nous demandons au Christ d’être à nos côtés – si nous le lui demandons, j’insiste, car nous sommes libres – alors il va porter avec nous le poids des jours, et nous permettre de passer sur l’autre rive, celle de la lumière, de la paix et de la résurrection ? Est-ce que nous y croyons pour de vrai, jusqu’à le lui demander et jusqu’à en être les uns pour les autres et pour tous les hommes des témoins en actes ? En paroles, comme les 1ers témoins de la résurrection dont il était question dans la 1ère lecture, mais en actes aussi, concrètement, grâce à ce que je vais pouvoir faire pour prendre soin de l’autre qui est là à mes côtés et que la vie cloue au sol, l’autre quel qu’il soit, quelle que soit sa foi, son histoire, le mal qu’il ait pu faire, et je ne sais quoi encore…

Le bonheur, pour nous chrétiens, c’est le Christ et c’est sa résurrection, c’est le Christ qui nous révèle l’amour miséricordieux du Père que nous sommes appelés à vivre et qui est déjà résurrection, très concrètement. Voilà notre vocation : nous laisser relever et ressusciter par le Christ ou par celles et ceux qui sont pour nous ses mains qui ont pris soin, pour être à notre tour des « ressuscitants » au nom du Christ qui est venu pour que tous les hommes soient sauvés.

Comment parvenir à ce bonheur là, si nous en voulons ? L’évangile a répondu à cette question : en nous mettant à l’écoute du Christ qui est le pasteur de son peuple, le berger, celui qui conduit son troupeau, celui qui en prend soin, celui qui le nourrit, celui encore, nous le savons par d’autres textes, qui part à la recherche de la brebis perdue. Si nous voulons en être de ce peuple promis au bonheur, il nous faut nous mettre à l’écoute du Christ et décider de le suivre, c’est-à-dire mettre en pratique ce que nous aurons entendu. Concrètement ça veut dire :

  1. Se mettre à l’écoute de sa Parole pour comprendre qui il est et ce qu’il attend de nous et pour le rendre partenaire de notre vie par la contemplation de qui il est.
  2. Ça veut dire aussi se mettre à l’écoute de ces désirs de vie qui sont en moi, se mettre à l’écoute de ce que l’Esprit me souffle au dedans-de moi ; c’est toute la dimension de la prière.
  3. Et puis écouter le Christ en écoutant les appels de ce monde et de mon prochain, en laissant tout cela entrer en résonnance avec la Parole que j’aurai entendue, méditée et pourquoi pas partagée avec d’autres – dans mon diocèse en France on appelle ça des Fraternités locales.

Voilà comment nous allons pouvoir avancer petit à petit sur ce chemin de bonheur que Dieu veut pour nous. C’est notre vocation, notre commune vocation.

Au service de ce chemin et cet appel qui nous sont communs à tous, certains reçoivent ou vivent une vocation particulière.

  1. Le couples tout d’abord ; votre vocation, l’appel qui vous a été adressé par Dieu, c’est celui de rappeler à tous que le don de soi par amour c’est possible et que nous sommes appelés à aimer. Peut-être que parfois c’est difficile, c’est vrai, peut-être qu’il nous faudrait plus ou mieux associer Dieu à ce que nous traversons, mais votre vocation c’est de nous rappeler que nous sommes tous appelés à aimer et à aimer concrètement ceux qui nous entourent et que c’est source de vie. En se rappelant qu’aimer Dieu et aimer son prochain c’est semblable – c’est Jésus qui l’a dit.
  2. Voilà ce que nous redisent ceux qui sont consacrés, les religieux et les religieuses, les moines et les moniales et tous ceux qui sont engagés dans le célibat pour le Royaume – les prêtres y compris – ; tous ces consacrés nous rappellent l’existence et la présence de Dieu pour qui ils ont donné leur vie, Dieu qui peut combler toute vie, Dieu qui est aussi notre destinée à tous, le but comme la source de notre vie…
  3. Il y a enfin ceux qui reçoivent un ministère et notamment les prêtres. Leur mission, leur vocation, c’est celle de nous rappeler que c’est le Christ qui conduit son Eglise. Et que c’est le Christ qui nous appelle à nous mettre à l’écoute de sa Parole, à nous nourrir de sa présence dans les sacrements, et que c’est sa promesse de bonheur à lui et pas simplement nos bonnes œuvres humanitaires et solidaires qui sauveront le monde.

Nous avons besoin de la complémentarité de toutes ces vocations pour cheminer ensemble à la recherche de notre bonheur et de notre vocation commune, pour l’accueillir et pour en vivre. C’est bien pour cela que nous prions tout particulièrement aujourd’hui pour toutes les vocations et que nous implorons le Seigneur de nous donner ce dont nous avons besoin pour ce que nous avons à vivre aujourd’hui.

Je prie pour que se lèvent toujours plus de couples qui vivent leur vocation au mariage comme un appel et une mission, et qu’ils ancrent vraiment leur chemin en Dieu pour pouvoir tenir leurs engagements et en rayonner.

Je prie aussi pour que des consacrés se lèvent parmi nous, que le don de leur vie nous tourne et nous oriente tous et toujours vers Dieu qui nous aime et qui est là, mystérieusement présent à notre vie, Dieu qui est notre destinée, notre destination, celui qui doit orienter nos choix et notre vie.

Je prie encore pour que nous appelions des diacres dont le ministère est de nous rappeler que nous avons tous à nous mettre avec le Christ au service de l’autre quel qu’il soit et notamment le plus pauvre.

Et je prie enfin pour que nos communautés soient des lieux de vie et de joie qui enfantent des prêtres qui donnent leur vie pour vous servir, dans l’annonce de la Parole, pour vous permettre de l’annoncer à votre tour et d’en vivre, dans la célébration aussi des sacrements et notamment l’eucharistie, qui est source de vie et d’amour car présence réelle du Christ ; des prêtres, enfin, qui conduisent nos communautés, dans l’écoute patiente et fraternelle, l’écoute réciproque, et qui travaillent à toujours plus de communion, au nom du Christ qui est notre seul Pasteur à tous et qui nous appelle à l’écouter, lui, et à le suivre…

Ensemble, nous prenons le temps de la prière, maintenant, dans cette confiance que Dieu nous donne et nous donnera ce dont nous avons besoin pour vivre chacun notre vocation, vivre son appel à la résurrection et à en témoigner, et dans cette confiance qu’il donne aussi à son Eglise ce dont elle a besoin, pas comme dans un passé qui n’existe plus mais pour le réel de nos communautés aujourd’hui…

Ensemble nous prenons le temps du silence, nous prions…

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