Homélie dimanche 13 octobre 2019

28ème dimanche du Temps Ordinaire / Année C

2R 5,14-17 / Ps 97 / 2Tm 2,8-13 / Lc 17,11-19

 

Je ne sais pas ce que nous retenons des homélies que nous entendons – et ne me répondez-pas ! – mais en préparant celle de ce soir j’ai pensé à Emmanuel, notre cher curé, et plus exactement à deux homélies que nous avons pu entendre fin août et début septembre, si mes souvenirs sont bons. L’une, un  dimanche, à propos de la vertu d’espérance, je crois, et une autre fois – peut-être en semaine, je ne sais plus bien – à propos de la vertu de prudence, il me semble. Et je me suis dit que si c’est Emmanuel qui avait eu à prêcher ce soir, je pense qu’il nous aurait peut-être parlé de la vertu théologale qui s’appelle la foi !

On vient d’entendre Jésus dire à ce lépreux samaritain : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé ».

Et nos lectures, de façon plus générale, nos lectures ce soir, parlent de la foi et de ce qui fait le cœur de notre foi chrétienne.

Dans cette page d’évangile, Jésus guérit un lépreux. Ou plus exactement, si vous avez fait attention aux détails, 10 lépreux sont guéris et un, parmi eux, est sauvé. Plus exactement encore, le texte dit en fait que les 10 ont été purifiés – purifiés de leur lèpre – et que « l’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas en glorifiant Dieu à pleine voix »… « voyant qu’il était guéri »… Et c’est de lui que Jésus va dire qu’il est sauvé, que sa foi l’a sauvé.

Les lépreux qui se trouvaient purifiés de leur lèpre devaient aller se montrer aux prêtres – c’était la règle, la loi, c’était la pratique cultuelle de l’époque –, ils devaient aller se montrer aux prêtres pour que la guérison soit déclarée.

Celui qui revient, le seul dont on nous dit qu’il a été guéri, n’a pourtant pas obéi aux ordres de Jésus, il n’a pas été se montrer aux prêtres, il n’est donc officiellement pas guéri et ne peut pas être rétabli dans la communauté – il en avait été exclu à cause de sa lèpre et des peurs qui entourent cette maladie.

Ce détail m’a interpelé. Et peut-être que c’est dans les détails que Dieu se révèle à nous… Ce détail m’a interpelé car on nous montre en exemple un homme qui pourtant n’a pas fait ce que Jésus lui demandait. C’est bizarre, non ?

Quand on lit un texte biblique, et notamment d’évangile, il faut toujours qu’on se demande : qu’est-ce qu’on est en train de nous révéler de Jésus et de Dieu ?

Et là je me suis dit : si, en fait, cet homme a vu un prêtre comme Jésus le lui a demandé. Certes il n’a pas été se montrer aux prêtres, ceux de l’Ancienne Alliance, mais il est en fait revenu vers le seul vrai prêtre, tel que nous le présente par exemple l’épître aux Hébreux, Jésus Christ mort et ressuscité pour nous. Jésus Christ dont cet acte de guérison manifeste le salut qu’il vient révéler et dont sa propre résurrection sera un des signes les plus manifestes.

Ce que je suis en train de vous dire ça peut vous paraître un peu étrange ou de l’ordre du détail, je ne sais pas, mais en fait je crois que c’est vraiment important. Pourquoi ? Parce que le prêtre c’est celui qui offrait des sacrifices pour obtenir les faveurs de Dieu – mettre Dieu de son côté, si j’ose cette expression un peu bizarre. Et on offrait des sacrifices soit pour rendre grâce, soit pour implorer le pardon de Dieu, soit pour une demande particulière, c’était une façon de dire notre désir que Dieu tourne vers nous son visage et qu’il fasse quelque chose pour nous, attirer son attention.

Dans l’épître aux Hébreux, on nous dit que Jésus est le seul vrai prêtre, le Grand prêtre de la Nouvelle Alliance scellée par sa mort et sa résurrection, qu’il a offert le seul et définitif sacrifice qui nous sauve, c’est-à-dire qui nous libère de l’emprise du mal et de la mort sur notre vie, et cela en s’offrant lui-même, en consentant librement à ce passage par la souffrance à cause de la violence des hommes et par la mort. Jésus s’est livré entre nos mains, il n’a pas sauvé sa peau, il y est allé, et il s’est laissé sauver par Dieu son Père et notre Père, il s’est laissé sauver autrement que ce que nous aurions pensé ou voulu à vues seulement humaines.

Il y est allé pour nous ouvrir un passage et nous faire entrer dans cette dynamique de vie, cette promesse de résurrection qui doit devenir notre moteur de vie, notre moteur de confiance et d’espérance, à savoir que la vie, avec lui Jésus, si nous l’associons à ce que nous avons à traverser, la vie est et sera plus forte que tout mal et que toute mort.

