Homélie Pentecôte 2024

Arcabas (Sœurs du Cénacle - Lyon)

Arcabas (Sœurs du Cénacle - Lyon)

Dimanche 19 mai 2024Pentecôte [Année B]

Ac 2,1-11 / Ps 103 / Ga 5,16-25 / Jn 15,26-27 ; 16,12-15

 

La 1ère lecture a bien planté le décor de cette fête : nous sommes 50 jours après Pâques, les apôtres qui sont réunis ensemble et qui attendent le don de l’Esprit Saint depuis 10 jours – depuis l’Ascension – font cette expérience un peu foudroyante – une expérience « du feu de Dieu » ! – qui les fait sortir de chez eux et proclamer en toutes langues les merveilles de Dieu ; ou plutôt : qui leur donne de proclamer les merveilles de Dieu et chacun les entend dans sa propre langue.

L’air de rien on a ici pas mal de choses à entendre. La 1ère que je voulais rappeler c’est la promesse qui nous a été faite à l’Ascension quand Jésus a dit à ses apôtres : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit saint. Alors vous serez mes témoins (…) jusqu’aux extrémités de la terre ». Et c’est bien ce qui s’est passé, c’est pour cela que nous sommes là, plus de 2000 ans après, rassemblés pour célébrer ce don de l’Esprit Saint qui veut et qui peut faire toute chose nouvelle en nos vies – je vais y revenir.

« Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint. Alors vous serez mes témoins (…) jusqu’aux extrémités de la terre ». Ce soir nous entendons les apôtres qui reçoivent cette force promise, de don que Jésus nous fait, qu’il nous invite ce soir encore à demander, à accueillir, pour, dit-il, que nous marchions sous sa conduite. C’était le début de la 2ème lecture, par la bouche de St Paul : « Frères, je vous le dis : marchez sous la conduite de l’Esprit Saint » …

« Marchez sous la conduite de l’Esprit Saint » … C’est le programme pour l’ordinaire de nos jours, c’est le programme si nous voulons suivre vraiment Jésus, non seulement être ses disciples mais aussi devenir ses témoins.

Or que s’agit-il d’annoncer, de quoi avons-nous à témoigner ? Des merveilles de Dieu, justement. Proclamer les merveilles de Dieu, et que chacun puisse les entendre dans sa propre langue, c’est-à-dire : que chacun puisse être rejoint par cette annonce, par notre témoignage, là où il en est, avec les mots qu’il peut entendre et recevoir. Car l’enjeu c’est bien celui-ci : que notre parole – celle de notre témoignage – puisse trouver résonance dans le cœur et la vie de celles et ceux à qui nous allons nous adresser, et qu’un chemin s’ouvre et soit possible. Un chemin de découverte qu’il y a un Dieu qui est là, qui veut se faire notre compagnon de route, et qui veut pour nous le salut : une vie libérée de tout ce qui nous empêche de vivre pleinement, une vie où le mal et les épreuves ne sont plus un mur infranchissable mais le lieu même où Dieu veut nous relever et re-susciter la vie en nous, le lieu même où il va se donner à reconnaître et nous donner de goûter ou d’expérimenter quelque chose de sa présence qui donne vie.

Ce que l’Esprit Saint veut faire en nous, par nous, c’est de proclamer les merveilles de Dieu. Et ça, ça veut dire : oser annoncer ce que Dieu a peut-être déjà fait en notre vie à chacun, qui il est pour nous, son œuvre de salut en nous, l’œuvre de son amour qui peut-être, un jour, nous a saisi déjà et mis en route. Oser annoncer son œuvre en nous, donc, mais aussi annoncer cette œuvre qu’il est lui-même, les merveilles de Dieu que sont la venue de son Fils en notre humanité et la Bonne nouvelle de sa résurrection, cette résurrection qui ouvre des chemins de vie et d’espérance pour qui veut bien y croire et en vivre.

C’est tout cela que nous essayons d’entendre et de réentendre depuis 50 jours, c’est tout cela que nous essayons de recevoir et de croire depuis les fêtes de Pâques. 50 jours qui nous ont été donnés pour croire que le Christ est vraiment ressuscité et que ça ouvre des chemins d’espérance pour nous, 50 jours pour entendre que la mal et la mort n’ont pas le dernier mot de nos vies et que le Christ est vivant auprès du Père, et que d’auprès du Père il est présent pour tout-jours avec nous, par le don de l’Esprit Saint, la force de vie et d’amour de Dieu, cette force de vie et d’amour qu’il est lui-même.

Voilà ce que nous avons à annoncer, voilà ce que l’Esprit Saint peut faire en nos cœurs, en nos vies. Il vient nous renouveler au souffle de l’amour même qu’est Dieu. Nous façonner en cette dynamique d’amour sauveur qu’est Dieu lui-même et qui s’appelle aussi la miséricorde, cet amour qui relève, cet amour « qui console, qui pardonne et qui donne l’espérance » (comme dit le pape François), cet amour qui prend soin de l’autre qui est blessé par les épreuves de la vie. C’est ce que nous sommes appelés à vivre, à la suite du Christ. Et pour cela le Christ a promis l’Esprit Saint.

