La prochaine fois que tu mordras la poussière

La prochaine fois que tu mordras la poussière

Il y a quelque chose de fulgurant dans ce récit. Et par certains côtés d’un peu violent. Pas tant ce qui est raconté que la façon de le raconter, le style. C’est prenant, c’est un style dynamique. Peut-être parce que notre jeune auteur écrit en fait comme s’il parlait, comme s’il s’adressait à nous, en style très oral ?

En cela déjà il y’a quelque chose de très actuel, un peu « miroir d’une génération ». Et en ce qu’il raconte encore plus – du moins de certains, au sens d’un certain milieu de jeunes de cette génération. Nous plongeons avec lui dans l’intime complexe de cette génération – ils ont 20 ans, max 30 (notre auteur a 26 ans), ils sont plutôt de milieu « parisien », en tout cas urbain, et (pour lui) du monde des médias ou de la culture (une certaine jeunesse, donc, plutôt bourgeoise d’ailleurs).

Et racontant la fin de vie de son père – son père qui meurt et ce que ça vient éveiller en lui le fils, de questionnements et de souvenirs –, il se raconte lui, complexe, habité de « 1000 démons » intérieurs qui sont lui-même, ses blessures, ses souvenirs, ses questions existentielles, et ceux qu’il a aimé ou n’a pas su aimer ou ne sait pas s’il a aimé, etc. 

Les deux grands combats de ce jeune homme sont cette homosexualité qu’il a longtemps refusée de reconnaître et de s’avouer, et une forte fragilité psychique qui le met dans des états de dépression plus ou moins forts et récurrents mais qui en tout cas sont bien là. Et la question de son rapport complexe à ce père qui va mourrir et dont il voudrait être proche – plus proche – pour cette fin de vie.

J’ai trouvé intéressant et très « agréable » à lire, prenant, dans cette « fulgurance » dynamique que j’évoquais en début de ce post. Et ce même si c’est parfois violent dans la façon de raconter, notamment son rapport à l’amour – et donc au sexe.

Il semblerait que ce récit soit en partie autobiographique et en même temps « autofictionnel » (c’est marrant, je trouve, ce mot, pour dire que les chose sont un peu romancées, et que c’est aussi son propre « film » intérieur qu’il raconte). Ça s’est surtout vendu à plus d’un million d’exemplaire et c’est ce qui m’a poussé à aller voir de quoi il en retournait… En plus le titre comme le nom de l’auteur avaient quelque chose d’intrigant et presqu’attirant… L’expression qui me venait c’est : « étrangeté originale » de ce nom…

Quoi qu’il en soit, ce succès est sans doute dû en partie au fait que ce jeune auteur est un chroniqueur télé visiblement assez connu, qui a travaillé aux côtés de Yann Barthès (mais moi je ne connaissais pas) ; humoriste aussi, on le voit également dans quelques films ou séries dont il est d’ailleurs co-auteur et co-réalisateur de l’une ou l’autre (ça non plus je ne le savais pas, je l’ai lu dans la notice de début de livre).

Voilà… à lire ou pas pas, je ne sais, mais c’est intéressant comme expérience, comme « plongée » au cœur ou aux côtés de cette jeunesse-là…

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Panayotis Pascot, La prochaine fois que tu mordras la poussière, Le Livre de Poche, août 2024 (Stock 2023), 213 pages, 7€90.

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