10 Juin 2019
Lundi de Pentecôte (10 juin 2019) / Mémoire de « Marie Mère de l’Eglise »
Maison Ste Thérèse (Bruxelles)
Ac 1,12-14 / Ps 86 (87) / Jn 19,25-30
Nous célébrons donc Marie, Mère de l’Eglise… Marie, nous venons de l’entendre, devient au pied de la croix Mère du disciple, le disciple Bien-Aimé, celui dont Jésus dira à Pierre – au chapitre 21, dans l’évangile que nous entendions samedi – : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? » ; ce disciple Bien-Aimé qui est donc et pour une part comme une image de l’Eglise que nous sommes, en attente de la venue du Christ, de son retour.
Marie devient Mère du disciple et donc notre mère, dans le mystère de la croix, par cet enfantement qu’est ce don que Jésus leur fait de l’un à l’autre : « Femme, voici ton fils. Puis il dit au disciple : Voici ta mère ». Marie reçoit le disciple de Jésus crucifié comme son propre fils, Marie qui est elle-même comme « crucifiée » par ce qui est en train de se passer, tout comme le disciple et fils l’est sans doute lui aussi.
C’est au cœur de cette blessure commune, au cœur de cette souffrance que nous ne pouvons pas mesurer, que Jésus nous donne à Marie, par le disciple Bien-Aimé, Marie qui devient donc notre Mère, la Mère de l’Eglise, celle qui peut porter avec nous et avec Jésus ressuscité le poids de chaque jour, celle avec qui nous pouvons contempler le crucifié pour recevoir de lui la vie qu’il promet et l’Esprit Saint que nous avons fêté et célébré hier.
Avec Marie, nous sommes appelés à être d’abord des priants – c’est la première mission de l’Eglise et c’était notre 1ère lecture –, être des priants pour être des vivants avec Jésus, des priants qui contemplent Jésus et qui demeurent dans son amour ; des priants qui demandent, qui attendent et qui accueillent l’Esprit Saint, l’Esprit Saint qui est la vie même de Dieu, sa force promise, celui qui rend présent Jésus ressuscité au cœur de ce que nous traversons chacun et au cœur de ce monde, grâce à ce que nous allons vivre, chacun et ensemble, en Eglise, à l’écoute des appels et des cris de ce monde, les « J’ai soif » de nos contemporains, et dans la mise en résonance de ceux-ci avec la Parole et avec le murmure en nous de l’Esprit Saint, dans la prière justement.
Et avec Marie, nous sommes appelés alors à nous tenir au pied de la croix, toujours, et donc auprès de celles et ceux qui souffrent et qui sont, avec le Christ, à la fois sur la croix et à ses pieds, eux aussi. Nous sommes appelés, du coup, à vivre chacun et ensemble de cette miséricorde même du Père qui est celle d’une mère saisie aux entrailles pour son enfant, qui plus est son enfant Bien-Aimé qui souffre.
Pour cela, nous devons demander pour toute l’Eglise et donc pour chacun de nous l’Esprit de compassion et de miséricorde, pour consoler comme nous devons apprendre à nous laisser consoler, pour soigner les blessures comme nous avons à apprendre à nous laisser aimer de cet amour qui se tient présent et qui soutient, cet amour qui prend soin et qui permet de se relever, cet amour qui permet que la vie soit re-suscitée. Oui, demander l’Esprit de compassion et de miséricorde car c’est source de Vie et que s’ouvre alors un chemin...
Et sur ce chemin où l’Esprit Saint est donné pour vivre l’ordinaire de chaque jour, dans ce temps liturgique dans lequel nous entrons aujourd’hui, ce temps de l’Eglise, laissons-nous enfanter, laissons-nous engendrer et éduquer par Marie notre Mère, Marie qui est à la fois mère souffrante et de compassion, au pied de la croix, et mère de prière, au Cénacle, à la « chambre haute » ; Marie qui est Mère de l’Eglise et qui est en cela modèle de tout disciple que nous sommes. Et comme elle, nous le savons, nous sommes invités chacun à nous laisser féconder de la présence et de l’amour même de Dieu pour accueillir l’autre et le Christ en nos vies, et pour porter le Christ à ce monde et en révéler le visage…
C’est bien ce que nous sommes invités à célébrer ce midi et chaque jour, avec Marie et toute l’Eglise, dans ce mystère qu’est l’eucharistie. Amen.