Et dans la 2ème lecture, quand St Paul fait cette espèce de liste de tout ce qui peut être compliqué dans nos vies marquées par le péché et par la tentation de dominer et d’assouvir nos passions voire nos pulsions, quand St Paul fait cette liste de ce qui combat en nous, il nous dit justement de demander l’Esprit Saint, cet Esprit de Dieu qui va nous enseigner ce que Dieu veut pour nous, le chemin de vie que Dieu veut pour nous, et qui est justement celui de l’amour véritable, celui qui respecte l’autre, celui qui va m’apprendre à respecter mon propre corps et le corps de l’autre, celui qui va me donner de comprendre que l’autre, quel qu’il soit et quelle que soit son histoire et ses méandres de vie, est une « terre sacrée » (comme dit là encore le pape François), et que l’enjeu de nos vies c’est de témoigner de cet amour sauveur du Père pour tous, cet amour sauveur révélé par le Christ et qu’il nous appelle à vivre à sa suite.

Et figurez-vous que 50 jours après Pâques, les juifs fêtaient le don de la Loi – les 10 commandements. Or la Loi nouvelle, pour nous qui sommes disciples du Christ, la Loi nouvelle c’est celle de l’amour, l’amour qu’est Dieu lui-même, son amour sauveur, sa miséricorde.

L’Esprit Saint qu’il nous faut demander et accueillir, l’Esprit Saint que Dieu veut répandre en nos cœurs, voilà la Loi nouvelle qu’il nous faut suivre. Et St Paul l’a bien dit : « marchez sous la conduite de l’Esprit Saint » ; et il insiste, il le redit, et à la fin de notre 2ème lecture il ajoute de nouveau : « Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit saint »

« Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit saint ». Voulons-nous y croire ? Voulons-nous devenir ces témoins-là dont le Christ a besoin aujourd’hui dans ce monde encore défiguré par le mal ; ce monde, aussi, qui oublie Dieu et qui croit pouvoir vivre sans lui ? Voulons-nous être ces témoins de l’Évangile qui ne pourront l’être vraiment qu’au souffle de l’Esprit Saint ?

Si oui, si nous le voulons bien, alors demandons au Christ, ce soir encore, de nous renouveler au souffle de son Esprit. Demandons-lui qu’il nous éclaire quand nous ouvrons les Écritures pour apprendre à entendre sa Parole, apprendre à entendre la Parole qu’il nous adresse et les appels que Dieu nous fait. Demandons-lui – demandons au Christ – que l’Esprit Saint qui l’a ressuscité d’entre les morts nous donne vie, qu’il nous donne d’oser nous lever et aller annoncer les merveilles de Dieu, annoncer le Christ et son salut, et annoncer ce que Dieu a peut-être déjà fait en nos vies à chacun.

Demandons l’Esprit Saint, chacun et pour notre communauté. Demandons que toute notre Église se laisse tout-jours et encore renouveler par cette force de vie et d’amour. Que nous puissions être témoins, chacun à notre mesure mais toute notre mesure ; et que nous osions nous engager – un peu, beaucoup passionnément, à la folie – dans l’annonce de l’Évangile et de l’amour de Dieu qui veut rejoindre chacun et nous donner d’avancer au cœur du réel concret de ce qui fait notre vie, y compris au cœur de ce qui est blessé peut-être.

C’est la Bonne nouvelle de la résurrection, et c’est l’œuvre de l’Esprit Saint : la vie est et sera plus forte que tout mal et que tout chemin de mort, la vie et le don de soi par amour.

Alors demandons avec foi et insistance l’Esprit Saint. Qu’il nous renouvelle, qu’il façonne nos cœurs pour être témoins du Christ et de son Évangile. Que nous devenions ce que nous allons célébrer, le Corps du Christ : sa présence en ce monde, et donc ses mains qui vont prendre soin et guérir, sa voix qui va consoler et encourager, ses pieds qui veulent rejoindre chacun, qui qu’il soit et quelle que soit son histoire.

Oui, demandons l’Esprit Saint, l’Esprit Saint que nous allons invoquer tout à l’heure sur le pain et le vin, demandons l’Esprit Saint qui fait de nous l’Église du Christ. Demandons cet Esprit de vérité, cette vérité qui est celle de l’amour. Là est le critère de toute vie à la suite du Christ, là est la Loi nouvelle qui nous est donnée : l’amour qui se donne, l’amour sauveur…

« Viens, Esprit Saint, viens en nos cœurs, et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière. Viens en nous, père des pauvres, viens dispensateur des dons, viens lumière de nos cœurs. Consolateur souverain, (…) lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tes fidèles. (…) A tous ceux qui ont foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacré (…), [et] la joie éternelle. Amen. »

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