29 Octobre 2024
J’aurai aimé cette lecture, qui m’aura laissé par moments un peu étonné aussi : le style, la mise en récit, certains souvenirs qui semblent par moments presqu’un peu anecdotiques, d’autres qui semblent parfois relever de la méditation philosophique tels une parole de sagesse. Mais tout en douceur et délicatesse. Une invitation à la contemplation.
Il y a cette montagne que cet homme regarde. Cette montagne à laquelle sa vie est liée et qui se tient là devant lui. Elle semble une parabole de sa vie, de toute vie, avec ses ascensions, la beauté de certains paysages, l’âpreté aussi de certains passages rocheux. Il se tient là et il la regarde.
Lui est en fin de vie, semble-t-il, en tout cas malade et même paralysé. Mais la vie est là en lui, qui se dit et se fraie un passage au fil des souvenirs et de cette contemplation. Et ci et là on peut glaner telle ou telle petite réflexion méditative qui va pouvoir nourrir peut-être notre propre marche, nos propres ascensions ou questionnements – moi en tout cas, un peu, et notamment quant à la maladie, le chemin qui se poursuit et la vie qui est là.
Ce livre a quelque chose de tellement original, un peu déplaçant, poétique et contemplatif mais aussi un peu confus par moments – mais comme peuvent l’être parfois nos souvenirs qui peuvent se bousculer en nous, non ?
Notre homme se parle à lui-même et son récit se déroule en 12 jours plus un dernier. 12 jours où quelques souvenirs et réflexions sont partagés pour chacun d’eux, en de très courts chapitres qui parlent de montagne, d’enfance, de liens familiaux, un peu de foi et d’amour, de désir, et de la vie, aussi, celle qui fut comme celle qui est là, toujours, et qui traverse notre narrateur. À la fin de chaque petit chapitre on reste comme suspendu à ce qui a pu vouloir se dire et ce qui va ensuite se raconter – expérience un peu étonnante…
En tout cas la montagne est belle. Cette vie l’aura été aussi. N’y a-t-il donc pas alors et ici de quoi rendre grâce ? Louange et contemplation…
« (…) plus tu regardes la montagne, plus tu sens qu’un fragment de souvenir, une pensée minime, un grain d’imagination suffisent à déplacer toute la vallée et soulever la terre. (…) Quand tu te remémores tout cela lentement, plongeant loin dans tes pensées, c’est plus qu’un souvenir, plus que revivre, c’est vivre pleinement. Comme de refaire la route que tu ne connaissais pas et trouver la source qui te permet de boire » (p. 98-99)…
———————
Massimo Calvi, L’homme qui regardait la montagne, Bayard, coll. littérature intérieure, septembre 2024, 179 pages (petit format), 16€.