29 Janvier 2023
4ème dimanche du Temps Ordinaire - Année A
So 2,3 ; 3,12-13 / Ps 145 (146) / 1Co 1,26-31 / Mt 5,1-12a
En méditant sur ces textes et en me demandant ce qu’il fallait que je vous en dise ce soir, là maintenant, je me suis revu tout jeune prêtre quand on me demandait un témoignage de mon chemin vocationnel…
Je ne vous dis pas ça parce que jeudi qui vient on est le 2 février et que c’est la fête de la vie consacrée ou parce que le week-end prochain y’a un week-end vocations du diocèse à la découverte de ce que c’est être prêtre diocésain aujourd’hui et notamment dans notre diocèse. Non…
Je vous dis ça parce qu’en réentendant l’appel de la 1ère lecture à chercher le Seigneur – c’est ce que nous dit le prophète Sophonie – je me suis réentendu dire alors aux uns et aux autres que si j’étais prêtre aujourd’hui c’est parce que j’ai compris que c’était le chemin pour moi pour chercher Dieu. Non pas, rassurez-vous, que je ne savais pas qui c’est ou que je ne le connaissais pas un peu quand même. Non pas non plus que je n’avais pas ressenti en moi quelque chose de ce qu’on va appeler un appel à suivre le Christ. Mais justement : j’avais pressenti quelque chose de Dieu, du Christ, de sa présence à ma vie, et ça m’a mis en mouvement. Pour le connaître mieux, le connaître plus, et j’ai senti que ce serait en me donnant à sa suite, peut-être comme prêtre, qu’un chemin s’ouvrait pour moi pour mieux découvrir qui est Dieu, pour mieux suivre le Christ, pour mieux le chercher.
Je ne dis pas ça pour que vous veniez me voir à la fin de la messe pour vous inscrire à l’un ou l’autre des week-ends vocations du diocèse, pas du tout, mais juste pour vous faire toucher du doigt le sérieux de cette question ou plutôt de cet appel de Sophonie pour nous encore aujourd’hui.
Est-ce que tu veux chercher Dieu ? Le chercher pour de vrai, le chercher concrètement ? Et peut-être que la question première c’est d’ailleurs : comment le chercher ?
Peut-être que tu as fait une expérience qu’on va appeler spirituelle, quelque chose de l’ordre d’une rencontre du Christ – même si on ne sait pas toujours comment le mettre en mots – ; peut-être que tu as fait une sorte d’expérience de la présence de Dieu à tes côtés ou de son amour, et que tu veux en faire quelque chose… Dans ta vie normale et ordinaire de tous les jours…
Comment on s’y prend ? Que faire ou qu’en faire ? Comment chercher Dieu ? Comment chercher sa justice et sa paix ? Comment suivre le Christ ?
Alors tu vas me dire que t’es là ce soir et souvent le dimanche et que c’est déjà pas mal. De fait. Tu vas peut-être me dire aussi que tu accompagnes un « Tlaceur » – un jeune qui se prépare au baptême ou à la confirmation ou à communier pour la première fois. Et c’est pas mal aussi. Peut-être que tu participes aux soirées de FEU ou à un groupe scout ou je ne sais quoi d’autre. Et c’est très bien. Voilà des lieux pour chercher Dieu, pour apprendre à le connaître et pour apprendre à le suivre et à vivre ses appels d’Évangile.
Peut-être même que tu es accompagné spirituellement ou que tu te poses la question. Et c’est très bien aussi. Et ici à St Jo on t’encourage plutôt.
Tout ça c’est très bien… mais en même temps, j’ai une espèce de petit voyant qui s’allume dans ma tête. Attention : pas seul. Jamais. Avec d’autres. Et pas dans un « que-pour-soi-qui-me-fait-du-bien », mais aussi en se donnant pour d’autres et avec eux, pour que eux aussi cherchent Dieu. Que eux aussi apprennent à nommer quelque chose de cette présence que peut-être leur cœur a pressenti un jour et dont ils ne savent pas forcément quoi faire ni qui c’est !
Nous, j’ai envie de dire, on a de la chance. On peut mettre un nom, presqu’un visage même : le Christ. Mais autour de nous, est-ce que tout le monde a les éléments pour ça ?
On en connaît des gens qui cherchent un sens à leur vie, des jeunes et des moins jeunes autour de nous. On en connaît qui cherchent à se donner pour plus de justice et de paix et qui voudraient aider à leur mesure à ce que le mal soit moins prégnant autour de nous et dans ce monde. Ce que d’ailleurs certains sont tentés de confondre parfois avec ce que Sophonie appelle « la colère du Seigneur »...
Petite parenthèse à ce propos : « la colère du Seigneur » dont il est ici question c’est pas Dieu qui se vengerait de je ne sais quoi, c’est Dieu qui en a marre de son peuple qui n’écoute plus sa Parole et qui fait un peu n’importe quoi, son peuple qui se crée des idoles en croyant que c’est le pouvoir ou le sexe ou l’argent ou la domination de l’autre qui peut nous rendre heureux. Et Dieu ça l’énerve, ça bouillonne en lui – si j’ose l’expression – et il se dit qu’ils n’ont rien compris. Chez un être humain, quand du coup ça explose ça s’appelle de la colère. Et c’est avec nos mots humains que le prophète essaye de faire prendre conscience au peuple qu’il faut s’y remettre ! A quoi ? A chercher Dieu ! A lui faire place. A l’écouter. A suivre ses appels. Pour vivre son projet de salut qui est le bonheur qui nous est promis, celui que nous disent les Béatitudes de l’évangile.
