21 Septembre 2024
Ce petit livre de spiritualité – petit par sa taille seulement – est le second du fr. Rémi-Michel Marin-Lallemet, jeune frère dominicain âgé de seulement 30 ans. J’avais été très touché par son premier et j’ai été heureux d’apprendre la sortie de celui-là. Heureux de cette lecture aussi.
Ceci dit, autant j’ai aimé ces pages en la profondeur presque poétique de l’expérience spirituelle partagée, autant je suis pourtant resté un peu sur ma faim… Mais je me dis après coup que peut-être aussi en cela que c’est réussi… Car ces pages nous parlent de vie spirituelle et notamment de la prière quand elle nous est difficile voire impossible, or ceci ne sera justement jamais comblé, toujours en suspens ; car Quelqu’un est là, qui a été pressenti, entraperçu, et là peut commencer la prière, ou plutôt une mise en mots dans la prière…
Je m’explique : le point de départ du propos de notre jeune auteur c’est justement quand la prière se fait silence. Non pas tant silence de Dieu d’abord, mais bien de nous, tel un vide, qui devient une sorte de « à quoi bon » et de « mais comment faire pour prier ». Et si notre vie était déjà prière, sans le savoir, si notre vie était toute spirituelle et que cela soit justement chemin de prière, chemin non seulement pour apprendre mais pour découvrir que Dieu est là et que lui me parle ?
Et notre jeune dominicain de nous proposer alors une sorte d’échelle spirituelle, en chapitres qui s’appellent et s’enchaînent, tels des échelons à monter tranquillement : penser, regarder, écouter, croire, vouloir et tomber. Oui oui : tomber…
Il faut avancer pas à pas, accepter que ça nous déplace aussi ; et c’est très beau, dans le style comme dans les mots qui là sont posés pour nous. La Parole de Dieu n’est jamais loin, qui sous-tend le discours, notamment des versets de psaumes qui, on le sent, ont habité et aidé notre jeune auteur sur son propre chemin spirituel. Chemin dont il lâche d’ailleurs quelques bribes de témoignage au détour de l’une ou l’autre pages. Des rencontres aussi, qui l’ont marqué et qui façonnent à leur façon sa quête spirituelle d’apprenant-priant.
Je le redis, c’est très beau, même si ça peut déplacer et si ça peut laisser un peu en attente de « plus » sur la fin. Mais ce plus n’est-il pas justement le pas qu’il y a encore à faire ? Celui-là même de la prière : celle des mots qui vont venir comme celle de l’humble mise en présence silencieuse avec Dieu qui est là et qui nous attend, non pas dans un ailleurs ou un autrement, à côté de ce qui fait l’ordinaire des jours, mais bien au cœur de ce que nous vivons ? C’est moi qui ajoute cela, et c’est ce qui m’habite en refermant ces pages qui nous invitent à nous laisser conduire.
Je le redis (encore !) : c’est beau, ces pages ; et, à mon humble avis, ça ne peut faire que du bien à votre vie spirituelle – en tout cas je le crois.
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Rémi-Michel Marin-Lamellet, Comme la voix des océans. Quand nous ne savons plus prier, Cerf, juillet 2024, 134 pages (petit format), 15€.
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Pour retrouver un article sur l’itinéraire spirituel de notre jeune auteur dominicain c’est au bas du post sur son livre précédent, en cliquant ici et en défilant ensuite jusqu’en bas de page.