10 Novembre 2019
Un très beau roman. Tout simple. Ecrit avec une forme de sobriété de style. En courts chapitres où s'alternent les personnages, essentiellement d'ailleurs le petit Jules-César et son papa Augustin. Un beau récit de vie qui est une histoire de rencontres au coeur de questions tellement graves : celle d'un enfant malade en quête d'une greffe de rein et celle de la migration avec son lot d'angoisses, les lenteurs administratives, la séparation du reste de la famille, la nostalgie du pays et de la culture...
C'est l'histoire de Jules-César, petit garçon sénégalais. Avec son père ils quittent famille et pays pour la France, pour qu'Augustin puisse donner son rein à son fils. Impossible là-bas, mais pas si simple ici... Ils son partis avec un visa touristique de quelques jours... Et après c'est la vie en situation irrégulière, et le combat pour que l'enfant puisse être pris en charge par l'AME auquel il a droit comme enfant-malade. Et c'est l'attente... Le combat pour survivre... C'est la distance avec femme et enfants qui restent au pays et qui ne comprennent pas pourquoi ça dure, alors que la France leur semblait comme un paradis sur terre...
Anne-Dauphine Julliand, à qui l'on doit notamment le récit bouleversant Deux petits pas sur le sable mouillé (le témoignage de son combat avec la maladie de sa fille Thaïs) et le très beau documentaire Et les mistrals gagnants, nous offre là son premier roman, inspiré en partie de l'histoire d'un des petits garçons rencontré pour son film (cf. bonus ci-dessous). Et c'est beau. Pas de la grande littérature qui marquera l'histoire des lettres, non, et ce n'est d'ailleurs pas le but, mais un très beau récit, tendre et délicat, riche des émotions partagées et racontées et de ces rencontres qui marquent l'aventure pour la vie de Jules-César et Augustin et avec eux de Suzanne, Simon et Thérèse et tata Rosie, M. Jeanjean, Souleymane et Nolwenn...
--------------
Anne-Dauphine Julliand, Jules-César, Les Arènes, octobre 2019, 381 pages, 19€.
Bonus... La parole d'Anne-Dauphine Julliand...