16 Avril 2022
Ce livre de Martin Pochon, jésuite, m'aura accompagné au fil des jours de cette Semaine Sainte. Pour entrer dans le mystère du Christ qui donne sa vie, jusque sur la Croix.
En ces pages nous revisitons un certain nombre de thématiques que la Passion de Jésus appelle à entendre, à éclaircir aussi, et que Jésus cristallise en sa personne quand il est mis à mort. De quoi parle-t-on par exemple quand on dit que sur la Croix et dans l'eucharistie se joue quelque chose d'un sacrifice ? Qu'est-ce que cela veut dire ? Qui s'offre et pourquoi ? Le Père a-t-il voulu la mort de son Fils ? De quoi parle-t-on aussi aussi quand on utilise les mots de rachat, de rédemption ? Jésus meurt pour nos péchés, mais de quoi s'agit-il ? Il est l'Agneau de Dieu, comme dit Jean le Baptiste, qui se laisse conduire à l'abattoir – pour reprendre les mots de la prophétie d'Isaïe –, mais là encore, qu'est-ce que cette image vient nous révéler de Jésus et par lui du Père ?
La lecture ici proposée en ces pages s'articule autour de deux clés de compréhension : la première est constituée par la Cène et la seconde dans cette affirmation de Jésus : qui le voit, lui le Christ, voit le Père (cf. Jn 14,9-11).
J’ai trouvé ce livre fort intéressant, qui nous invite à une relecture de grands textes de l'Ancien Testament comme d'un certain nombre de pages de l'évangile. Pour comprendre ce qui sur la Croix s'accomplit et ce que cela nous révèle de Dieu et de son salut. Il faut sans doute s'accrocher un peu par moments mais il suffit d'accepter d'avancer pas à pas, tranquillement, et de se laisser conduire par l'auteur, au fil de sa réflexion qui est présentée, je trouve, de façon plutôt claire et progressive.
Je retiens de tout cela – et vous partage ces quelques mots de l'auteur, tels un avant goût à cette lecture – que sur la Croix, plus qu'une offrande sacrificielle du Christ au Père pour que nous soyons sauvés il s'agit en fait d'une offrande de Dieu lui-même : Dieu se donne et c'est salut. Jésus donne sa vie non pas au Père mais aux hommes et par lui c'est le Père qui s'offre et qui dévoile pleinement son amour (p.132). C'est Dieu qui, en son Fils, se sacrifie pour l'homme : il ne s'agit donc pas de « se concilier la divinité » mais d'« accueillir son amour pour que naisse en nous le désir de lui donner corps en ce monde et lui rendre gloire. (...) Jésus accepte de perdre sa vie pour ceux qu'il aime (...) pour manifester le don du Père aux hommes » (p.135)...
Dans les pages de conclusion – pour le coup un peu rapides peut-être et qui sont, de ce fait là, plutôt une ouverture conclusive – l'auteur tire de sa réflexion quelques incidences spirituelles, liturgiques et éthiques. Elles ne sont pas les mêmes que l'on comprenne la Croix comme un sacrifice pour obtenir les faveurs de Dieu, fussent-elles son salut, ou qu'on entende là le Père qui se révèle dans le don de son amour pour les hommes, quoi qu'il en coûte, au nom même de cet amour qu'il révèle en son Fils et auquel il nous appelle, jusque dans la traversée du mal et de la mort...
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Martin Pochon sj, L'offrande de Dieu, éditions Vie chrétienne, coll. Lire la Bible, juin 2010, 140 pages, 14€.