C’est le cœur de notre foi, et c’est le mystère que nous célébrons à chaque eucharistie, et ce soir encore. Nous allons faire mémoire de ce don-là de sa vie que le Christ a consenti à vivre. Pour nous. Ce don-là de sa vie qu’il offre à notre foi, notre confiance en lui. Parce que c’est ça la foi, c’est faire confiance en Dieu, c’est mettre notre confiance en lui, et c’est apprendre à le reconnaître présent à nos côtés et pouvoir alors rendre grâce de ce qu’il fait dans notre vie. C’est ça la foi, ça n’est pas d’abord un ensemble de choses à faire pour être bien en règles avec Dieu. Non. Dieu nous veut libre à sa suite. Et il veut que nous découvrions qu’il est là, avec nous, quoi qu’il arrive.

Parfois nous aurons l’impression qu’il ne fait rien pour nous, rien d’extraordinaire en apparence. Et c’est vrai. C’est même souvent comme cela que ça se passe. Je le disais tout à l’heure, c’est dans les détails que Dieu se révèle, dans notre vie aussi. Et pour nos lépreux de l’évangile il n’y a rien eu d’extraordinaire non plus, il n’a pas posé un geste magique ou miraculeux. Non. Il y a juste eu cette rencontre, cette parole échangée.

Dans cette guérison, ce soir, cette guérison qui est signe du salut que Dieu veut nous offrir, rien d’extraordinaire en apparence. Et pourtant c’est bien réel. Comme dans nos vies à nous où souvent il ne se passe rien d’extraordinaire qui soit comme une preuve que Dieu serait bien là et qu’il agit avec puissance pour nous sauver, pour nous libérer de l’emprise du mal et de la mort.

Et pourtant notre foi c’est bien qu’il est là. Et qu’il nous accompagne. Qu’il porte avec nous les épreuves des jours ou nos questions de vie… Notre foi c’est qu’il se rend présent dans les évènements et les rencontres qui nous permettent de nous relever ou de retrouver goût à la vie, si nous l’avions perdu… Notre foi c’est qu’il agit aussi par son Esprit Saint qui vient apaiser nos cœurs, dans le silence de la prière par exemple, et qui vient nous souffler des chemins de vie…

Notre foi c’est que Dieu est sauveur. Aujourd’hui encore. Et qu’il veut pour nous la vie. Il est la vie. Non pas que nous n’allons pas mourir – ça se saurait –, non pas non plus que nous n’allons pas souffrir ou avoir des épreuves à traverser – ça se saurait aussi –, mais, comme l’a dit St Paul dans la 2ème lecture – à propos, pour lui, de la persécution –, avec Jésus nous vivrons, quoi qu’il nous arrive, et avec lui nous règnerons, c’est-à-dire : avec lui nous serons et nous sommes déjà victorieux du mal et de la mort.

Je ne sais pas comment vous recevez cette affirmation, mais je vous assure que c’est promesse de vie et que c’est promesse de vie très concrète. Ça veut dire que si nous associons Dieu à nos traversées, si nous l’associons, lui Jésus, alors nous allons faire l’expérience que la vie est, quoi qu’il arrive et malgré les apparences, plus forte que le mal et que la mort. Avec lui, Jésus, et avec l’aide de l’Esprit Saint qu’il nous faut demander, nous allons faire l’expérience, par exemple dans la prière, qu’une paix du cœur et même une joie intérieure peuvent être données et pressenties, qui vont être force de vie pour avancer avec confiance, malgré l’épreuve que nous traversons. Et nos épreuves peuvent être de tous ordres.

Dieu est là avec nous, j’aimerais vraiment que vous puissiez ne pas en douter et mettre toujours votre confiance en cette Bonne Nouvelle.

Il est là avec nous et avec lui, si nous vivons tout avec lui, le mal et la mort n’ont pas et n’auront pas le dernier mot. Nous allons faire l’expérience que nous pouvons nous relever, nous allons pouvoir faire l’expérience que la vie est belle malgré tout. Et nous ferons ainsi l’expérience que Dieu sauve aujourd’hui encore. Et que là nous avons un formidable moteur de vie, un moteur de confiance et d’espérance pour affronter et traverser les épreuves…

Alors c’est vrai, je ne sais pas ce que vous vivez les uns et les autres et comment ces mots sont audibles ou pas pour vous. Je vous propose qu’on prenne le temps, maintenant, de déposer dans le silence de la prière, tout ce que ça réveille en nous, tout ce que ça fait remonter. Et tout à l’heure quand nous allons nous approcher pour communier, posons cet acte de foi de dire à Jésus :

Seigneur, je sais que Tu es là, je crois que Tu es là. Je crois que Tu viens me rejoindre pour porter avec moi ce que j’ai à vivre, et pour me rendre témoin pour d’autres de la vie qui est plus forte que tout, même malgré les apparences immédiates. Je crois en Toi, Seigneur, je veux rendre gloire à Dieu pour son amour et pour les frères et sœurs qui en ont été témoins pour moi. Et donne-moi de permettre à d’autres, à ma mesure, de découvrir ce salut que Dieu veut pour tous. Amen…

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