Homélie dimanche 17 novembre 2019

33ème dimanche du Temps Ordinaire / Année C

Ml 3,19-20a / Ps 97 / 2Th 3,7-12 / Lc 21,5-19

 

Dans la 1ère lecture, tirée du livre du prophète Malachie, nous avons entendu cette annonce de ce qu’il appelle le Jour du Seigneur, qui vient, visiblement un jour de jugement ; et, pour ceux qui craignent le Seigneur, ceux qui l’aiment, ceux qui croient en lui, l’annonce de la venue de celui qui vient apporter une guérison, une guérison qui va se répandre ; « la guérison dans son rayonnement », a dit le prophète…

L’évangile aussi, avec ses mots à lui, nous parle de ce fameux Jour du Seigneur, et des signes qui accompagneront cela…

C’est vrai que ce que Jésus nous dit ça fait un peu science-fiction, dans sa façon de nous le dire ; ça a quelque chose d’apocalyptique : il est question de guerres et de désordres, on parle de nations qui se dresseront entre elles, les royaumes les uns contre les autres, il y aura aussi des persécutions, etc. On se croirait presque dans Le Seigneur des Anneaux !!

Ça peut faire peur ces propos de Jésus. Et pourtant… Est-ce que ce n’est un peu le tableau du monde, notre monde qui est traversé par tant de violences, y compris des persécutions contre les chrétiens, notamment en Afrique ou au Moyen-Orient ?

Et est-ce que ce que Jésus nous dit là ça n’est pas aussi ce qui s’est passé à sa propre époque et dès les 1ères communautés chrétiennes, où il y avait également des guerres ? Rappelez-vous par exemple qu’à l’époque de Jésus Israël est un pays occupé par l’envahisseur romain. Il y a eu de terribles persécutions, il y a eu des représailles aux révoltes religieuses et contre les 1ères communautés chrétiennes. En 70 (ap. JC) le Temple sera détruit, toujours pour des questions de représailles et de persécutions, en l’occurrence contre les Juifs.

Tout ça pour vous dire que Jésus n’est pas en train de nous parler de la fin du monde. Il nous parle de sa venue. C’est lui le jugement du monde, en sa personne. C’est lui, dans ses appels d’Évangile et notamment l’appel à aimer et même l’appel radical à aimer même nos ennemis et donc à apprendre à pardonner.

C’est lui, Jésus, qui nous oblige à nous situer ; j’ai envie de dire : à choisir notre camp ! Est-ce que nous voulons nous laisser entraîner par les violences et les noirceurs de ce monde défiguré par le mal et le péché, ou est-ce que nous voulons bien, avec lui, Jésus, œuvrer pour plus de justice, plus de paix, plus de charité et de pardon, et y croire ?!

C’est une vraie question ! Et ça appelle notre réponse ! C’est même un des vrais enjeux de notre vie à sa suite ! Lequel ? Eh bien de croire qu’il est, lui Jésus, victorieux du mal et de la mort, pour de vrai – ça s’appelle la résurrection – et de croire qu’il a besoin de nous, aujourd’hui, à sa suite, pour vivre concrètement cette espérance, la vivre en actes, et l’annoncer !

C’est aujourd’hui le Jour du Seigneur dont nous parle le prophète Malachie… Certes, il est déjà venu, Jésus, c’est ce que nous fêterons à Noël et c’est ce que nous allons nous préparer à réentendre et à faire nôtre tout au long de l’Avent qui va bientôt commencer…

Certes, il est déjà venu, Jésus, lui qui vient mettre en lumière ce à quoi Dieu nous appelle et comment nous y répondons – et c’est ça le jugement : la mise en lumière de comment nous répondons aux appels du Seigneur…

Certes, il est déjà venu, certes nous croyons qu’il reviendra dans la Gloire, à la fin des temps, mais c’est bien aujourd’hui aussi, aujourd’hui encore, déjà, dans le concret de notre vie, qu’il vient et qu’il veut nous offrir cette guérison dont parle le prophète.

D’ailleurs, on pourrait se demander chacun : quelles sont-elles, pour chacun de nous, les guerres intérieures, les tempêtes, les persécutions de tous ordres, qui s’abattent peut-être sur nous, ou en nous, ou autour de nous, dans nos familles ou dans nos lieux d’engagements ? Quels sont-ils ces lieux de notre vie à chacun où nous savons bien, ou nous pressentons, que nous avons besoin de la force même de Dieu, la force même de Jésus ?

A la fois la force de sa présence, sa présence qu’il nous promet et que nous allons célébrer et accueillir ce soir encore dans le mystère de l’eucharistie… A la fois aussi la force de cette présence par les frères et sœurs que Dieu nous donne, en communauté, où la paix et la charité, et la communion entre nous, peuvent être aussi un vrai défi…

A la fois, donc, sa présence, celle du Christ, qui est force de vie, mais également cette autre force et présence qu’il promet à qui la lui demandera, l’Esprit Saint, l’Esprit Saint qui est la force de vie et d’amour de Dieu, l’Esprit Saint qui est la vie même de Dieu, sa puissance de résurrection et de guérison !

C’est par lui, l’Esprit Saint, que Jésus va nous donner de tenir dans l'épreuve, comme il dit à la fin de l’évangile, et qu’il sera notre défenseur… Rappelez-vous, dans l’évangile de Jean, quand Jésus annonce son retour au Père, il nous promet un autre Défenseur et compagnon de chemin, et il nous parle justement de l’Esprit Saint...

Alors demandons l’Esprit Saint, svp ! C’est lui qui nous donnera de croire vraiment en l’amour de Dieu et son salut !

Demandons l’Esprit Saint, qui nous enseignera comment rendre compte de notre foi, comment avoir les bons mots pour oser dire Dieu et sa présence, Dieu et son amour sauveur !

Demandons l’Esprit Saint qui lui seul peut faire notre unité, notre communion, au-delà de nos jugements les uns sur les autres ou de nos difficultés parfois à nous aimer ou à nous comprendre !

Demandons l’Esprit Saint, oui, lui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts ! C’est lui, l’Esprit Saint, que nous allons invoquer sur le pain et sur le vin pour qu’ils deviennent le sacrement de la présence de Jésus, pour qu’il vienne, lui Jésus, établir sa demeure en nous et nous offrir cette guérison, ce salut, dont nous avons peut-être besoin… et que par nous, par notre vie d’Évangile, ça rayonne pour d’autres...

Oui, demandons l’Esprit Saint, pour que nous devenions ce que nous allons recevoir dans cette eucharistie, que nous devenions le Corps du Christ, c’est-à-dire que nous devenions ensemble et à notre mesure présence en actes de Jésus aujourd’hui.

Il vient, Jésus, il veut venir, il veut nous rejoindre pour nous apporter, à nous et à ce monde, nous apporter sa paix et son salut. Puissions-nous le croire, le croire vraiment. Amen.

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