Les tourmentés

Les tourmentés

Qui sont-ils ces « tourmentés » ? Skender, cet ancien légionnaire qui s’est clochardisé et que son ami Max va retrouver et entraîner dans un étrange contrat ? Madame, cette veuve fortunée pour qui travaille Max et qui a en tête cette idée terrible qui devrait les conduire à leur perte ? Manon, celle qui fut la compagne de Skender, mais l’on ne sort pas indemne d’une telle relation ! Leurs deux garçons ? Et Max, évidemment ?

Skender va suivre Max chez Madame et va dire oui. Il va pouvoir tout offrir à Manon et aux enfants, mais sans pouvoir dire... Il faut apprendre à se ré-apprivoiser mutuellement, faire tomber les peurs et les méfiances, oser croire qu’un amour renouvelé est possible et que tout ne va pas se rejouer et s’effondrer de nouveau… Si seulement…

Skender va travailler dur. Madame aussi. Et Max qui fait le job ; mais qui intérieurement va prendre peur, pour chacun, pour eux tous… Pourquoi tout ça ? Qu’ont-ils vécus pour en arriver là ? La question devenant : où tout cela ira-t-il ? Jusqu’au bout ? Une échappée est-elle possible, mais laquelle, et en veulent-ils ?

C’est plutôt très réussi. On est entraînés avec eux. Il y a quelque chose de nerveux ou plutôt d’un peu haletant, d’intrigant aussi, d’un peu déroutant. Tout cela est rendu en partie par le style, qui a quelque chose d’incisif, rythmé, mais aussi – et peut-être même plus encore – par ces courts chapitres, tous à la première personne du singulier, quel que soit le personnage qui prenne la parole – au début c’est déstabilisant, puis ça devient comme un « jeu » ; ce qu’on pourrait d’ailleurs penser ou dire de toute cette histoire ?!

Il s’agit d’un premier roman pour Lucas Belvaux qui nous offre là quelque chose d’original et terrible, une histoire bien menée, un scénario à la mécanique bien huilée, où tous sont entraînés vers quelque chose d’inéluctable. Et tous on retient son souffle jusqu’au bout, mais on y va, on ne peut plus reculer, ça nous entraîne, même quand on voudrait s’arrêter ou mettre sur pause. Tous ? Lecteur y compris, moi en tout cas.

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Lucas Belvaux, Les tourmentés, folio, janvier 2024 (Alma éditeur, 2022), 345 pages (format poche).

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