Homélie mardi 11 juin 2019

Mémoire de St Barnabé, apôtre

Carmel St Joseph (Bruxelles) [1]

Ac 11,21… 13,3 / Ps 97 / Mt 10,7-13

 

En priant ces textes ce matin j’ai pensé à chacun de vous, à chacun de nous, dans ces différents cercles de vie et de rencontres que nous formons.

Notre vie à tous est ordonnée d’une façon ou d’une autre à la mission et c’est au nom de cela que nous nous connaissons les uns les autres. Et dans ces textes d’envoi en mission qui sonnent presque comme un appel à ce départ nouveau que nous allons devoir prendre dans quelques semaines, tous d’une façon ou d’une autre puisque nos liens seront autres, dans ces textes d’envoi en mission ma méditation c’est un peu arrêtée sur ce verset que je trouve très beau et appelant : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement »

Qu’avons-nous reçu que nous ayons à donner ?

Quand je pense à ce que nous avons vécu dans nos différents cercles de vie – et c’est à cela que j’ai pensé d’abord – je crois que nous avons reçu la joie de l’hospitalité mutuelle. Notamment ici au carmel St Joseph, dans l’accueil de Maëlle et Marie et pour une part aussi l’accueil que vous m’avez réservé. Nous avons fait cette expérience de l’hospitalité au nom de Jésus qui donne de la joie, l’hospitalité comme « échange de dons » [2], même, puisqu’ici Maëlle et Marie vous avez pu et vous pouvez approfondir et enraciner votre vie d’oraison qui est le fondement de la vie à laquelle vous vous préparez et qui est le fondement de notre vie à tous. Car la 1ère mission de l’Eglise c’est celle de la prière. Pour vivre la mission du Fils, au Souffle de l’Esprit Saint, faire l’œuvre de Dieu et non pas la nôtre selon nos seules vues humaines et spontanées !

Cette joie de l’hospitalité a permis de découvrir et d’enraciner la joie qu’il y a à « demeurer » – verbe que nous avons tellement entendu dans les évangiles de la fin du temps pascal (en Jn 15 notamment) –, la joie qu’il y a à demeurer, en Dieu et ensemble, dans une vie fraternelle, cette joie qu’il y a à demeurer qui permet d’apprendre et de recevoir de Dieu une vie de communion.

Entre « Grenoblois » aussi, nous avons reçu. Il nous a été donné le temps de nous connaître un peu plus, un peu mieux, et ce sera bon pour la mission. Il nous a été donné aussi de nous aimer, en fait, de nous découvrir et nous aimer tel que nous sommes chacun et surtout dans la complémentarité de qui nous sommes et de nos vocations. Et là encore c’est bien pour la mission et déjà grâce à elle.

Alors qu’avons-nous reçu, donc, chacun, pour lequel nous pouvons rendre grâce ce soir dans cette eucharistie ? Et à quel don cela nous appelle-t-il encore ?

Si je reviens à l’évangile, les apôtres et plus largement les disciples ont reçu la joie du Christ qui dira à chacun dans l’évangile de Jean : « Je vous appelle amis » (Jn 15,15). Ils ont reçu de lui sa confiance qui ose malgré leurs faiblesses les envoyer à sa mission, en son nom. Ils ont reçu la Parole de Dieu qu’il est et qu’il leur a révélé et annoncé, cette Parole qui les enfante à cette mission. Et ils ont reçu encore la joie de vivre en sa présence – j’ai envie de dire : tout simplement –, la joie de demeurer avec lui et ainsi de demeurer en son amour (cf. Jn 15 encore). Ce qui donne du fruit.

Nous pouvons demander la grâce de demeurer nous aussi et toujours dans cet amour, à l’écoute, toujours, de la Parole de vie, à l’écoute également des appels de ce monde et des appels de l’Esprit Saint en nous, à l’écoute de la mise en résonnance de tout cela ensemble, dans la prière et dans le partage fraternel de ce qui nous habite, pour entendre où Dieu nous veut pour sa mission. Et pour cela, demander en même temps la grâce d’une vie de communion fraternelle telle que Dieu voudra, dans l’hospitalité les uns aux autres, toujours, et au-delà de nous à celles et ceux que notre chemin croisera.

C’est tout cela qui nous rassemble à chaque eucharistie et qui nous envoie. Car c’est là, dans ce mystère que nous célébrons, que le Christ, notre ami, se donne et nous envoie, en même temps qu’il nous appelle et nous fait grandir en communion d’amour. Son amour pour chacun de nous.

Alors rendons-grâce déjà ce soir et avec Lui pour ce que nous avons reçu au cours de ces mois. Confions-lui nos chemins à chacun ainsi que nos différents cercles de vie, de vie fraternelle. Que l’Esprit Saint nous guide pour entendre où Dieu nous veut et nous appelle pour faire son œuvre. Amen.

 

[1] Avec les séminaristes grenoblois de la Maison Ste Thérèse.

[2] Cette expression est utilisée par Jean-Paul II à propos de la recherche de l’unité des chrétiens entre les différentes Eglises et communautés ecclésiales. Cf. son encyclique Ut unum sint (1995).

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