Homélie lundi 24 mai 2021 | Marie Mère de l’Église

Lundi de Pentecôte - Ste Marie, Mère de l’Église

Ac 1,12-14 / Ps 86 (87) / Jn 19,25-34

 

Si je vous dis qu’hier nous avons fêté la Pentecôte, en principe ça n’est pas un scoop ! enfin… j’espère !?

Hier à la Pentecôte on peut dire que ce qu’on a fêté c’est la naissance de l’Église dans son être missionnaire.

Rappelez-vous à l’Ascension, dans le livre des Actes des Apôtres, Jésus disait à ses disciples : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint, alors vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre ». Et ils attendent, en prière. On vient de l’entendre dans la 1ère lecture de ce jour. Ils attendent, les apôtres autour de Marie, et plus largement quelques autres proches de Jésus.

Marie est là, Mère de l’attente, avec ceux que Jésus, sur la croix, lui a confiés en la personne du disciple Bien-Aimé – le seul, d’ailleurs, qui était encore là, comme elle.

Marie, donc, est là, avec les apôtres, Mère de l’attente, jusqu’à la Pentecôte où l’Esprit Saint descend sur chacun d’eux. Et de toutes les nations on peut désormais entendre la Parole de Dieu en sa propre langue, comme on nous le racontait hier dans la 1ère lecture.

À la Pentecôte l’Église devient missionnaire. C’est son job : être l’Église du Christ ça veut dire vivre sa mission d’annonce du salut. Annonce en paroles et en actes. Comme Jésus, tout au long de son ministère public.

Mais pour être missionnaires, ensemble, il nous faut d’abord être disciples, être de celles et ceux qui apprennent comme Marie à accueillir le Christ pour l’enfanter à ce monde. Il nous faut être disciples, c’est-à-dire de celles et ceux qui comme elle apprennent à écouter la Parole – la Parole de Dieu – et à la méditer en son cœur, pour qu’elle vienne nous façonner, nous configurer au Christ et à sa mission.

Et comme elle, Marie, il nous faut entendre les appels du monde pour les adresser au Christ. Rappelez-vous Cana : ils n’avaient plus de vin et Marie leur dit : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Elle est celle qui a entendu un besoin et qui nous tourne vers le Christ pour l’écouter et mettre en pratique ce qui nous sera demandé.

Marie, enfin, est celle qui est là jusqu’au bout, jusqu’au pied de la croix, Mère de patience, Mère de présence, jusque dans la souffrance et la mort. Elle est là, tout-jours. Et le Christ nous dit à chacun : « Elle est là, désormais, pour toi aussi, tout-jours, prends-là chez toi, accueille-là, fais-lui une place… »

Si je vous rappelle tout cela c’est parce que pour être l’Église missionnaire dont le Christ a besoin – pour être le Corps du Christ, signe ensemble de sa présence en actes aujourd’hui – il nous faut comme Marie être d’abord une Église de l’écoute et de la prière. Ensemble, notamment grâce à la liturgie où nous apprenons à écouter la Parole et à accueillir le mystère de la présence du Ressuscité qui nous envoie en mission à sa suite. Mais aussi chacun personnellement, dans l’écoute patiente, jour après jour, de la Parole et de ce que l’Esprit Saint murmure à nos cœurs.

Marie était au Cénacle avec les apôtres, dans l’attente de l’Esprit Saint, dans le silence de la prière, et sans doute dans une forme de vie fraternelle et communautaire où on s’aide les uns les autres à vivre cette attente.

Alors on pourrait se demander chacun : où on en est de notre vie de prière, et de quoi on a besoin pour s’y aider.  ? On pourrait aussi se demander : où on en est de notre apprentissage de l’écoute de la Parole, et là aussi de quoi on a besoin pour s’y aider, par exemple de se retrouver de temps en temps à quelques-uns pour apprendre à écouter ensemble ? – ça s’appelle une Frat’, et c’est vraiment un « lieu » qui est bon pour s’aider les uns les autres à écouter la Parole pour entendre ensemble à quoi elle nous appelle ; je ne peux que vous encourager, vraiment !

Être une Église priante, donc, pour être missionnaire. Et une Église missionnaire qui non seulement va annoncer la Bonne nouvelle du salut, au Souffle de l’Esprit Saint que nous recevons dans les « Pentecôte » quotidiennes de nos vies, mais aussi une Église missionnaire qui se tient comme Marie au pied de la croix, c’est-à-dire en présence à celles et ceux qui souffrent et qui meurent, celles et ceux qui sont violentés et traversés par le mal sous toutes ses formes.

Pour le dire autrement : vivre l’amour en actes, la miséricorde qui est présence qui prend soin du blessé qui est là, la miséricorde qui est consolation et pardon, la miséricorde qui est l’amour sauveur du Père qui relève et remet en route, son amour plus fort que tout mal et que toute mort apparente, avec le Christ qui a ouvert pour nous ce passage et qui nous donne l’Esprit Saint justement pour que nous en vivions. C’est-à-dire non seulement y croire et l’accueillir chacun en nos vies, au cœur de ce qui est difficile peut-être, mais aussi pour que nous en vivions autour de nous, que nous en devenions témoins pour d’autres, et témoins ensemble, en Église.

Alors en ce jour où nous fêtons Marie Mère de l’Église, voilà ce qu’on peut lui demander, voilà ce qu’on peut confier à sa prière et à son intercession : qu’elle nous aide à accueillir la Parole de Dieu qu’est le Christ, qu’elle nous aide à entendre ses appels et ceux des souffrants qui nous entourent, qu’elle nous aide à porter tout cela dans la prière pour discerner ensemble comment répondre, chacun à notre mesure, en fonction de nos talents et de ce que l’Esprit Saint nous soufflera, mais dans la complémentarité de ce que nous sommes, en Église.

Oui, nous pouvons demander à Marie Mère de l’Église qu’elle intercède pour nous, et qu’elle porte avec nous ce qui a besoin de l’être de nos vies à chacun et de la vie de toute notre Église et de notre paroisse. Pour que nous puissions répondre joyeusement aux appels de l’Évangile.

Voilà ce qu’on peut prendre le temps de déposer dès maintenant dans le silence de la prière, pour que le Christ, là, vienne nous rejoindre ce soir par le mystère de sa présence dans le pain et le vin de l’eucharistie. Et avec Marie nous demandons l’Esprit Saint, qu’il soit notre force pour être témoins du salut. Amen.

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