Le « care » chrétien ou la révolution de l'amour

Je ne sais comment des soignants peuvent recevoir ces pages mais moi je les ai trouvé très intéressantes (malgré l'une ou l'autre longueur peut-être).

Cette notion de care nous vient du monde anglo-saxon et pourrait se dire d’un prendre-soin de la personne dans sa globalité, non pas seulement les aspects médicaux et techniques, mais humains et relationnels aussi, peut-être même sociaux (cf. p.120 + p.154). Un prendre-soin de la présence et de la proximité, et qui ne soit pas seulement celui de la partie malade ou du côté « à-demi-mort » de la personne mais bien d'un prendre-soin dans sa globalité et donc de ce qui est « à-demi-vivant » aussi !

Cette idée ou plutôt cette expression d'« à-demi-mort » est celle que Jésus utilise dans la parabole du Samaritain, en Lc 10. Une histoire que Jésus raconte pour illustrer l'appel à aimer. Et il s'agit en ces pages de ce qu'est la charité en actes à l'école du Christ qui nous révèle l'amour du Père, son amour sauveur, sa miséricorde.

Ainsi ces pages sont-elles une lecture spirituelle et « sociale » – voire « sociétale » – de cette parabole, dans une mise en résonance avec cette notion de care. Ce mot vient-il d'ailleurs du champ sémantique de la charité, ou se rapproche-t-il de la cura (en latin, ce qui a donné le nom de curé, cette fonction que reçoivent certains prêtres de « prendre soin » de la communauté qui leur est confiée et dont ils sont pasteurs au nom du Christ et de l'Eglise) ? Je ne sais, en tout cas c'est très intéressant de faire les liens. Avec cette autre question que cela pose : y aurait-il là – notamment dans la charité en actes – un care chrétien, avec l'une ou l'autre spécificités ?

Concrètement nous cheminons au fil des versets de cette parabole, dans les divers moments et les étapes de ce qui est donné à vivre à chacun des personnages. Pour comprendre à quel amour le Christ nous appelle, en actes. Et nous laisser enseigner et transformer par cette histoire, au coeur du réel de ce que nous vivons.

En toile de fond à ce propos on retrouve la crise des abus dans l'Eglise – notre auteur, actuel archevêque de Strasbourg, a d'ailleurs écrit un livre à ce sujet, dont il fut question sur ce blog – mais il y a également les débats en cours sur la fin de vie...

Une lecture qui n'est donc pas sans liens avec l’actualité, et que je recommande. Spirituelle et incarnée. Et qui tombe bien à quelques jours à peine de la Journée mondiale de prière pour les malades (le 11 février) et du Dimanche de la santé (en France, le dimanche qui lui est proche ; cette année : le lendemain).

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Mgr Luc Ravel, Le « care » ou la révolution de l'amour, Salvator, janvier 2023, 201 pages, 18€90.

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Petit « plus » par ici…