On voudrait être forts et maîtriser nos vies. On voudrait s’en sortir tout seul de nos épreuves de tous ordres. On voudrait prouver aux autres qu’on s’en sort très bien par soi-même. Sauf que c’est pas si vrai que ça. On est parfois bien petits face à la vie, face à nos choix, face à nos épreuves, face à tout ce que vous voulez ! Et Dieu nous dit : ça tombe bien, tu vas pouvoir compter sur moi.
C’est ça être « faible dans le monde », comme l’a dit la 2ème lecture. C’est de ces gens-là dont Dieu a besoin pour se faire connaître. Et c’est ça être « pauvres de cœur », comme disait l’évangile qu’on vient d’entendre, c’est-à-dire pas remplis de je ne sais quoi, mais dépendants de Dieu et des autres, en manque d’amour, de reconnaissance, de richesse, de force, de tout ce que vous voulez. Et ce n’est pas grave : car il est là le chemin du vrai bonheur, celui où on va chercher à avancer avec d’autres, y compris chercher Dieu, chercher un sens à ce qui nous arrive, chercher à grandir sur notre chemin de vie…
Je repense à mes jeunes années de jeune prêtre et même quand j’étais séminariste. Ce sentiment en moi d’être bien petit, pas trop à la hauteur de tout ce qu’on allait attendre de moi – l’idée de parler en public, par exemple, ou de devoir faire une homélie, comme pour vous ce soir, c’était l’angoisse absolue ! Et en même temps ce désir en moi de chercher Dieu, de mieux le connaître, et surtout, en fait, de vouloir que d’autres puissent faire ce petit bout de chemin eux aussi, que d’autres puissent découvrir qu’il y a un Dieu qui est là, qui veut marcher avec nous, qui nous aime – et que ça n’est pas que des mots, que ça peut être un vrai moteur de vie et de confiance en la vie, malgré tout parfois, mais pour de vrai.
Moi c’est pour ça que je suis prêtre. Et rassurez-vous j’ai avancé avec Dieu. Je cherche encore à le suivre, à répondre à ses appels, mais ma question c’est plutôt aujourd’hui : « C’est quoi ta volonté Seigneur, pour moi aujourd’hui ? »
Mais parce que j’avance, parce que j’ai cheminé grâce aux uns et aux autres. Et ça rend heureux. Et je vous le souhaite, quel que soit votre état de vie et votre chemin avec le Seigneur.
Et même j’aimerais que d’autres avec vous soient entraînés sur ce chemin. Que d’autres découvrent que oui Dieu existe, que oui Dieu est là, que oui Dieu t’aime, m’aime, nous aime, de cet amour sauveur qu’est sa miséricorde, son amour qui console, qui pardonne et qui redonne l’espérance. Cet amour qu’on est appelés à vivre les uns pour les autres et autour de nous.
Peut-être que la question pour toi, là maintenant, ça pourrait être : qu’est-ce que tu vas faire de tout ça ? Comment permettre à d’autres de découvrir un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, ce petit peu de la foi qui t’habite et que tu peux déjà partager, ce petit peu de l’Évangile que tu as déjà compris ou qui t’as déjà touché et que tu peux déjà annoncer à d’autres ? Comment faire ?
Figure-toi que t’as de la chance, parce que jeudi soir y’a un truc exprès pour ça. Un repas où tu peux inviter un ami ou un jeune que tu croises en cours ou au boulot et qui peut-être se pose des questions sur le sens de sa vie ou sur qui est Dieu et s’il existe vraiment. C’est un repas pour lancer le parcours Alpha qui est fait exprès pour ces gens-là et peut-être même pour toi. La question c’est juste de se demander, là maintenant : qui je pourrais inviter ? A ce repas par exemple – on vous en dit plus aux annonces.
Et toi, d’ailleurs, de quoi tu as besoin en ce moment ? Peut-être que c’est aussi ce repas Alpha qui serait une bonne occasion… Ou peut-être c’est d’accompagner un futur baptisé ou un confirmand… Ou peut-être encore c’est en t’inscrivant à l’UH – et c’est bientôt aussi, et ça aussi on vous en dit plus aux annonces…
La question pour chacun de nous c’est : de quoi j’ai besoin pour avancer dans ma vie et dans ma vie de foi. Et avec qui je vais avancer et chercher Dieu, chercher à le connaître un peu plus, chercher à comprendre un peu plus aussi à quoi il nous appelle, etc.
Alors on va laisser tout cela résonner en nous. On va prendre quelques instants de silence, juste laisser tout cela descendre en nous et recueillir tout simplement ce que ça fait remonter, ce qui nous habite ; peut-être à quoi ça nous appelle aussi ou qui inviter jeudi soir… Et on l’offre au Seigneur dans cette eucharistie. Tout simplement… Amen.