Prêtres, selon le pape François ?!

 

Le 17 février dernier, en ouverture d'un symposium à Rome sur le sacerdoce – mais essentiellement, en fait, sur le ministère des prêtres –, le pape François a prononcé un petit discours que je trouve fort intéressant et qui vient d'être publié sous forme de petit livre par les éditions du Cerf.

Autant le dire d'emblée : le titre donné à ce petit opuscule – La grandeur du célibat – est malheureusement trompeur, je trouve, voire mensonger... Je ne crois pas, d'ailleurs, à la lecture de ces pages, que le pape ait voulu intituler ainsi son propos.  En tout cas c'est réducteur et ça me donne l'impression d'une sorte de choix un peu “politique” de l'éditeur. C'est le liminaire de Jean-Marie Guénois qui me fait dire cela : c'est son prisme de lecture à lui du pourquoi le pape aurait prononcé ce discours.

Il me semble, de fait, que c'est Jean-Marie Guénois qui veut défendre ici le célibat des prêtres – et pourquoi pas – mais que ce n'est pas en soi, ou pas d'abord, le propos du pape, même s'il ne le remet pas en cause et ne le questionne pas. Il n'y fait qu'une allusion, certes marquée, mais une seule : “Le célibat est un don que l'Eglise latine conserve, mais il est un don qui, pour être vécu comme sanctification, nécessite des relations saines et des rapports d'estime véritables qui trouvent leurs racines dans le Christ. Sans amis et sans prière, le célibat peut devenir un poids insupportable et un contre-témoignage à la beauté même du sacerdoce” (p.58).

Tout le propos du pape est de rappeler ce qui, de son point de vue, rend équilibré et juste dans son exercice le sacerdoce ministériel des prêtres, ce qui va permettre qu'il soit un chemin de sanctification pour les prêtres eux-mêmes – notamment dans le célibat tel qu'il est vécu dans l'Eglise latine – et un service du peuple de Dieu sans cléricalisme. Mais il me semble que ce que le pape développe brièvement en ces pages s'appliquerait aussi aux prêtres mariés des Eglises orientales.

Que nous dit-il ? Car c'est bien de cela dont il s'agit ! Que le ministère des prêtres doit se vivre en quatre relations qui sont quatre proximités et qui sont pour le pape François le socle ou les quatre piliers constitutifs de notre sacerdoce : le proximité première à Dieu, la proximité à l'évêque – dans une juste obéissance (qui doit se faire écoute mutuelle) –, la proximité aussi aux frères prêtres, et enfin – et évidemment – la proximité au peuple auquel on est envoyé (pour cheminer ensemble).

Le pape François ne théorise pas abstraitement ou dans l'absolu, il le dit dès le début de sa prise de parole, il livre tout simplement ce que lui a enseigné la vie, la sienne et celle de prêtres qui l'ont marqué. Tout simplement. Et il voit dans ces quatre proximités ce qui va permettre que le ministère des prêtres trouve ses équilibres. Quatre relations, dit-il encore, qui doivent s'inscrire dans le style même de Dieu avec nous qui se fait proximité, compassion et tendresse (cf. p.25 et p.66). On retrouve là des thèmes qui sont chers au pape François.

Je ne développe pas plus, je vous recommande ces pages, courtes mais profondes. Et importantes je crois – tout autant qu'elles sont simples et que ce qu'elles mettent en lumière devrait être de l'ordre de l'évidence. Je les recommande pour les prêtres eux-mêmes, mais plus largement pour que les uns et les autres puissent entrevoir mieux peut-être ce qui fait – et devrait être – notre vie.

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Pape François, La grandeur du célibat, Cerf, mars 2022, 75 pages (format poche), 5€.

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On peut lire ici l'intégralité du texte tel que diffusé par différents médias dont ceux du Vatican.

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