12 Mars 2023
3ème dimanche du Carême - Année A
Célébration des 1ers scrutins pour les catéchumènes
Ex 17,3-7 / Ps 94 / Rm 5,1-2.5-8 / Jn 4,5-42
C’est l’histoire d’une rencontre. Cette histoire qu’on vient d’entendre mais plus largement en fait notre histoire à chacun avec le Seigneur Qu’on en ait conscience ou pas trop. La vie chrétienne est histoire de rencontres.
Il y aura parfois, dans nos histoires à chacun, un évènement spirituel un peu fulgurant ou lumineux qui nous fera dire que se jouait là quelque chose de Dieu. Parfois ce sera plutôt de l’ordre d’une intuition intérieure ou d’une Parole d’Évangile qui vient nous saisir. Ou la vie d’un saint. Parfois encore c’est un évènement ou une rencontre qui font basculer les choses, et quelque chose s’impose à nous, une espèce de confiance en Dieu ou une expérience de son amour, même si nous ne savons pas bien le mettre en mots.
C’est l’histoire d’une rencontre, toujours, parce que Dieu veut nous rencontrer et nous rejoindre. Comme dans cette page d’Évangile que nous venons d’entendre. Et bien souvent il nous faudra apprendre à voir que c’était lui, il nous faudra apprendre à discerner quelque chose de son passage en nos vies. Telle rencontre qui nous remet en route alors que la vie perdait peut-être sa saveur des jours. Ou tel évènement qui vient donner sens à ce que nous avons à vivre ou qui vient éclairer le chemin sur lequel nous avançons… Je ne sais…
Cette femme, au bord de son puits, elle n’a pas compris tout de suite qui était là. Ni d’ailleurs de quoi il lui parlait avec cette histoire d’eau qu’il demande puis qu’il affirme pouvoir offrir et qui étanchera toute soif définitivement. De quoi parle-t-il ? Qui est-il ? Et au fil des mots échangés, au fil de sa vie qui commence à se dire, et de Jésus qui là vient la questionner et l’éclairer, alors un chemin de foi se dessine.
De l’homme qui est là, elle va comprendre peu à peu qu’il est un « prophète », quelqu’un qui parle au nom de Dieu. Et même plus que cela, elle va se demander ensuite s’il n’est pas le « Messie », c’est-à-dire l’envoyé promis par Dieu, le Christ qui doit libérer Israël. Mais alors, que fait-il avec elle, elle une samaritaine, une mal-croyante, et en plus une mal-aimée à cause de sa vie tumultueuse, une mal-aimable qui doit aller au puits à l’heure la plus chaude du jour, l’heure où elle est quasi sûre que personne ne viendra et ne la verra ? Qui est-il cet homme-prophète-Messie ? A la fin de l’histoire ceux à qui elle a été raconter son étrange rencontre et leur dire le Christ qui est là, eux vont reconnaître en lui « le Sauveur du monde » et le lui annoncer en retour.
C’est l’histoire d’une rencontre qui devient chemin de foi… et de vie…
Et nous, ai-je envie de vous demander, nous : où en sommes-nous de ce chemin ? Qui est le Christ pour chacun de nous ? Et quelles sont ces soifs de vie et d’amour, ces attentes de salut qui sont les nôtres, où le Christ est peut-être déjà venu nous rejoindre, ou alors qu’il nous faut lui présenter pour que là il vienne aujourd’hui se révéler à nous et nous guérir ou nous réconcilier peut-être avec nous-mêmes et je ne sais quoi de notre histoire à chacun ?
Et si ce temps du carême qui avance était justement ce temps favorable pour que nous nous donnions les moyens de laisser l’amour du Christ nous saisir et nous renouveler, cet amour que Dieu veut répandre en nos cœurs par son Esprit Saint – comme nous le rappelait la 2ème lecture – ?
Oui, où en sommes-nous chacun de notre histoire avec le Seigneur ? Est-ce que nous serions d’ailleurs capable de voir à quel moment, peut-être, nous sommes devenus croyants d’une foi plus personnelle, qu’est-ce qui a pu nous saisir de lui ou de son Évangile et nous donner de vouloir continuer à le chercher, à le suivre, ce qui a pu nous donner d’apprendre à l’aimer et à nous laisser aimer par lui, pour apprendre à aimer à sa suite celles et ceux qui vont croiser notre route ou vers qui il nous envoie ?
Où en sommes-nous de notre foi ? Et comment faire de ce temps de carême un temps de rencontre, un temps favorable pour laisser le Seigneur nous rejoindre ? Par la prière personnelle et communautaire, par exemple, mais aussi l’écoute ou le partage de sa Parole, au fil des jours qui viennent ? Ou encore dans l’expérience du pardon et de la miséricorde que le Père veut nous offrir – ce que nous vous proposons de vivre ce soir dans le prolongement de cette eucharistie ou dimanche soir prochain – ?
Où en sommes-nous de ce chemin avec le Seigneur ?
Parmi nous aujourd’hui un certain nombre de nos catéchumènes vont vivre l’étape des 1ers scrutins, en vue de votre baptême dans la nuit de Pâques. Vous êtes une occasion pour nous de renouveler notre propre baptême, cet appel à nous laisser plonger dans l’amour sauveur du Père pour vivre renouvelés à la suite du Christ, vivre en sauvés, en ressuscités, appelés à en être témoins pour d’autres, en paroles et en actes, en vivant de cette miséricorde du Père dont le Christ est témoin pour nous, cette miséricorde du Père qu’il nous révèle et qu’on voit à l’œuvre dans cette rencontre de Jésus avec la Samaritaine. Cette miséricorde du Père, son amour sauveur, qui est cet amour « qui console, qui pardonne et qui donne l’espérance » – comme dit le pape François. L’amour en actes que Dieu veut nous offrir et qu’il nous appelle à vivre concrètement pour d’autres. Car c’est bien son amour – et donc l’amour en actes – qui sauve le monde…
Avec vous les catéchumènes qui serez baptisés à Pâques, laissons-le Seigneur nous rejoindre chacun, là où nous en sommes de nos vies. Laissons-le nous rejoindre et nous regarder, laissons-le scruter nos cœurs, laissons-le purifier nos désirs de vie et guérir ce qui a besoin de l’être. Osons aussi le laisser déposer son pardon pour que nous apprenions à aimer mieux avec lui. Et demandons-lui sa force. Pour nous, pour vous les catéchumènes qui avancez vers le baptême, et pour tous ceux qui peinent autour de nous et qui ont besoin que nous soyons présence pour eux – peut-être même, sans le savoir, présence de Dieu qui veut aussi les rejoindre.
Alors oui, prions. Prenons dès maintenant quelques instants de silence ; et prions les uns pour les autres. Accueillons ce que le Seigneur voudra bien nous offrir que ces mots peuvent éveiller en nous, et ouvrons nos cœurs à sa présence et à la force discrète de son Esprit Saint – l’Esprit Saint qui est « le don de Dieu », l’« eau vive » du salut.
Et que cette eucharistie nous aide à marcher humblement sur ce chemin de carême, ce chemin où le Seigneur nous attend et nous précède. Amen.